L'Art urbain accessible à tous

Les artistes qui s'approprient l'espace urbain offrent leur travail à la rue et aux passants. Et comme ils n'y a pas de raison que les autres n'en profitent pas, Critères Éditions a décidé de publier leurs plus belles œuvres.

 

L'art n'est pas qu'une histoire de musées ou de beaux livres de collection. La philosophie du Street art est d'être directement et librement accessible. Pour prolonger la démarche et diffuser l'oeuvre des artistes urbains, il fallait casser les codes du livre d'art.
Rencontre avec Patrick Le Fur, directeur de la collection Opus Délits.

Critère éditions est spécialisé dans l'art actuel. Mais pourquoi s'intéresser à l'art urbain ?

A Critères, nous faisons beaucoup de livres sur des peintres contemporains. On a déjà fait plusieurs monographies sur des artistes du Street art comme par exemple Speedy Graphito, Jérôme Mesnager ou l'incontournable Miss.Tic. On s'est dit qu'il serait bien de faire l'inverse des livres d'art classiques, c'est-à-dire ne pas partir du format ou de l'épaisseur qui imposent un prix important, mais plutôt essayer de faire des ouvrages très démocratiques, très accessibles et donc pas chers.

Vous avez donc lancé une nouvelle collection pour matérialiser cette envie...

Oui, Opus Délits. Pourquoi Opus Délits ? Eh bien parce que c'est aujourd'hui encore un délit de peindre sur les murs sans autorisation dans la ville. On a choisi un petit format, l'idée étant de présenter les artistes de manière extrêmement ludique, de montrer leurs œuvres avec de belles photos. Dans chaque livre, il y a une interview à la fin, qui permet de comprendre le rapport qu'entretient  l'artiste avec ses dessins et de comprendre les conditions particulières du travail dans la rue, les relations avec le public, la maréchaussée... Tout ça pour une somme dérisoire.

Vous avez déjà séduit de nombreux peintres...

La collection compte déjà une vingtaine de titres. Elle est très diverse, nous voulons montrer un éventail de ce qu'est l'art urbain contemporain, qui finalement ne date pas d'hier, puisque de grands noms l'ont pratiqué, comme Ben par exemple. On travaille actuellement sur un ouvrage consacré à Jacques Villeglé, qui s'est illustré à la fin des années 1940 en arrachant les affiches. Bien sûr, ça ne nous empêche pas de parler de jeunes artistes et de démontrer qu'il n'y a pas que le graff, le tag ou la fresque. Il y a aussi du collage, du tricot, ou encore du light graffing. C'est une collection riche de tous ces représentants, très hétéroclite.

Quelle a été la réaction des artistes à votre projet ?

Ils sont plutôt contents de la démarche. J'entends de plus en plus d'artistes qui voudraient leur "Opus délit", c'est plutôt bon signe ! Et l'important pour eux est que la collection rend leur art accessible, dans la logique de ce qu'ils font dans la rue.

Des idées pour la suite ?

Ils nous restent plein de choses à faire. On a beaucoup d'idées derrière la tête, notamment pour s'ouvrir à l'international, pourquoi ne pas faire des monographies de villes ? Des coups de projecteurs sur le Street art de Vitry, Bagnolet, Berlin ou Barcelone...

 En savoir plus :

Le site de Critères Editions : http://www.criteres.org/

Sur l'Internaute : Sur les murs de Paris : 30 oeuvres urbaines