Haut de gamme français : mission impossible ?

Français et haut de gamme ? La liste est longue ! Mais la mémoire collective est courte ! Pourtant il est une époque - pas forcément si lointaine - ou l'on enviait la production française (alors que ça fait 30 ans que l'on nous serine que le haut de gamme français est aussi cuit qu'un réacteur de Fukushima).

Dans l'esprit collectif, il semble qu'associer "haut de gamme" et "français" soit aussi incompatible que d'imaginer une colocation entre une poule et un renard...

Actuellement, chez Renault, le haut de gamme se nomme latitude... à ne pas adopter, pourrait-on ajouter. Chez Peugeot, la 607 n'est plus. Paix à son âme. Quant à Citroën, la C6 existe encore un peu (dans les parcs des ministères.) Les DS3 à 5 surfent sur le succès de deux lettres, synonymes d'un vrai haut de gamme à la française...

Parce que le haut de gamme français a bel et bien existé !

Avant guerre, Renault faisait du haut de gamme
(et du haut sur pattes aussi, comme toutes les voitures de l'époque aux roues de 21 pouces et plus). Et l'on y revient finalement. Et Delahaye, Delage, Facel Vega, Hispano-Suiza, Bugatti, Hotchkiss, Salmson (et j'en passe), c'était du low-cost, peut-être ?

Pour revenir à
Citroën, la DS comptait parmi les merveilles automobiles de la planète. En 1955, à sa présentation, les Américains croyaient revoir l'ovni de Roswell... Les Allemands bavaient (la DS aussi d'ailleurs, puisque pendant des années, elle a pollué les routes de France et de Navarre en vomissant ses fluides par tous les pores. Il fallut patienter bien des années avant que le vermifuge qui circulait dans ses boyaux ne soit remplacé par un truc qui tenait mieux au ventre.) Mercedes utilisera d'ailleurs le brevet du quai de javel pour équiper (bien plus tard) sa classe S d'une suspension arrière pneumatique (en option). Même Rolls-Royce (oh my god) osera utiliser le même procédé.

La SM, quant à elle, fit carrément tousser Porsche... Imaginez, un coupé (magnifique) à suspension de DS, et avec un vrai moteur (Maserati). Parce qu'il faut bien reconnaitre, que la DS, elle, n'a jamais eu de moteur (ou presque.) Maserati, oui hein. Donc aux emm.... de l'hydraulique Citroën, vous ajoutez la fiabilité (la quoi ?) d'une mécanique italienne plus capricieuse que Paris Hilton.
Mais la SM emboucanait littéralement toute la concurrence (quelle concurrence au fait ?)

La
Peugeot 604 (ah ça vous fait marrer ?) était considérée comme la Mercedes Française (bon évidemment le moteur V6 Prv....enfin non, rien). Mais cette Peugeot avait de la classe à son époque, une finition loin d'être ridicule. Elle existait en version limousine Heuliez (très prisée par Philippe Bouvard, qui malgré sa petite taille, semblait éprouver le besoin d'allonger ses jambes.)

A la même époque, la CX faisait envie aux Anglais, qui ne juraient pas que par Jaguar
, et considéraient Citroën avec respect. Rover s'inspira de sa ligne pour les SD. La CX n'avait guère plus de moteurs à se mettre sous la dent que la DS, sauf quand elle se mit au diesel. Elle fut d'ailleurs la D la plus rapide du monde en version 2500 turbo...

Et comme un baroud d'honneur, après une longue carrière, la 2500 turbo essence se permettait de tenir tête à une Audi 200 turbo
(et avec un moteur dont la conception remontait aux diligences..)

Bon, je vous épargnerais la Renault 30.... mais vous n'échapperez pas à la 25 ! Son tableau de bord était fabriqué chez Georges Lucas (moi j'aime...) et la version V6 turbo ne faisait pas rire. La finition Baccara achevait le portrait. A l'apogée de sa carrière, chez Renault, on se mit à prendre peur de la.... XM (ah ça vous fait marrer ? comme pour la 604 hein.) Pourtant pendant les 2 premières années de sa commercialisation, le réseau Citroën, n'en revenait pas de reprendre des BMW série 5, et Audi 100, et de vendre autant de XM V6...

Très traditionaliste, Citroën fit en sorte que les pannes (multiples) rappellent la DS de la grande époque, et les clients fuirent comme des antilopes face à un feu de brousse, chez leurs ex-marques de prédilection.

Peugeot fit subir le même sort à sa 605 qui, PSA oblige, partageait son foie, ses reins, et ses poumons avec la XM.

Chez Renault, la safrane se contentait des moteurs à peine revus (et surtout catalysés, au moment où la france n'avait pas anticipé cette castration mécanique) de la R25, en embarquant des (nombreux) kilos supplémentaire.

Ce fut le début de la traversée du désert pour le haut de gamme à la française.

Excepté la catégorie sport qui avait vu naitre une marque : Venturi ! A base d'alpine, cette marque créée par 2 passionnés, aurait dû être encore aujourd'hui, la Ferrari française. Mais hélas, la rentabilité de la société n'a pas été fantastique. Quant à Alpine (dont on nous annonce la résurrection prochaine...) l'ultime version A610 était quasiment parfaite.... et invendable hélas.

Alors aujourd'hui ? DS5 hybride ?

Heureusement que notre président de la République est aussi petit que le précédent, parce que si le grand Charles était encore là, il la ferait rallonger la Citron, pour caser ses grandes guibolles...