Jean-Luc Godard : films, femmes, mort... Biographie du réalisateur de la Nouvelle Vague

Jean-Luc Godard : films, femmes, mort... Biographie du réalisateur de la Nouvelle Vague GODARD. Jean-Luc Godard était un réalisateur français, figure de proue de la Nouvelle Vague. On lui doit des films comme Le Mépris ou A bout de souffle.

Biographie de Jean-Luc Godard - Jean-Luc Godard est né le 3 décembre 1930 à Paris. D'abord critique de cinéma, il se tourne petit à petit vers la réalisation. Dans les années 1950-1960, il est au sommet de sa carrière, s'intégrant dans le courant de la Nouvelle Vague. Godard est un cinéaste complet, en étant à la fois réalisateur, scénariste, dialoguiste et quelques fois monteur. Certains de ses films comme Le Mépris, A bout de souffle ou Pierrot le Fou, sont devenus des classiques du cinéma français. 

Jean-Luc Godard jeune rebelle

Jean-Luc Godard jeune
Jean-Luc Godard jeune © RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA

Jean-Luc Godard est le cadet d'une famille de quatre enfants. Son père, Paul Godard, est médecin, sa mère, Odile Monod, vient d'une grande famille protestante. Ils vivent en Suisse. Godard passe une enfance à la fois sportive et protestante, tout en étant passionné de peinture. Après quelques années passées en Suisse, il est envoyé à Paris par ses parents pour passer le bac. Entre temps, son père découvre qu'il souffre de la maladie de Charcot et ses parents divorcent. De son côté, Godard se désintéresse de ses études et rate le bac. A Paris, il fréquente beaucoup les ciné-clubs et la Cinémathèque française. 

Malgré son appartenance à une famille aisée, Jean-Luc Godard commet plusieurs vols et devient cleptomane, au point de voler sa famille et ses amis. En 1949, en Suisse, il obtient le bac après sa troisième tentative. A cette même époque, il hésite entre la peinture, la littérature et le cinéma. Il retourne ensuite à la Sorbonne, fréquente le ciné-club du Quartier latin, puis publie dans la revue "La Gazette du cinéma" ses premiers textes critiques, à l'âge de 19 ans. De décembre 1950 à avril 1951, il visite New York, puis sillonne l'Amérique latine. En avril 1951 est créé "Les Cahiers du cinéma", Godard y publie des articles à partir de janvier 1952. Au printemps 1953, il est cadreur à la télévision suisse à Zurich, mais cela se termine mal car Godard vole dans la caisse. A cause de ce larcin, il passe trois nuits en prison. Après deux courts-métrages en Suisse, il repart à Paris en janvier 1956. Il devient attaché de presse pour la Fox grâce à Claude Chabrol. Il fait également son retour aux "Les Cahiers du cinéma" et rejoint l'hebdomadaire "Arts" en février 1958.

Les films de Jean-Luc Godard 

Jean-Luc Godard réalise son premier court métrage professionnel en juin 1957 "Tous les garçons s'appellent Patrick", écrit par Eric Rohmer et produit par Pierre Braunberger. Il est diffusé au cinéma au printemps 1958. Il tourne ensuite avec Jean-Paul Belmondo et Anne Colette le court-métrage "Charlotte et son jules". Voyant le succès de Truffaut au Festival de Cannes, le cinéaste souhaite réaliser son premier long métrage : il s'appuie ainsi sur un fait divers et réalise "A bout de souffle". Sa seconde réalisation fait écho à l'actualité française du début des années 1960 avec la guerre d'Algérie. En 1960, Godard réalise "Petit soldat", mais le film, censuré, ne sort qu'en 1963, après la guerre. A cette même époque, il rencontre l'actrice Anna Karina qui devient sa muse. Elle tourne avec lui sept films dont "Alphaville", un film de science-fiction tourné en décor réel, et "Pierrot le fou", en 1965. Ce dernier est un road-movie à travers la France, mettant en scène un homme qui quitte tout pour partir avec la baby-sitter de ses enfants, avec laquelle il vit diverses péripéties lors de son périple. Jean-Luc Godard tourne beaucoup de films au début des années 1960, tels que "Une femme est une femme" en 1961, "Vivre sa vie" en 1962, "Le Mépris" en 1963 (voir plus loin), "Les Carabiniers" en 1963, qui est un échec commercial et "Bande à part" en 1964.

