Une nouvelle réforme de la retraite ? Quelle réforme ?
La Conseil d'orientation des retraites (COR), véritable juge de paix sur la question au-delà des clivages politiques, vient de publier des estimations des plus inquiétantes. D'après ses derniers calculs, le déficit du système de retraites français, déjà évalué à 14 milliards d'euros l'an dernier, devrait atteindre entre 20,1 et 24,9 milliards d'euros d'ici 2020. Un constat qui permet de tirer plusieurs conclusions. D'abord, la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy et d'Eric Woerth en 2010, abrogée en partie par François Hollande (voir ci-dessous), est insuffisante car elle se basait sur des perspectives de croissance trop optimistes. Avec la montée du chômage, le nombre d'actifs cotisants ne cesse de décroître tandis que celui des retraités augmente, le tout avec une croissance nulle voire négative annoncée dans les prochains mois. Enfin - et c'est le constat le plus marquant -, ces chiffres montrent la nécessité voire l'urgence de procéder à une nouvelle réforme. Mais quelle réforme ?
Report de l'âge légal de départ, augmentation des cotisations, réduction des pensions... Les leviers d'action restent toujours les mêmes et se concrétisent dans tous les cas par un effort d'un grand nombre de Français. Selon le COR, en optant sur le seul recul de l'âge légal, il faudrait repousser de 6 mois le départ en retraite pour arriver à l'équilibre en 2020. C'est bien ce scénario qui semble aujourd'hui le plus probable, les deux autres options rognant fatalement le pouvoir d'achat des ménages ou des retraités : concernant les prélèvements, il faudrait consentir en effet à une hausse de 1,1 point. Enfin, si le législateur veut opter pour une baisse des pensions, celle-ci devra atteindre -5 % d'évolution entre les pensions moyennes et les revenus moyens. Rien ne l'empêche cependant de jouer sur les trois tableaux pour atténuer les effets de la réforme. Un équilibre qui restera difficile à trouver.
François Hollande a promis le lancement à la mi-2013 d'une nouvelle réforme des retraites.
EN VIDEO - La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a expliqué dès le 6 juin à la presse que le dispositif sur le retour partiel de la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler à 18 et 19 ans était une mesure "nécessaire" pour "corriger une injustice" instaurée par la réforme de 2010.