Critique "Man of Steel"

"Man of Steel" est la sixième adaptation au cinéma des aventures de Superman. Centrée sur l'enfance du super-héros et son combat contre les forces du Général Zod, elle s'est donné pour mission de renouveler la franchise comme Nolan avait pu le faire pour Batman. Alors, mission accomplie ? La critique.


Etant fan de Superman depuis toute petite et ayant vu certaines adaptations, j'étais assez inquiète sachant qu'elles n'étaient pas toujours très réussies, en particulier "Superman Returns" qui était tout simplement épouvantable ! C’est donc avec beaucoup de réserves que je suis allée voir ce film et quelle n'a pas été ma surprise en le voyant ! Ce film redore totalement le blason de la franchise de Superman (et venant de moi, c'est pas peu dire !). Malgré tout, le potentiel du film est loin d'être exploité jusqu'au bout, ce qui est vraiment dommage, et des erreurs impardonnables (qu'elles soient techniques ou d'écriture) ponctuent "Man of Steel". Il s'agit avant tout d’une relecture, d'un nouveau départ du mythe de Superman tout comme "Batman Begins" l'avait été pour Batman.

Le film est découpé en deux parties distinctes : une première partie centrée sur les origines du héros et une deuxième axée sur le combat entre le Général Zod et Superman.

Tout commence sur la planète d'origine de Clark : Krypton. Il s'avère que les Kryptoniens sont en danger car, ayant épuisé leurs ressources naturelles, leur chère planète est sur le point de mourir. C'est comme ça que l'on découvre que la société kryptoniène exerce depuis des siècles un contrôle des naissances et que chaque bébé kryptonien répond à un besoin et est prédestiné à une action bien définie pour contribuer à la survie de cette civilisation. Il est ici très facile de voir une critique de notre société capitaliste qui est toujours concentrée sur la performance et la compétitivité, bien loin des problématiques liées au développement durable. C'est la question principale que pose le réalisateur Zack Snyder : allons-nous continuer à détruire nos ressources ou enfin adapter notre mode de vie afin de préserver notre belle planète ?


Kal-El (Clark Kent sur Terre) est le premier enfant né naturellement depuis des siècles. C'est pour cela qu'il est envoyé sur Terre, mais Zod, après avoir tué le père du jeune garçon, jure de le retrouver et de reconstruire Krypton. Notre héros arrive donc sur notre planète et est recueilli et élevé par Jonathan et Marta Kent. Durant toute son enfance et son adolescence, on peut voir que Clark est totalement troublé par sa singularité dans un monde qu'il ne comprend pas et qui ne le comprend pas non plus, ce qui le blesse profondément.  C'est comme ça que l'on peut voir que le Superman incarné par Henry Cavill (que j'évoquerai plus loin dans la critique) est éprouvé psychologiquement et complètement perdu. Il dispose des pouvoirs de Superman, mais il n'a pas encore trouvé sa voie de sauveur, ce qui est normal puisque le personnage se découvre au fur et à mesure du film.

C'est ainsi que la première partie est dotée de thématiques très intéressantes comme  l'acceptation de quelqu'un de différent par la société.

De plus, la mise en scène de la première partie est plutôt originale. Les flash-back (bien qu'un peu redondants) sont efficaces et permettent de découvrir complètement le parcours initiatique du héros. C'est aussi une partie riche en émotion, ce qui donne une dimension plus intimiste à ce blockbuster et c'est ce qui permet de mieux s'attacher aux personnages.

Toutefois, cela se corse lorsque l'on arrive à la deuxième partie à cause d'un problème d'écriture. En effet, le scénario est assez bancal car il contient trop d'incohérences, ainsi que des raccourcis faciles.  On ne s'attarde pas vraiment sur le développement de l'histoire et des personnages, privilégiant plutôt l'action. Tout va un peu trop vite et les erreurs d'écriture s'accumulent, ce qui ne facilitent pas la compréhension de l'histoire. Un exemple flagrant : l'histoire d'amour entre Lois et Clark a vraiment été traitée de manière trop superficielle à mon goût. Leur histoire fait beaucoup trop guimauve, comme lorsque Clark se livre à elle beaucoup trop vite, de la même manière qu'on plongerait dans une piscine, alors qu'il ne la connaît même pas ! C'est un peu insensé et pas du tout crédible pour un sou.


