Ponts en France : faut-il s'inquiéter ? La liste des ponts dangereux

Ponts en France : faut-il s'inquiéter ? La liste des ponts dangereux PONTS EN FRANCE - 23 ponts en France nécessitaient des travaux urgents en 2018. Voici la liste des ponts dangereux, après l'effondrement d'un pont suspendu en novembre 2019.

[Mis à jour le 18 novembre 2019 à 12h22] Un pont métallique suspendu entre Mirepoix-sur-Tarn et Bessières (à proximité de Toulouse) s'est effondré lundi 18 novembre 2019. A l'heure où nous écrivons ces lignes, une adolescente a trouvé la mort dans cet accident (voir notre direct sur le sujet). Rassurez-vous : cet effondrement d'un pont en France n'a rien à voir avec l'effondrement du pont Morandi, à Gênes, qui a eu lieu en août 2018. Rénové en 2003, le pont suspendu qui reliait les deux rives du Tarn s'est a priori effondré après le passage d'un camion dont le tonnage était supérieur à la limitation indiquée pour emprunter l'ouvrage.

Reste que des ponts dangereux existent bel et bien en France : une liste avait d'ailleurs été publiée à l'époque où le pont de Gênes s'était effondré. Et selon nos confrères de L'Express, un rapport sénatorial remis au mois de juin indique "qu'au moins 25 000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité pour les passagers". Un bilan que les sénateurs expliqueraient par "un sous-investissement chronique dans l'entretien du patrimoine" Retrouvez ci-dessous la liste des ponts les plus dangereux en France, ainsi que notre dossier en images.

La liste des ponts dangereux

D'après un rapport publié le 26 septembre 2018 par le ministère des Transports, 23 ponts en France ont besoin de travaux. Sur certains d'entre eux, les travaux ont même déjà commencé. Pour d'autres, ils ne doivent pas nécessairement être réalisés en urgence, mais des ouvrages devraient être réparés dans les prochaines années. Plusieurs grands axes sont concernés, en particulier les autoroutes A9 et A7. On trouve aussi des axes moins importants, voire des routes faisant partie d'agglomérations (par exemple la RN814 sur le boulevard périphérique de Caen, dans le Calvados, où l'on trouve le viaduc de Calix). D'autres sont déjà en travaux, comme le viaduc de Guerville sur l'A13. Voici les 23 ponts les plus dangereux selon l'étude publiée par le gouvernement :

  • Viaduc d'Echinghen (A16) : structure gravement altérée, en travaux actuellement
  • Viaduc de Caronte (A55) : structure gravement altérée, en travaux actuellement. Le pont, situé à Martigues (Bouches-du-Rhône), est même officieusement sorti de cette liste de ponts dangereux, mais "il faudra une nouvelle inspection pour confirmer cette amélioration", indique France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur.
  • Viaduc du Scardon (A16) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc du Layon (A87) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc du boulevard national à Marseille (A7) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc du boulevard de Strasbourg à Marseille (A7) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc des Pox (A9) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de Quehen (A16) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de l'Oise (A26) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de la Violette (A75) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de la Somme (A1) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de Guerville (A13) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de la Bresle (A29) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de l'Arrêt-Darré (A64) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de Calix (RN814) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de Noisy-le-Sec/Bondy (A3) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Viaduc de Calcine (A9) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Rivière Le Gardon (A9) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Riv La Durance (A7) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • RV7 sur l'Orne, à Rombas (RN52) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Pont sur la Seine, et viaduc de Saint-Cloud (A13) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Fleuve le Rhône, portion 1 (A7N) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence
  • Fleuve le Rhône, portion 2 (A7N) : structure altérée, nécessite des travaux de réparation sans caractère d'urgence

Ponts en mauvais état : quelles mesures ?

