Pour améliorer le sommeil des Français, le gouvernement a une idée : dormir pendant le travail !
Les Français dorment de moins en moins, et surtout de moins en moins bien. Selon le ministère de la Santé, plusieurs études ont montré que le sommeil des Français avait diminué de 1h30 en 50 ans et presque 50% se plaignent d'avoir un sommeil de mauvaise qualité. Face à ce constat alarmant, le ministre de la Santé Yannick Neuder s'est dit, ce mardi 22 juillet, "très favorable à la sieste d'une façon général", y compris "dans le milieu professionnel ou à l'école", rapporte BFMTV.
Une déclaration qui s'inscrit dans le cadre de la nouvelle "feuille de route interministérielle pour un sommeil de qualité", présentée mardi devant la presse. En moyenne, un adulte dort sept heures par nuit, mais un Français sur cinq dort moins de six heures. Le constat est tout aussi préoccupant chez les plus jeunes : 30% des enfants et 70% des adolescents manquent de sommeil. Un déficit qui peut s'expliquer par plusieurs facteurs, notamment la surexposition aux écrans, l'augmentation du temps de trajet domicile travail ou encore des horaires de travail décalés (matin ou soir).
Le manque de sommeil n'est pas sans conséquence puisque la privation de sommeil favorise le stress ou la dépression, mais aussi l'obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires, selon le ministère de la santé. "Il faut faire en sorte qu'il puisse y avoir ces temps de repos pour l'enfance, car ils sont extrêmement importants, et c'est valable aussi au niveau des entreprises", a estimé Yannick Neuder.
Des espaces de repos pour faire des siestes
Car une sieste, même courte, reste bénéfique pour la santé, selon les spécialistes. "En santé mentale ou en santé cardio-vasculaire, on a montré que la sieste le week-end, quand on est trop privé de sommeil, est un 'moindre mal', qui permet de régénérer son organisme et d'être en meilleure santé", selon Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre et spécialiste du sommeil interviewé par Midi Libre.
Même si elle ne compense pas totalement le manque de sommeil nocturne, la sieste favorise la concentration et limite la somnolence. Elle pourrait donc trouver sa place dans les écoles ou les entreprises, où l'interruption systématique des employés (toutes les deux minutes selon une étude de Microsoft) ferait perdre en moyenne "deux à trois heures par jour", selon The Harvard Gazette, entrainant des "baisses de productivité importantes".
Dans le monde du travail, "il n'y aura pas de recommandation proprement dite du ministère de la Santé vis-à-vis des employeurs" a indiqué le ministre de la Santé. "Mais on peut dire que dans la mesure du possible", il est souhaitable "d'aménager comme beaucoup d'entreprises le font déjà spontanément des espaces de pause, des espaces calmes qui permettent aux salariés de faire des micro-siestes", a-t-il déclaré.
Encore faut-il dépasser le tabou de la sieste au travail, selon Olivier Cros, directeur en stratégie des environnements de travail au sein du cabinet de conseil en immobilier CBRE. "Il suffit que l'un fasse un jour une remarque à un collaborateur qui en reviendrait, comme 'c'est bon, tu as bien roupillé ?', pour que les salariés ne s'autorisent plus à y aller, de peur que ce soit vu d'un mauvais oeil" a-t-il déclaré en 2023 au journal Les Echos.
Sensibiliser les professionnels et la population
"Il ne s'agit pas d'imposer des mesures qui seraient irréalisables dans certaines entreprises, mais je crois que dans le cadre de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), du bien-être au travail, beaucoup d'entreprises ont déjà réfléchi à ces questions-là et le proposent", a-t-il encore indiqué.
Outre l'incitation à la sieste, la feuille de route prévoit de renforcer les efforts de sensibilisation autour d'un bon sommeil, via des campagnes publiques, le site mangerbouger.fr, ou l'application Jardin Mental, développée par le ministère de la Santé. L'accent sera également mis sur la sensibilisation auprès des professionnels de l'enfance et du monde du travail. Des outils et des formations permettront aux professionnels de mieux repérer les troubles du sommeil au sein de la population.
Enfin, le développement du label "Quiet" permettra de signaler des lieux (établissements scolaires, bibliothèques, entreprise, commerce, restaurant…) "favorisant le bien-être, le délassement, voire la sieste". Un nouveau texte est en préparation pour encadrer l'organisation des siestes à l'école maternelle.