Le problème d'écriture se fait également sentir  au niveau du respect du comics car, voulant trop respecter l'œuvre originale ainsi que les différents univers du comics, le réalisateur s'est un peu perdu, ce qui a conduit inévitablement à des cafouillages et à des scènes bâclées, ainsi que des répliques trop clichées. Il ne faut pas oublier que ce film est une adaptation et qu'elle ne peut en aucun cas être à 100% fidèle au comics (et ça c'est une puriste assumée qui le dit !). Le plus important étant d'être conforme à l'atmosphère et aux personnages.

Il est important de rappeler que ce film est un blockbuster. Toutefois les scènes d'action pourraient être vraiment alléchantes (comme dans le superbe "Avengers" du concurrent Marvel) si seulement la maladie de Parkinson du caméraman ne venait pas tout gâcher. De plus, elles sont si longues et tellement mal rythmées que ça en devient vraiment lassant. Pour preuve, je me suis même endormie au moins cinq minutes (si ce n'est pas plus...) tellement ça m'ennuyait (et ce n'est vraiment pas mon genre de m'endormir comme ça dans une salle de cinéma !). C'est finalement le bruit assourdissant de la sono qui a fini par me réveiller. Pour parler clairement, le trop plein d'action finit par casser le récit qui commençait pourtant très bien. Quelques effets techniques tels que le zoom transforme le film en véritable bazar ambiant ce qui finit par nous abrutir (en même temps, c'est difficile de faire des effets à la Dragon Ball Z). Enfin bref, niveau action, de gros progrès restent à faire !

On peut regretter certaines scènes et répliques un peu clichées, ce qui est surtout accentué lors de la deuxième partie du film. Exemple : Zod dit "soit je meurs, soit tu meurs", ce qui est too much pour un film qui veut concurrencer les films de Marvel ! On peut aussi lui reprocher de trop en faire au niveau des clichés, mais cela colle néanmoins à l'esprit du comics de base.

Malgré tout, dans ce film, le réalisateur a cherché à se concentrer plus sur l'homme qu'est Clark/Superman et moins sur le super-héros (même s'il reste très présent). Il me paraît très important d'applaudir la tentative d'humaniser Superman, car il ne faut pas oublier que Superman est avant tout Clark Kent avec ses faiblesses, et pas seulement le super-héros ! Si le scénario du film reste simpliste, il n'en reste pas moins nourri d’une forte volonté d’amener du fond à un personnage qui en manque souvent. Dans "Man of Steel", on nous montre un Superman qui n'est pas si naïf. Il est incroyablement conscient du monde qui l'entoure. Il veut sans cesse chercher à faire le bien, mais en général on aurait tendance à prendre cette bonne volonté comme de la naïveté, ce qui n'est pas le cas. Il tente juste de tirer ce qu'il y a de meilleur chez  les gens. C'est pour cette raison qu'il est plus sombre, mais seulement afin de donner une dimension plus réaliste à "Man of Steel". Cela contraste avec les autres versions cinématographiques où on a un peu le sentiment que c'est facile pour lui de sauver les gens.

 

En outre, le film semble souffrir d'un complexe de Dieu à force de tout sacraliser (Ici, Superman = Jésus). Même si c'est assez propre à l'univers de Superman, cela reste un peu trop redondant à mon humble avis.

J'ai été particulièrement troublée par la scène où Superman tue le Général Zod avec une violence ahurissante, ce qui a totalement bafoué les règles les plus rudimentaires qui gouvernent le mythe de Superman, ainsi que de la firme DC. Il faut tout de même relativiser cette scène car le héros n'avait pas vraiment le choix. Il fallait, ici, sauver des vies humaines. De plus, on peut voir Clark/Superman vraiment troublé, limite traumatisé et terrorisé par son geste, ce qui lui donne plus de crédit en tant que héros.

