Du cinéma à 5 euros dans la poche
L'initiative nous vient des cinémas Utopia. Pour qui n'a pas la chance d'en avoir un dans sa ville, sachez que c'est un réseau de salles indépendantes, où l'on peut découvrir le cinéma du monde en entier et des documentaires, plus rares en salle "classique".
Le principe de vidéo en poche est simple et convivial. Dans les cinémas partenaires, on vous propose et conseille des films indépendants que vous pouvez emporter chez vous. Il suffit de vous munir d'une clé USB (de 2 Go minimum) et de 5 euros. La vidéo est au format Matroska - .MKV – qui se lit sans problème avec des logiciels du type VLC, ou via la majorité des lecteurs multimédia de salon, puisque c'est un format ouvert. Le film est en belle résolution, normalement 720p (HD Ready) ou au pire en qualité DVD.
Le système est intéressant pour les auteurs, puisque que sur les 5 euros, 3 reviennent aux ayants droits, 1,18 à la salle de cinéma, le reste étant la TVA.
La liste des salles de cinéma participantes. N'hésitez pas à y revenir régulièrement, le réseau s'étend, ainsi que le catalogue.
Des films pour tout public
L'initiative n'en est qu'à ses débuts, et le catalogue de films proposés ne demande qu'à croître. Mais parmi la grosse vingtaine d'œuvres disponibles, on trouve des fictions de divers coins du monde, des documentaires mais aussi des films d'animation, pour les enfants comme pour les grands.
Avançons-nous à donner quelques conseils pour profiter de l'offre. Le très efficace dessin animé pour adulte : L'impitoyable lune de miel, prend avec un humour corrosif le contrepied des classiques du dessin animé américain. On a aussi beaucoup apprécié Les LIP, l'imagination au pouvoir ! un documentaire historique mais intemporel sur un conflit social étonnant.
Nous avons demandé à Rodolphe Village, d'Utopia, de nous expliquer les buts et les motivations à l'origine de Vidéo en Poche.
Rodolphe Village : Notre offre est spécifiquement conçue pour le cinéma indépendant. Beaucoup de petits films ont du mal à se diffuser au-delà de la projection en salle. Notre but était simplement de leur donner une deuxième vie, qu'ils continuent à trouver un public quelques mois passés. Et puis c'est aussi une réaction contre l'HADOPI, qui protège les gros et pas les indépendants. Ce n'est pas que nos cinémas souffrent du piratage, je dirais même plutôt que le cinéma indépendant n'est pas assez touché. Mais Hadopi comme le piratage participent quelque part à une concentration du goût, à la consommation des mêmes films.
A distribuer les films sur clé USB et sans DRM, vous ne craignez pas justement d'inciter au partage ?
Le partage autour de soi est une pratique naturelle. Tant que cela reste dans le cadre familial, privé, faites-le ! Pour certains films, plus ils sont vus, mieux c'est !
Comment voyez-vous l'évolution de vidéos en poche ? Vous envisagez de la VOD par exemple ?
Non, pas de VOD. La démarche de venir chercher le film est importante. On veut préserver un contact, le côté humain, cela incarne la prescription culturelle. Il faut du dialogue : vous venez voir un film en salle, et on vous en conseille un autre sur clé USB. C'est un prolongement du travail qu'on fait en salle.
Pour l'instant on se concentre sur le développement de notre réseau de diffusion (les salles de cinéma partenaires) et du catalogue de films. Le début est prometteur, on en vend déjà beaucoup plus que ce qu'on vendait de DVD à la caisse auparavant.
L'important, c'est vraiment d'élargir notre réseau. Si on a développé nos outils en logiciels libres, c'est pour inciter à la diffusion du modèle, favoriser l'émergence d'une autre pratique. N'hésitez pas à en parler aux cinémas indépendants autour de chez vous, aux salles d'art et d'essai. Et ce qui est de bien, c'est que le fonctionnement ne coûte rien, il suffit d'avoir un PC.