Renault PSA : y a-t-il eu une arnaque aux pièces détachées ?

Renault PSA : y a-t-il eu une arnaque aux pièces détachées ? RENAULT PSA - Selon Mediapart, PSA et Renault auraient artificiellement gonflé les prix de certaines pièces détachées automobiles, s'entendant sur une augmentation de 15% en moyenne. Les deux groupes démentent.

[Mis à jour le 31 mai 2018 à 17h13] Après le Dieselgate né de l'enquête sur la fraude du groupe Volkswagen sur les émissions polluantes de ses véhicules (via un logiciel embarqué truquant les résultats d'émissions lors des tests), se dirige-t-on vers un nouveau scandale dans le monde de l'automobile ? Mediapart révèle ce jeudi que les groupes français PSA (regroupant les marques Peugeot, Citroën et DS) et Renault auraient artificiellement augmenté les prix de certaines pièces détachées automobile. Selon cette enquête menée par un réseau européen de média d'investigation, un logiciel commun aurait été utilisé par les deux entreprises pour augmenter les prix de certaines pièces détachées.

Quelles pièces détachées touchées ?

Il s'agirait de pièces détachées dites "captives", précisément celles dont les constructeurs disposent d'un monopole à la vente. Selon la définition de l'autorité de la concurrence, la commercialisation de ces pièces "est limitée pour des raisons de propriété intellectuelle ou de sécurité des véhicules. Les constructeurs sont donc les seuls à pouvoir commercialiser ce type de pièce, ou, du moins, en contrôlent la commercialisation." Il s'agit principalement de pièces correspondant à des éléments de carrosserie comme les pare-chocs, certaines vitres, les boucliers, calandres ou encore les rétroviseurs.

Quelles augmentations ?

Selon Mediapart, les prix de ces pièces auraient bondi à 15% en moyenne, générant 100 millions d'euros de profits en plus par an dans le monde. Surtout certaines pièces auraient connu des hausses spectaculaires : + 264% par exemple pour une protection de roue (la pièce plastique située au-dessus du passage de roue) d'une Dacia Sandero, "passant de 21 à 76 euros… soit 25 fois plus cher que son prix de revient", écrit Médiapart. Celui-ci est estimé à trois euros. Le site cite aussi +100% pour un rétroviseur de la troisième génération de la Renault Clio. Ce rétroviseur coûterait 10 euros, était déjà revendu huit fois plus cher à 79 euros, avant de voir son prix doubler à 165 euros ces dernières années, une fois la base de données et le logiciel utilisé.

Selon Mediapart, les constructeurs auraient en effet profité d'une large base de données pour augmenter discrètement leurs tarifs, et ce de manière quasi indétectable. Le logiciel aurait eu pour fonctionnement d'augmenter les tarifs d'environ 70% des pièces (souvent les plus vendues, de manière à augmenter sensiblement les marges) mais, dans le même temps, les baissait pour 20% des pièces et ne changeait rien pour les 10% restant. Au vu des volumes concernés (plusieurs "dizaines de milliers de pièces", écrit Mediapart), il était bien difficile de s'y retrouver ou de constater une hausse.

Que risqueraient PSA et Renault ?

Augmenter les prix des pièces détachées n'est bien sûr pas illégal mais Mediapart accuse surtout les deux constructeurs de s'être mis d'accord sur les prix, ce qui est contraire aux règles de la concurrence. L'Autorité de la concurrence n'avait pas donné suite à une procédure menée en 2017, selon Mediapart mais l'instance recommande toutefois depuis 2012 la fin du monopole sur ces pièces détachées dites "captives". Contactés par l'AFP, Renault et PSA n'ont pas réagi. Interrogé par Mediapart, PSA conteste totalement les accusations, que le groupe juge "infondées". Renault assure n'être "engagé dans aucune coordination avec PSA".