Tim Dup : "La Course folle", un album solaire, celui du "lâcher-prise"

Tim Dup : "La Course folle", un album solaire, celui du "lâcher-prise" INTERVIEW. Le chanteur Tim Dup a dévoilé, vendredi 11 juin, son troisième album, baptisé "La course folle". Linternaute.com l'a rencontré.

"Solaire". Un adjectif qui résumerait parfaitement le troisième album de Tim Dup, La course folle, sorti ce vendredi 11 juin 2021. Un nouvel opus aux parfums d'Italie, lumineux et envoûtant, un an après la sortie de son deuxième disque, Qu'en restera-t-il ?. "Les gens vont pouvoir l'écouter et partir en vacances avec, je suis trop content de m'être battu pour qu'il puisse sortir avant l'été. J'avais vraiment envie de ça. Les disques d'avant étaient bien à leur place, disque d'automne et disque d'hiver. Là, il y a l'été pour l'écouter !", confie le chanteur de 26 ans à Linternaute.com. Il faut dire que La course folle est taillé pour l'été : douze nouveaux morceaux solaires, qui gardent tout de même la mélancolie qui fait le charme des précédents titres de Tim Dup.

"Ça parle d'amour, mais différemment. Je crois que les prismes se décalent aussi, c'est plus charnel, j'ai été moins timide. Le voyage m'a inspiré, l'idée de départ, c'est le mouvement, la légèreté dans ce que ça a de beau, de serein, j'avais envie de faire un disque serein. Parce que je le suis et que je me sens bien dans mes pompes. Je crois que c'est un disque plus apaisé, plus lumineux aussi pour ça", détaille Tim Dup, pour qui cette période de pandémie a paradoxalement été synonyme de "frustration, qui a fait naître le désir de retrouvailles, d'ivresse…".

Alors pour puiser cette énergie et cette lumière, c'est vers l'Italie que l'interprète de TER Centre s'est tourné. "L'image de l'Italie, c'est le kiff, c'est l'été, la dolce vita…". Trois chansons de La course folle parlent d'ailleurs de la péninsule, synonyme pour l'artiste de "mélancolie de souvenirs d'enfance, une mélancolie cinématographique que je trouve chic et il y a je crois ce que sont toutes les inspirations de ce disque : les impressions, les parfums, les couleurs, les bruits de l'été… de l'ivresse et de la gourmandise. L'Italie, c'est ça : c'est le vin, c'est trop la bonne bouffe."

Un troisième album à 26 ans

Et si le temps écoulé entre Qu'en restera-t-il ? et La course folle est relativement court, c'est la pandémie de Covid-19 qui a poussé Tim Dup vers un troisième opus. "J'avais plutôt prévu de défendre mon deuxième album et de tourner pendant deux ans. Et en fait, dans la contrainte et la frustration, dans l'immobilité, j'ai été inspiré. J'ai eu un petit déclic où je me suis dit, 'vas-y, fais-toi un peu violence et va au bout d'un troisième album'. La pression, limite je me la suis mise tout seul et j'ai bataillé."

C'est plus en confiance que le jeune artiste dévoile ce troisième disque. "Je kiffe ça et je ne me sens pas voleur. Évidemment, tu sens que tu as un truc à prouver, mais maintenant, moins. Mais c'est une bataille à chaque fois, mais en même temps, je crois que la sincérité artistique, elle se sent aussi quand tu écoutes un disque. C'est vrai que c'est allé vite, mais il a fallu d'un confinement pour que ce troisième album arrive, clairement je pensais pas du tout le faire aussi vite", souligne Tim Dup.