Jean-Luc Godard tournage
Jean-Luc Godard sur le tournage de "Pierrot le fou" © PIERRE MANCIET/DALMAS/SIPA

Après mai 1968, Jean-Luc Godard réalise des films plus politiques et de gauche comme "La Chinoise". Il filme également les manifestations de mai 68 et exige avec d'autres réalisateurs l'arrêt du Festival de Cannes en "solidarité avec les étudiants". C'est à cette même période qu'il remet en cause sa notoriété et son statut d'auteur, souhaitant redevenir anonyme. Le cinéaste part ensuite à Londres pour filmer l'enregistrement de l'album "Sympathy for the Devil" par les Rolling Stones. Jean-Luc Godard enchaîne avec des petits films, où il abandonne souvent le projet. Il crée aussi le "groupe Dziga Vertov" avec son ami Jean-Pierre Gorin, le but étant de produire des films qui tendent vers le maoïsme. Ils se séparent en 1972.

Le 9 juin 1971, Godard a un grave accident de moto, il reste une semaine dans le coma et six mois à l'hôpital. En novembre 1971, il sort de l'hôpital et s'installe avec Anne-Marie Miéville, qu'il a rencontré quelques mois auparavant. Dans les années 1970, il abandonne la pellicule pour la vidéo. Il part s'installer à Grenoble et crée sa société de production "Sonimage". Après plusieurs commandes, dont une par l'Institut national de l'audiovisuel pour FR3, il quitte Grenoble en 1976 et vide les locaux de sa société sans prévenir son personnel. Dans les années 1980, il se tourne de nouveau vers un cinéma plus classique, avec des œuvres plus détachées de l'actualité. Il tourne alors plusieurs longs métrages remarqués, comme "Sauve qui peut (la vie)" en 1979, "Passion" en 1982 avec Hanna Schygulla et Isabelle Huppert, "Nouvelle Vague" (1990) et "For ever Mozart" (1996), "Eloge à l'amour" en 2001, qui est un échec, "Film Socialisme" en 2010. Les années 2010 sont plus florissantes en terme de succès avec "Adieu au langage", pour lequel il reçoit le Prix du jury à Cannes en 2014 et "Le Livre d'image", où il décroche une Palme d'or spéciale en 2018.

Le succès grâce à "A bout de souffle"

"A bout de souffle" est le sixième film que réalise Jean-Luc Godard mais le premier qu'il a écrit, sur une idée originale de François Truffaut. Mettant en scène Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, le film est inspiré d'un fait divers racontant l'histoire d'un voyou qui tue un gendarme lors de son trajet Marseille-Paris. Dans la capitale, il tente de reconquérir Patricia mais il est rapidement recherché par la police. Il essaye alors de partir pour l'Italie. Sorti en 1960, le film fait partie du courant de la Nouvelle Vague, un mouvement datant de 1950 à 1960, définit par les techniques cinématographiques françaises, révolutionnaires pour l'époque, et par ses réalisateurs. Classé "interdit aux moins de 18 ans", il séduit le public et la critique. Grâce à ce film, Jean-Luc Godard rencontre le succès. Sa carrière est lancée et le visage du cinéma est changé. 

"Le mépris" reçoit un mauvais accueil critique à sa sortie 

Autre célèbre film de Godard : "Le mépris". Adaptation du roman du même nom de l'auteur Alberto Moravia, le film raconte l'histoire d'un écrivain de théâtre, Paul Javal (Michel Piccoli), partant à Cinecitta avec sa femme Camille (Brigitte Bardot). Là-bas, il négocie un contrat avec le producteur Jeremy Prokosch, dans le but de modifier un scénario sur l'Odyssée, mise en scène par Fritz Lang (qui joue son propre rôle). Film à gros budget, il propose une mise en abyme du cinéma, puisque les personnages tournent et discutent longtemps de films. Bien qu'il n'eut pas de succès auprès des critiques, il en a reçu de la part du public. Ce n'est que plus tard qu'il est devenu un des grands classiques de Jean-Luc Godard. 

Jean-Luc Godard et Brigitte Bardot
Jean-Luc Godard et Brigitte Bardot sur le film "Le Mépris" © DALMAS/SIPA

Son film politique "La Chinoise"

Sorti en 1967, "La Chinoise" est un des films politiques de Jean-Luc Godard. Il met en scène 5 jeunes dont les vacances ne sont que cours et débats sur le marxisme-léninisme, tout en vivant sur les principes de Mao Zedong. Mais les vacances sont perturbées par l'ambition de Véronique (Anne Wiazemsky) qui veut assassiner un dignitaire soviétique se trouvant à Paris. Le film est apprécié par la critique, mais pas par les militants maoïstes, qui le considèrent comme une provocation. 

Comment définit-il son cinéma ? 

