Porsche, une saga allemande La guerre des clans

Si Porsche fait battre le cœur des passionnés d'automobiles, c'est aussi grâce aux nombreux succès enregistrés par ses voitures dans les courses les plus mythiques. Le record absolu de seize victoires aux 24 Heures du Mans, les cinq titres mondiaux en tant que motoriste en Formule 1, les quatre succès au Rallye Monte-Carlo ou les deux triomphes sur le Paris-Dakar constituent l'inestimable vitrine de Porsche auprès de sa clientèle. Un gage de qualité alors qu'en coulisses, la guerre des chefs fait rage dans les années 1970.

Depuis la mort de Ferdinand Porsche en 1951, une scission s'est produite entre les enfants de son fils, Ferry, et ceux de sa fille, Louise, mariée Piëch. Le fils de cette dernière, prénommé Ferdinand comme son grand-père, dessine certains modèles de course dont la glorieuse 917 qui inaugure en 1970 le palmarès de la marque aux 24 Heures du Mans. Premier des quatre fils de Ferry, Ferdinand Alexander, n'a pas 30 ans quand il dessine l'intemporelle 911 dont le moteur est préparé par le cousin Piëch. A la fin des années 1960, les ventes de cette dernière ont fait exploser celles de Porsche qui voit sa production tripler en quelques années. Porsche écoule plus de 30 000 modèles par an mais bientôt, les ambitions de chacun se révèlent au grand jour. Afin de tirer les ficelles, les coups bas se multiplient alors que chaque branche détient la moitié des parts de la marque laissées à sa mort par le patriarche.

la 911, ici dans une version s 2.4 coupé de 1972, est la voiture la plus
La 911, ici dans une version S 2.4 coupé de 1972, est la voiture la plus illustre de la gamme Porsche. © Dr. Ing. h.c. F. Porsche AG

En 1972, Ferry et Louise décident d'empêcher radicalement une lutte plus violente pour le pouvoir : plus aucun héritier ne pourra occuper des fonctions à la tête du groupe. Ayant contribué à étendre la notoriété de la marque grâce aux victoires de ses modèles de course, Ferdinand Piëch, vexé, quitte l'entreprise familiale pour le concurrent Audi qu'il portera vers les sommets avant de devenir président de Volkswagen en 1988.