Epargnants, vos placements sont-ils touchés par le scandale Madoff ?

La fraude du financier américain a fait perdre des millions aux particuliers français, selon l'autorité des marchés financiers. Voici comment savoir si vous êtes concernés.

40 millions d'euros. C'est le montant épargné par les Français dans les organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM) qui serait impacté dans l'escroquerie organisée par le financier américain Madoff. Les OPCVM sont des produits d'épargne collective investis en actions ou obligations gérés par une institution financière. Ce chiffre de 40 millions d'euros a été annoncé par l'Autorité des marchés financiers (AMF). Au fur et à mesure de ses investigations, cette dernière est parvenue à déterminer que l'exposition des fonds français à l'affaire Madoff avoisinerait les 500 millions d'euros sur les 35 milliards d'euros (50 milliards de dollars) que représente la fraude. Et ce sont majoritairement des entreprises, des administrations publiques, des collectivités locales et des clients aisés qui seraient directement concernés par les pertes.

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Madeleine Guidoni, médiateur de l'Autorité des marchés financiers. © L'Internaute / Cécile Debise

L'AMF n'a pas révélé les OPCVM de droit français ayant délégué la gestion de ses actifs à M.Madoff. Mais, elle estime que plusieurs dizaines de fonds français, appartenant à des sociétés de gestion de tous types et à de riches investisseurs particuliers, ont investi dans des fonds européens susceptibles d'avoir été exposés.

Les banques françaises sont elles aussi touchées. La Société générale serait exposée pour moins de 10 millions d'euros, contre 350 millions pour BNP Paribas et 450 millions pour Natixis. Axa, Groupama, Dexia, Crédit Mutuel-CIC, Crédit Agricole, HSBC, Fortis, Neuflize OBC (pour les banques), Allianz Alternative AM, CPR AM, Marignan Gestion, Meeschaert AM, Oddo AM, OFI, Quilvest Copagest Finance, Rothschild & Cie Gestion, SPGP, UBP, VP Finance (pour les sociétés de gestion de fonds) et des sociétés de conseillers en gestion de patrimoine indépendants figurent également sur la liste des victimes.

Devoir d'information

Compte tenu de ces circonstances, l'AMF a décidé de publier une recommandation destinées aux sociétés de gestion pour les guider dans l'évaluation de l'impact de l'affaire Madoff et la valorisation de ses actifs, mais aussi les règles d'information auprès des épargnants. Ainsi elle les invite de nouveau à "informer les épargnants sans délai de leurs décisions" et rappelle que celles-ci doivent "être guidées par l'intérêt exclusif des porteurs de parts en veillant à leur bonne information et dans le respect du principe d'égalité de traitement ".

Aussi, si vous avez investi une partie de votre épargne dans des OPCVM, nous vous invitons à solliciter des explications auprès de votre gestionnaire. Commencez par vous rendre sur son site Internet pour voir si un message d'information est disponible. A défaut, envoyez une demande d'information par email. Vous pouvez aussi téléphoner ou demander un entretien avec votre banquier par l'intermédiaire duquel vous avez investi. Si vous ne parvenez pas à obtenir des renseignements malgré toutes ces étapes, vous pouvez saisir le médiateur de l'Autorité des marchés financiers.

Des poursuites en Justice

Si vous apprenez qu'effectivement une partie de vos placements est concernée, vous n'avez peut-être pas tout perdu. En effet, les distributeurs des fonds concernés semblent vouloir attaquer les intermédiaires, et pas seulement l'auteur de l'escroquerie. Ainsi, une attaque en justice collective s'organise à l'encontre du groupe suisse UBS. Ce dernier a servi d'intermédiaire en proposant une exposition sur les fonds "Madoff" au-travers de les Sicav de droit luxembourgeois Luxalpha American Selection et Luxinvest US Equity. Quand au gendarme américain, il a gelé tous les actifs de Madoff. Ce dernier a d'ailleur été mis sous les verrous pour ne pas avoir respecté cette règle. Il était parvenu à dilapider plus d'un million de dollars.