Avec la modification des tarifs pour le transport sanitaire, les taxis vont-ils vraiment perdre de l'argent ?
La colère ne retombe pas. Ce vendredi 23 mai marque le cinquième jour de la mobilisation des taxis contre la modification des tarifs appliqués pour le transport sanitaire des malades à partir du 1er octobre prochain. Elle prévoit l'élargissement du transport partagé, avec plusieurs patients à bord des véhicules. Le but étant de limiter la hausse des dépenses pour la Sécurité sociale (+45 % depuis 2019, pour atteindre 6,74 milliards d'euros en 2024). Une réunion interministérielle sur le sujet est justement prévue samedi, en présence du Premier ministre François Bayrou. Une demande formulée depuis le début de la semaine par l'Union nationale des taxis.
Dans le détail, les nouvelles règles prévoient un tarif national unique de prise en charge (13 euros), un tarif kilométrique par département, avec des majorations (30 euros pour la prise en charge de personnes à mobilité réduite, 15 euros pour prendre en compte les bouchons au départ ou à l'arrivée des grandes villes). Sans oublier l'arrêt du conventionnement automatique au bout de trois ans d'activité dans les zones sur-dotées. Des mesures inaudibles pour Rachid Boudjema, le président de l'Union nationale des taxis. "Si nous n'avons pas du concret samedi, on est partis pour durer", confie-t-il auprès de France Bleu.
Une "très grande majorité" de professionnels gagnants, selon l'Assurance maladie
Alors que la mobilisation se durcit et se poursuit en cette fin de semaine, le Directeur général de l'Assurance maladie a pris la parole dans les colonnes du Parisien pour tenter d'éteindre l'incendie et s'expliquer face à la gronde du secteur. Il l'assure, la nouvelle tarification sera profitable à une "très grande majorité" des professionnels. L'évolution du modèle tarifaire "génère des inquiétudes, c'est normal", tempère-t-il. Pour autant, "la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s'appuie sur une logique de transporter davantage de patients", avec notamment "moins de retours à vide", et "plus de transports partagé", poursuit Thomas Fatôme.
Toujours pour le quotidien francilien, il prend un exemple concret : "Aujourd'hui, le forfait de prise en charge est différent d'un département à l'autre et dans certains, il n'y en a même pas. Demain, il sera porté à 13 euros partout et même à 28 euros dans les grandes villes pour tenir compte de la perte de temps dans les bouchons", explique-t-il. Il est vrai que les trajets vers les hôpitaux ou des établissements médicaux représentent une part importante du chiffre d'affaires des taxis. Pour Thomas Fatôme, l'objectif est d'organiser "mieux le transport sanitaire pour que la dépense soit soutenable". À l'avenir, transporter deux patients au lieu d'un sera "moins coûteux pour l'Assurance maladie sans enlever d'argent aux taxis". Ce dernier indique également que sa "porte reste ouverte", quant à une éventuelle révision du projet.