Le gouvernement avait fait un pas à la fin du mois d'août 2018 en annonçant une hausse du budget annuel consacré à l'entretien du réseau routier. Ce dernier va passer à 850 millions d'euros par an à partir de 2020, puis à 930 millions d'euros par an à partir de 2023. Un rapport publié au mois de juillet 2018 préconisait d'investir plus que prévu maintenant dans l'entretien des routes et des ponts, afin d'éviter des dépenses trop importantes dans le futur pour ramener le réseau à un état convenable. Après la publication de ce rapport qui a dévoilé que 7% des ponts français ont besoin de travaux de réparation urgents, nous nous étions intéressés à l'état des ponts près de chez vous. De l'Île-de-France à la Méditerranée en passant par le Pas-de-Calais et l'Est de la France, nous avons dressé un panorama des ponts les plus à risque. D'autres ponts, mineurs en termes de taille mais chargés d'histoire, ont déjà des antécédents : pour certains, ils se sont effondrés plusieurs fois au cours du siècle dernier. Enfin, nous nous sommes penchés sur la façon dont sont surveillés et entretenus les grands ponts français, comme le viaduc de Millau (Aveyron), long de 2460 mètres, ou encore le pont de Normandie (Seine-Maritime et Calvados), long de 2141 mètres.

Si la ministre chargée des transports a tenu à rassurer les Français en affirmant que l'ensemble des infrastructures du pays faisaient l'objet "d'une surveillance permanente", un rapport publié en juillet 2018 fait état d'un risque important d'effondrement. Si l'on en croit ce document, la France est loin d'être à l'abri d'un drame comme celui qui est survenu à Gênes en Italie le mardi 14 août 2018. En effet, selon l'audit externe demandé par la Direction des infrastructures de transport du ministère à NiBuxw et IMDM, 17 % du réseau routier présente un "état de dégradation plus ou moins important" rappelle le Journal du Dimanche. Par ailleurs, 7% des autres infrastructures (les tunnels et les ponts) "nécessitent des travaux de rénovation" au risque d'éventuels effondrements. Le rapport qualifie ainsi de "préoccupant" l'état des routes en France, et ce alors que le réseau autoroutier s'étend sur 12 000 kilomètres.

Pourquoi des dégradations ?

Dans ce rapport présenté au ministère des transports en juin 2018, on apprend que 30% des 12 000 ponts que compte le réseau routier sont à réparer. Un constat plus qu’alarmant d'autant plus qu'un pont n'est réparé que 22 ans après "l'apparition des premières dégradations". Ainsi, en 2037, on passera à 62% de chaussées "très dégradées". Chaque année, l'état du réseau se détériore : en 2016, 17% des routes nationales étaient endommagées en métropole contre 14% en 2006. Et pour expliquer la dégradation des routes, les experts sont se penchés sur les phénomènes climatiques, à savoir intempéries et hivers rigoureux. Selon le JDD, ceux-ci provoquent "un arrachement des couches superficielles des routes et un trafic élevé avec des pointes de trafic supérieures à 30 000 véhicules par jour sur certaines portions". Le rapport ne s'arrête pas là. "Si les voies ne sont pas réparées à temps, l'eau s'infiltre et attaque la structure de la chaussée", lit-on encore. Et pour entretenir les routes et remettre en état le réseau, le document estime les dépenses annuelles à 1,3 milliard d'euros.

Ponts à risque : la surveillance

La ministre chargée des transports, Elisabeth Borne, l'assure : "L'entretien est notre priorité" et cela "se traduit dès le budget 2018 et ça se traduira pendant plusieurs années". Un plan de "sauvegarde des routes nationales", qui vise à "rénover d'urgence les chaussées et les ouvrages d'art (ponts, tunnels)" va également être lancé. Elisabeth Borne souligne aussi au micro de franceinfo que "les ponts français font l'objet de visites annuelles et de visites plus détaillées tous les trois ans". Rappelons que le 15 mai 2018, le pont de Gennevilliers s'était affaissé, conduisant à la fermeture de l'autoroute A15.