Jean-Luc Godard
Jean-Luc Godard © RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA

Pendant 10 ans (1988-1998), Jean-Luc Godard crée une série de huit émissions qui s'intitule "Histoire(s) de cinéma", grande fresque à la fois philosophique et esthétique sur le septième art. A propos de son oeuvre, il explique notamment dans les Inrockuptibles en 1998 : "J'ai fait une échographie de l'Histoire par le biais du cinéma. De par sa matière, qui est à la fois du temps, de la projection et du souvenir, le cinéma peut faire une échographie de l'Histoire en faisant sa propre échographie. Et donner une vague idée du temps et de l'histoire du temps. Puisque le cinéma, c'est du temps qui passe. Si on se servait des moyens du cinéma - qui est fait pour ça-, on obtiendrait un certain mode de pensée qui permettrait de voir les choses".  

Jean-Luc Godard possède une certaine méthode de travail. Par exemple, il choisit toujours le titre de son prochain film, avant même d'en connaître l'histoire. Il aime également parsemer ses films de citations, quelles soient littéraires, musicales, historiques ou autres. La construction des films de Godard est aussi particulière. Elle ne suit pas un scénario ou un dialogue, mais elle est plutôt une succession de collages visuels et de notes clairsemées. C'est ensuite au spectateur de donner un sens aux images. Dans ses films, le réalisateur joue beaucoup sur la mise en abyme du cinéma, à travers les activités des personnages qui vont au cinéma ou tournent un film ou encore parlent de films. Il fait aussi des références à d'autres réalisateurs et à leurs films, des références à la peinture, mais aussi à ses propres films. 

Le travail de Jean-Luc Godard a eu beaucoup d'influence sur le cinéma, notamment dans les années 1960 sur des cinéastes français tels que Jean Eustache, Romain Goupil et Philippe Garrel, et sur des cinéastes américains, tels que Martin Scorsese, George Lucas, Francis Ford Coppola, Brian De Palma et Quentin Tarantino. Il apparaît également souvent dans la littérature et le cinéma, comme par exemple le film "Le Redoutable" de Michel Hazanavicius, qui est une adaptation de l'ouvrage "Un an après" d'Anne Wiazemsky sur sa relation avec Godard. Des rétrospectives peuvent être aussi vu à la Cinémathèque française. 

Anna Karina, Anne-Marie Miéville... qui sont les femmes de sa vie ? 

Jean-Luc Godard a été marié à l'actrice Anna Karina, de 1961 à 1967. C'est en 1959 qu'il la rencontre après l'avoir repéré dans une publicité. Il lui offre un rôle dans son film "A bout de souffle". Celle-ci refuse, refusant de se déshabiller. Il la rappelle ensuite pour un rôle dans le film "Petit soldat", qu'elle accepte si elle n'est pas dénudée. C'est sur le tournage qu'un lien se crée entre les deux. Mais le couple connaît le drame, avec la naissance d'un enfant mort-né, et les tensions avec la famille de Godard, qui n'accepte pas l'actrice. Anna Karina quitte alors le réalisateur. Godard rencontre ensuite sur le tournage du film "Au hasard Balthazar" de Robert Bresson la petite-fille de François Mauriac, Anne Wiazemsky. Refusant d'abord ses avances, elle lui écrit finalement une lettre d'amour en 1966. Ils se marient l'année suivante, le 21 juillet 1967 et se séparent en octobre 1970. Il rencontre ensuite Anne-Marie Miéville, une photographe, quelques mois avant son accident de moto. Jean-Luc Godard n'a pas d'enfants. 

Jean-Luc Godard est mort à 91 ans 

Dans un communiqué, ses proches ont indiqué que Jean-Luc Godard était décédé "paisiblement à son domicile entouré de ses proches" le 13 septembre 2022. Ils n'ont pas donné d'autres précisions sur la disparition du cinéaste, à qui l'on doit Le Mépris, A bout de souffle et Pierrot le fou, si ce n'est qu'aucune cérémonie officielle ne sera organisée et qu'il sera incinéré.

Jean-Luc Godard a eu recours au suicide assisté

L'information a été partagée dans un premier temps par Libération, avant d'être confirmée auprès de l'AFP par le conseiller de la famille, Patrick Jeanneret. "M. Godard a eu recours à l'assistance légale en Suisse d'un départ volontaire suite à de multiples pathologies invalidantes selon les termes du rapport médical", a-t-il précisé. De son côté, Libération citait des proches de la famille du réalisateur du Mépris : "Il n'était pas malade, il était simplement épuisé. Il avait donc pris la décision d'en finir. C'était sa décision et c'était important pour lui que ça se sache."

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