Affaire Adèle Haenel : Christophe Ruggia condamné, va-t-il faire de la prison ?

Affaire Adèle Haenel : Christophe Ruggia condamné, va-t-il faire de la prison ? Accusé d'agressions sexuelles sur mineure par l'actrice Adèle Haenel, Christophe Ruggia a été condamné à deux ans de prison ferme sous bracelet électronique ce lundi 3 février.

Le réalisateur Christophe Ruggia a été condamné à quatre ans de prison, dont deux ans ferme, mais sous bracelet électronique, ce lundi 3 février 2025. Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement ce lundi 3 février dans l'affaire qui l'oppose à Adèle Haenel, qui l'accuse d'"agressions sexuelles sur mineure par personne ayant autorité". Le cinéaste de 60 ans n'ira donc pas en prison. Il est également interdit d'activités en lien avec les mineurs pendant cinq ans. En décembre dernier, le parquet avait requis cinq ans de prison dont deux fermes sous bracelet électronique. Son avocate, Me Fanny Colin, a annoncé que son client allait faire appel de la décision.

Lors du procès les 9 et 10 décembre dernier, Christophe Ruggia, réalisateur connu pour les films Les Diables et Dans la tourmente, devait répondre d'accusation d'agressions qui se seraient tenues à son domicile de septembre 2001 à février 2004, après le tournage du film Les Diables (sorti en 2002 et qui met en scène un amour incestueux entre un frère et sa sœur tous deux orphelins, et dans lequel Adèle Haenel, alors enfant, a joué), alors qu'elle avait entre 12 et 14 ans. Le cinéaste a le démenti les accusations et reste présumé innocent.

"On dirait un couple, c'est pas normal"

Cette affaire est considérée comme le commencement d'un #MeToo à la française dans le cinéma, puisque l'actrice a dénoncé les abus du réalisateur en 2019, d'abord dans Médiapart avant de porter plainte. Dans l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, établie avant le procès, il est dit qu'Adèle Haenel a dénoncé de "manière circonstanciée, constante et précise plusieurs épisodes d'attouchements de nature sexuelle sur son sexe et sa poitrine tout en fournissant des détails sur le déroulement des faits, leur caractère systémique lors de visites au domicile de Christophe Ruggia, la configuration des lieux, leurs positons respectives et le mode opératoire". Il y est également décrit "l'état de sidération" de la comédienne au moment des faits par la magistrate ainsi que "les répercussions psychologiques" des agressions dénoncées, qui ont été confiées à des proches "au fil des années".

Plusieurs professionnels ont également décrit leur "malaise" face aux conditions de travail imposées aux enfants, mais surtout le comportement "envahissant", "déplacé" du réalisateur sur le plateau de tournage. "Cela va pas, on dirait un couple c'est pas normal", s'était dit une scripte. L'ordonnance de renvoi consultée par l'AFP précise également que "l'absence de consentement", donc "la contrainte", est caractérisée par l'âge d'Adèle Haenel au moment des faits et "l'importante différence d'âge entre les deux protagonistes".

"Mais ferme ta gueule !"

Au cours du procès, Adèle Haenel avait retracé les après-midis passés chez le réalisateur, décrivant des attouchements. "Il me dit qu'il est amoureux, que je suis une adulte dans un corps d'enfant", expliquait-elle, comme rapporté par la journaliste de Elle, Cécile Ollivier, sur X. Accusant le réalisateur, qui nie les faits, d'être un "gros menteur", elle avait également partagé sa "honte" et le "dégoût" qu'elle ressent. "Je veux qu'on rende justice à cette enfant, qui s’en est sortie toute seule", avait-elle indiqué, précisant être déjà "fière d'avoir tenu jusque-là dans cette procédure douloureuse". 

Lors de la seconde journée d'audience, Adèle Haenel s'est emportée contre le réalisateur appelé à la barre. Alors que ce dernier assurait avoir tenté de protéger l'actrice dans ses débuts au cinéma, elle s'est écriée : "Mais ferme ta gueule !" Elle s'est ensuite levée avant de quitter la salle d'audience. Elle y est retournée au bout d'une demi-heure.

A la barre, Christophe Ruggia avait nié les faits qui lui sont reprochés et évoqué une "vengeance" de la part de la comédienne, qui serait selon lui déçue qu'il n'y ait pas eu de second film : "Il fallait un Me Too en France, et manque de bol, ça tombe sur moi."