Désormais, les "gros" montages financiers font peur

L’appétence au risque, que l’on peut satisfaire avec des produits financiers à forte volatilité, est au plus bas. L’enrichissement à court terme et son corollaire, l’aléa de perte en capital ne fait plus rêver.

Big was beautiful
« Pendant longtemps l'étalon de la réussite a été le XXL... La notoriété d'un édifice immobilier ne consistait qu'en sa démesure, il fallait qu'il soit reconnu comme le plus haut du monde... Les voitures américaines jusqu'à la fin des années 70 ne « produisaient » leur réputation qu'à l'aune de leur gigantisme....
Jusqu'à la fin du XXème siècle, les entreprises, quelle que soit leur nationalité, ne recevaient de considération que si elles pouvaient être qualifiées de multinationales, les studios de cinéma n'avaient de noblesse, à l'instar d'Hollywood, que s’ils « super produisaient »...
L’Europe ne savait plus se rêver que de l’Atlantique à l’Oural. Les avenues devaient être énormes, tout devait être « BIG »… Car « BIG WAS BEAUTIFUL… ».
Les Cheeseburgers, les bodybuilders, le nombre de salariés d'une entreprise, les salaires des tops managers, les yachts...... BIG WAS BEAUTIFUL… telle était la règle, tel était le principe, telle était la norme!!!

Une logique qui s'inverse
Aujourd’hui, la roue de l'histoire a tourné, poussée par les crises, entrainée par la réalité des besoins fondamentaux, aspirée par le principe de réalité. Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, tout être humain normalement constitué n'a qu'une seule bouche, et le temps d'une vie ne peut suffire à consommer "ces gigantismes" que les temps précédents nous conduisaient à produire.

Le mouvement s’inverse, la logique se renverse, les paradigmes sont transfigurés… Il faut d’abord être heureux, d’abord comprendre ses besoins, comprendre ses rêves et comprendre le sens de sa vie. Il n’est plus utopique de rêver d’un développement durable, et celui-ci n’a aucune obligation d’être BIG, pour être BEAUTIFUL.

Le retour à une forme de sagesse et de sécurité
Votre serviteur n'a nullement la prétention ni la sensibilité propre à proposer ici ou ailleurs un essai sur une forme quelconque de collectivisme, de décroissance ou de SWADESHI que Gandhi recommandait pour résoudre les problèmes de dépendance à la consommation......En effet, le mahatma préconisait le SWADESHI, philosophie d’essence bouddhiste qui consiste à réduire ses besoins pour aller à l’essentiel et au vital afin de se retrouver… On peut considérer cette réflexion comme un peu éthérée, vaporeuse et déconnectée de la réalité patrimoniale qui constitue notre mission. Mais force est de reconnaître, à l'aune de la gestion de patrimoine, comme dans beaucoup d'autres secteurs d’activité, que la pente est au retour à une forme de « normalité » plus « SMALL », plus « SOFT »…
Ceci explique pourquoi, l’appétence au risque, que l’on peut satisfaire avec des produits financiers à forte volatilité, est au plus bas. L’enrichissement à court terme et son corollaire, l’aléa de perte en capital ne fait plus rêver…

A contrario, la recherche de la sécurité et du vrai, que l’on peut combler avec des biens de nature immobilière, est toujours très demandée pourvu que le pouvoir d’achat en permette l’acquisition. Les « gros » montages financiers font peur désormais, les épargnants et les investisseurs leur préfèrent les schémas simples compréhensibles, avec, bien sûr, une perspective de plus-value, mais la perspective de revenus futurs est aujourd’hui la première ambition… Nous pourrions prolonger aisément cette analyse en regardant de très près l’allocation d’actifs des portefeuilles composant les produits d’assurance vie et nous observerions la même logique : l’abandon du risque et des perspectives d’enrichissement rapide, au profit d’une recherche sécuritaire et de rendements « normaux ».
Une révolution de plus s'est produite dans notre monde insoumis qui additionne les printemps... Nous nous sommes finalement réveillés avec des codes périmés, ceux d'hier ne fonctionnent plus... Volume et quantité faisaient force de loi… La formule était simple : BIG WAS BEAUTIFUL !!!
D
ans le monde qui s'écrit, la réalité tient en deux mots : "échelle humaine". Aujourd'hui l'on peut presque affirmer que "SOFT AND SMALL ARE BEAUTIFUL", sans que cet axiome, cette forme de sagesse, ne disqualifie le désir ou l'ambition qui demeurent, sauf preuves contraires, les ressorts les plus solides du développement social et économique.