Avez-vous été piégé par la dette grecque dans votre contrat d'assurance-vie ? Quel est le poids de la dette grecque dans les fonds euros ?

Autant l'impact de la décote de la dette grecque, qui revient à diviser par deux le montant dû par le pays berceau de la civilisation européenne, est élevé dans les médias, marque l'esprit des gens et va peser sur les comptes du secteur financier et l'économie de manière générale, autant l'épargne investie dans un contrat d'assurance-vie en fonds euros ne va voir passer qu'un léger grain.

Les assureurs se disent peu exposés aux dettes souveraines non françaises.

En effet, dans le cas de la Grèce, c'est un mauvais exemple pour démontrer que les assureurs et les banques ont pris des risques démesurés dans le cadre de la gestion des fonds euros. "Notre exposition à la dette souveraine grecque est inférieure à 0,1 % dans le portefeuille Euro d'AFER, rassure l'assureur AVIVA qui gère le contrat d'assurance de l'association d'épargnants. Les efforts demandés au privé n'impactent pas jusqu'à présent les obligations que nous avions en portefeuille, leurs maturités étant trop lointaines. Dans l'éventualité d'une restructuration touchant les titres en portefeuille, les opérations menées en 2010 permettraient de n'avoir qu'un impact faible sur le taux AFER."

Crédit agricole et Groupama seraient les plus exposés

Si le montant de 100 milliards de décote porte sur les obligations dont l'échéance ne dépasse pas 2020, la Grèce ne pèse pas lourd dans les fonds euros présents sur les contrats d'assurance-vie quelles que soient les compagnies d'assurance : moins de 3 % des sommes collectées, avec une majorité d'acteurs pour lesquels le poids réel se situe entre 0,05 et 0,60 %. La compagnie d'assurance la plus exposée semble être Prédica, filiale du Crédit agricole assurances : "L'exposition aux dettes souveraines représente une partie minoritaire du portefeuille de Prédica, indique le mail de la direction de la communication en réponse aux questions que nous lui avons adressées. En ce qui concerne plus particulièrement la Grèce, le portefeuille de Predica s'élève à 4,1 milliards d'euros soit 2,2 % du portefeuille global", qui pèse 191 milliards d'euros. Il y a aussi Groupama, mais là peu d'informations sont livrées pour connaître l'impact sur les rendements des assurances-vie.

les montants placés dans la dette grecque pèsent moins de 3 % des actifs
Les montants placés dans la dette grecque pèsent moins de 3 % des actifs collectés par les assurances-vie. © Giordano Aita - Fotolia

Bref, la perte occasionnée par l'effacement de la dette grecque peut être vue comme "anecdotique" pour chaque titulaire d'un contrat d'assurance-vie. "Le niveau d'exposition insignifiant, qui illustre la prudence de la gestion financière à moyen long terme, n'est pas de nature à remettre en question la solidité du support Sécurité en Euros ni à impacter nos assurés", tient à préciser un porte-parole de SOGECAP, filiale de la Société générale qui gère les contrats d'assurance-vie.

Une perte de quelques euros pour votre contrat d'assurance-vie

Pour 100 euros placés, si le rendement devait être de 3,50 euros, il serait au pire de 3,40 ou 3,25 euros selon le poids de l'engagement dans la dette grecque et les modalités de répercussion du manque à gagner avec l'effacement de la dette grecque. Attention, cet exemple est une illustration de l'impact. Dans les faits, les taux garantis pour 2011 seront tenus. Une baisse n'est pas à exclure pour les taux proposés en 2012.

Si les emprunts obligataires pris en compte dans la décote et la rénégociation à la baisse des taux d'intérêt ont une échéance à 2025, voire 2030 ou 2040, les assureurs seront moins sereins car ces dernières années, ils ont beaucoup souscrit et dans des proportions bien supérieures à celles qui les exposent peu si c'est le cadre de la négociation de juillet 2011 qui est appliqué. Là, le projet de décote était de 21 %.

Les assureurs défendent une gestion diversifiée et prudente.

A vrai dire, les assureurs ont déjà eu à essuyer des pertes de même ampleur ou plus importantes mais leurs assurés n'en ont jamais rien su. Là, l'exposition médiatique change la donne. Si on élargit aux pays européens pointés du doigt pour leur fort endettement, l'Italie, l'Espagne, le Portugal ou l'Irlande, là les expositions sont plus élevées mais l'ensemble pèse moins de 6 %. "Les compagnies d'assurance sont plus orientées vers la dette de la France", rappelle Hervé Tisserand, directeur général du courtier en assurance-vie Altaprofits.

Comprendre : le vrai risque pour les fonds euros détenus par les Français ce n'est pas la Grèce mais la France... A la Macif ou à la Société générale, on met en avant la bonne qualité des émetteurs d'obligations. "83 % sont notés AAA ou AA" souligne la banque aux bandes rouge et noir. "Moins de 10 % de nos actifs ne sont pas notés en A et cela ne fait que deux ans que nous nous intéressons à la classe BBB, indique Gisèle Cuniot, directrice du pilotage des risques actuariels, juridiques et financiers de Mutavie, filiale spécialisée dans l'épargne assurance-vie de la Macif. Ce qui montre notre démarche très prudente"