Placer ses économies dans la musique : un pari rentable ?

Placer ses économies dans la musique : un pari rentable ? Les plateformes communautaires permettant de soutenir financières des musiciens se sont largement développées ces dernières années. Pour autant, elles ne représentent pas une véritable opportunité de gain pour les apprentis producteurs.

Internet bouge toutes les lignes, y compris sur la manière de placer ses économies. Vous n'aviez peut-être même pas imaginé l'une d'entre elles : devenir producteur de musique. Vous lisez bien ! Des sites web vous proposent de participer au financement d'artistes et récolter les fruits d'un éventuel succès. Akamusic, mymajorcompany, producemylive... Quel que soit le site, vous n'investissez pas à l'aveugle : vous écoutez en streaming les morceaux de chanteurs et musiciens en devenir. Si vous êtes séduit et que vous croyez aux chances de réussite, libre à vous de miser quelques euros ou plus sur l'artiste en question.

Vous touchez de l'argent uniquement sur les recettes réalisées sur les ventes

Il s'agit d'un investissement plutôt accessible puisqu'il nécessite au minimum que quelques euros : 5 euros pour Akamusic, 10 euros chez mymajorcompany, et producemylive. L'objectif est de réunir une somme qui permettra à l'artiste de produire et lancer son album. Là encore, c'est transparent. Les sites précisent à l'avance le montant maximum à récolter. A titre d'exemple, ce montant est fixé à 100 000 euros chez Mymajorcompany et 80 000 euros chez Akamusic. La collecte dure jusqu'à ce que cette somme soit réunie. Pour éviter que l'attente soit pénalisante pour les premiers souscripteurs, tant que ce seuil n'est pas atteint, il est possible de transférer votre investissement sur un autre artiste qui lui s'approche plus rapidement du seuil en question. Reste à être convaincu de son succès.

Une rentabilité limitée et hypothétique

L'expérience des trois années qui viennent de s'écouler montre que la rentabilité est plutôt rare. Un internaute-producteur touche de l'argent uniquement sur les recettes réalisées sur les ventes. Or il s'avère que peu d'artistes sont produits. Et même s'ils arrivent à rassembler les fonds nécessaire pour financer l'album, encore faut-il que le succès soit au rendez-vous et que les gains couvrent au moins les sommes investies. Certes il y a les exemples de Grégoire et son célèbre " toi + moi " ou de Joyce Jonathan, issus du label Mymajorcompany. Ces artistes ont permis à ceux qui avaient flairé le bon coup de récupérer jusqu'à dix fois leur mise mais ils font figure d'exception.

L'internaute n'a pas forcément l'œil d'un vrai producteur pour repérer un talent

Dans la majorité des cas, il faut donc voir cette activité de producteur comme un soutien financier désintéressé à des musiciens, qui selon vous le méritent, plus qu'à une manière faire fructifier vos économies. En plus de la difficulté pour un musicien de sortir du lot, il faut aussi prendre en compte le fait que les artistes sont sélectionnés par des internautes dont ce n'est pas le métier et qui n'ont pas forcément " l'oreille " pour repérer LA chanson qui va plaire au plus grand nombre. Ce qui renforce le côté aléatoire du succès.

Pas d'avantage fiscal

Si malgré tout vous parvenez à générer quelques revenus, sachez qu'ils seront évidemment taxés comme n'importe quel revenu, et que le régime d'imposition appliqué sera celui des bénéfices non commerciaux : le bénéfice est évalué par l'administration fiscale et correspond à 66 % des recettes. La somme obtenue doit être intégré à vos revenus soumis à l'impôt sur le revenu. Et bien que votre investissement puisse avoir un caractère philanthropique, il n'existe pas de régime fiscal équivalent à celui des Sofica pour le cinéma ou encore celui d'un un FIP ou d'un FCPI, au grand regret des responsables de labels communautaires qui aimeraient attirer de nouveaux investisseurs...