Référendum sur les retraites : va-t-il être lancé ?

Référendum sur les retraites : va-t-il être lancé ? Ce lundi est discuté à l'Assemblée nationale un texte visant à organiser un référendum sur la question de la réforme des retraites. Cela a-t-il une chance d'aboutir ?

C'est parti à l'Assemblée nationale pour les joutes parlementaires sur la réforme des retraites ! Ce lundi 6 février 2023, le projet de loi on ne peut plus brulant commence à être examiné au palais Bourbon. Les débats s'annoncent enflammés, d'autant plus au regard de la contestation sociale qui sévit dans la rue depuis la mi-janvier. Mais avant d'échanger et de voter sur le report de l'âge minimum de départ à la retraite à 64 ans, un autre débat aura lieu : celui de savoir si le texte doit être voté par le Parlement ou les Français directement. En d'autres termes, un vote qui pourrait permettre de lancer un référendum sur la question. Cette "motion référendaire", présentée par le RN, doit obtenir une majorité de voix pour entamer le long processus vers l'éventuel référendum.

Si l'option reste très hypothétique (lire plus bas), elle répondrait toutefois à une demande d'une majorité de Français qui souhaitent trancher la question de la réforme des retraites par un référendum. C'est ce qui est ressorti d'une enquête menée par l'institut CSA et publiée le 1er février. Réalisée pour CNews, elle indique que 69% des interrogés souhaitent un référendum sur la question, plus particulièrement les moins de 35 ans (77%) par rapport aux plus de 50 ans (63%). Tant chez les partisans de la Nupes que de l'extrême-droite, la volonté de se rendre aux urnes est forte (77%). Seuls les Macronistes et électeurs de LR sont moins enclins à un tel dispositif (45%).

Qui va voter le texte ?

Pour franchir la première étape, la motion référendaire doit recueillir une majorité de votes. Or, cela s'annonce compliqué à première vue. D'abord car une large partie des 250 députés de la majorité présidentielle vont s'y opposer, tout comme des 61 élus LR. Mais tous pourraient ne pas être présents en séance et donc laisser un espoir au RN de voir le texte passer.

Cependant, ses seules 88 voix ne suffiront pas. C'est donc la gauche qui détient les clés du succès, ou non, de cette proposition. Opposée à la réforme des retraites, va-t-elle s'allier à l'extrême-droite ? Cela semble irréaliste. D'abord car la Nupes n'a pas pour habitude de voter les textes du RN. Par ailleurs, l'union de la gauche avait elle aussi déposé une motion référendaire sur le sujet. Or, c'est celle du RN qui a été choisie, par tirage au sort. Ce qui a suscité l'ire de la Nupes, le procédé n'ayant jamais été vu jusqu'alors.

Le groupe écologiste (22 députés), ainsi que les socialistes (27), ont d'ores et déjà annoncé qu'ils n'iraient pas dans le sens du parti de Marine Le Pen, question d'opposition farouche à tout ce qui est porté par ce groupe parlementaire. LFI (74) et les communistes (22) réfléchissent toujours, mais cela apparait trop léger, même dans l'hypothétique union LFI-RN.

Macron dernier décisionnaire

Si un concours de circonstance permettait de faire passer la motion référendaire à l'Assemblée, cette dernière serait ensuite transmise au Sénat qui devrait à son tour émettre un avis dans un délai de 30 jours. Mais avec une chambre haute dominée par LR, difficile de croire à l'aboutissement de la procédure. Si elle venait à être votée, la proposition de référendum serait alors transmise au président de la République. Mais il resterait tout à fait libre de son choix. Dans le cas d'une motion référendaire, le travail et le vote parlementaire n'entérine pas définitivement le choix des élus : c'est à Emmanuel Macron que reviendrait le dernier mot. A lui alors de décider s'il souhaite, ou non, convoquer les Français aux urnes sur ce sujet.