J'ai trouvé le doublage plutôt correct. J'ai beaucoup aimé les voix de Lois et de Marta Kent qui collaient très bien, mais celles de Clark/Superman et de Perry White ne collent pas vraiment aux acteurs (et aux personnages par la même occasion). En effet, celui qui double notre héros le rend un peu trop sombre et dur, tandis que la voix de White dénature complètement le jeu d'acteur de Laurence Fishburne.

En ce qui concerne le casting, rien à redire ! Il est très bon. Amy Adams incarne une Lois absolument pas potiche, avec un vrai caractère de garce, mais qui est quand même très sympathique. Quant à Michael Shannon, il nous fait un Général Zod charismatique (même si je préfère encore Callum Blue dans ce rôle pour la série "Smallville"). A noter que l'actrice qui incarne Faora, la compagne et bras-droit de Zod, a autant de présence, voire plus que ce dernier. Par ailleurs, j'ai trouvé qu'elle faisait encore plus diabolique que lui, ce qui était un véritable régal. On peut également apprécier l'attention portée aux principaux protagonistes de l'histoire, comme la relation entre Clark et ses parents adoptifs qui apporte une émotion authentique à l'ensemble. J'ai d’ailleurs été assez peinée de ne voir Kevin Costner (alias Jonathan Kent) que cinq minutes. Il se fait si rare au cinéma ces derniers temps et je me faisais une immense joie de le revoir à l'écran et, même s'il est toujours époustouflant, c'est vraiment dommage qu'il n'est pas pu avoir plus de présence dans ce film. Enfin bon... Il fallait bien que le mentor du héros meurt.


Pour finir, je voudrais saluer l'incroyable performance d'Henry Cavill (alias Clark Kent/Superman) que l'on connaît également comme étant "l’homme le plus malchanceux d'Hollywood" (titre décerné en 2005 par le magazine britannique Empire car cette année-là il auditionna pour trois des rôles les plus convoités, c'est-à-dire Batman, James Bond et Superman qu'il rata d'un cheveu). Je le connaissais déjà pour l'avoir vu jouer dans la série The Tudors et je l'appréciais beaucoup. Quand j'ai appris que c'était lui qui allait incarner Superman, j'ai eu un peu peur, car même si c'est un excellent acteur, je ne voulais pas qu'il se "grille" dans une franchise foireuse. Cependant, c'est celui qui incarne le mieux Clark/Superman à mes yeux (et c'est pas peu dire, parce que jusqu'ici c'était Dean Cain de la série Lois et Clark que j'encensais) parce qu'il a réussi à donner à son personnage une dimension plus humaine et torturée que les autres acteurs (même si encore une fois, Dean Cain était génial). Ici, il crève littéralement l'écran notamment grâce à sa  prestance et à son charisme, mais également grâce à sa plastique et à son habileté d'acteur qui lui permet de "jouer avec les yeux" (chose souvent tentée, mais rarement réussie). De plus j'ai trouvé que c'était original de donner le rôle de l'Américain pur souche extra-terrestre à un acteur anglais (Clark : "J'ai grandit au Kansas ! Il y a pas plus 'ricain' que moi !").

Pour conclure, "Man of Steel" est loin d'être excellent et d'atteindre le niveau des films de la firme Marvel, mais possède un très bon potentiel qui n'a pas été totalement exploité dans cet opus. Toutefois ce film représente, ici, un bel encouragement pour l'avenir cinématographique de DC et nous offre un spectacle riche en émotion, qui se laisse regarder malgré certaines longueurs au niveau de l'action.  Il faudrait donc travailler plus sur l'écriture et sur la profondeur pour qu'il parvienne vraiment à atteindre le niveau du concurrent Marvel.  6/10 est la note de ce film.