Paradoxalement, malgré la période, l'album La course folle est bien le plus lumineux des trois disques de Tim Dup. "La légèreté, elle vient d'un lâcher-prise, à la fois dû à des manques, d'être tout seul pendant un an, ça donne envie de faire de la musique avec d'autres gens. Cette envie d'aventure à plusieurs, elle venait de là. D'où les collaborations ", souligne l'artiste." Sur La course folle, il y a effectivement cinq duos : avec Anaïs Demoustier, Alexandre Tharaud, Aurélie Saada, Thomas Enhco et Saane. Une première.

"Ça s'est fait de rencontres, ça n'était pas du tout des duos préparés ou arrangés (…) C'est vraiment un disque d'amusement. Je pense qu'il vient de là ce côté plus solaire. Ça ne veut pas dire qu'il est moins sérieux, il y a toujours de la mélancolie. Mais il n'y a pas de 'je l'ai fait vite donc je l'ai fait moins bien'", commente le chanteur originaire de Rambouillet, qui a sorti, avant La course folle, trois singles : Juste pour te plaire, A ciel ouvert et Montecalvario.

Juste pour te plaire

Si la chanson semblait parler d'amour et de déclaration enflammée, le clip de Tim Dup pour Juste pour te plaire en prend totalement le contre-pied. On y découvre Stéphane, témoin transi d'amour pour la mariée, ivre, enchaînant les bourdes et suscitant le malaise général dans l'assemblée. "Cette idée-là me faisait mourir de rire. Ça donnait une autre image de moi-même, un peu plus barjo, ce que je suis, mais que j'avais peur de montrer. Parce que c'était plus intime. Et ça donne une autre lecture de la chanson, qui est beaucoup plus cynique. Parce que c'est une chanson qui est très cynique, qui ne parle pas du tout de séduction", explique Tim Dup.

"C'est une chanson qui est née sous la pression, en mode 'fais-nous un morceau un peu plus formaté' et j'avais trop le seum, ajoute le chanteur. Je l'ai faite en une journée pendant le confinement et je me suis fait prendre à mon propre jeu parce que je l'adore ! C'est chouette aussi de sortir de ton snobisme de chanteur mélo et de faire des trucs qui se dansent, qui se chantent, ne serait-ce qu'en prévision de la scène. Avoir des gens qui bougent et qui gueulent, j'avais envie de ça !"

A ciel ouvert

Après Juste pour te plaire, Tim Dup a dévoilé un second single, baptisé A ciel ouvert. "C'est une chanson qui vient de mes premières inspirations de pop anglophone, à la Supertramp, aux Beatles que j'ai beaucoup écoutés", nous explique le chanteur. Le titre commence "avec une citation au début qui est tirée du documentaire Qu'en restera-t-il, du deuxième disque, où on est allé filmer mon grand-père en Corse, il avait sorti cette phrase que lui avait dite sa mère : 'Mon fils, plante des fleurs, les autres les cueilleront pour toi'." Un lien avec son précédent disque donc, mais aussi une morale globale : "Rappeler que ce que tu entreprends aujourd'hui, ça aura toujours une conséquence pour demain. Faire des chansons, créer, entreprendre des combats, des luttes… Il y aura des gens pour récolter les fruits de tout ça."

Montecalvario

Troisième et dernier single avant la sortie de La course folle, le tout aussi solaire Montecalvario, du nom de "l'un des belvédères des hauteurs de Naples", où le clip a été tourné. "C'est l'histoire de deux meufs qui se rencontrent à Naples et qui se perdent de vue parce qu'il y en a une qui a perdu le papier sur lequel l'autre avait écrit son adresse et son prénom. C'est une belle histoire et j'adore placer des chansons dans des endroits. Les lieux inscrivent une mémoire et tu peux t'y projeter facilement", souligne Tim Dup.

Tim Dup en tournée

Si la tournée du deuxième album du chanteur a été vite écourtée pour des raisons sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, Tim Dup espère bien retrouver son public dès que possible, lors d'une tournée, qu'il "aborde avec prudence, parce qu'on ne sait pas et qu'on a monté, démonté, remonté, redémonté. Mais là, c'est encourageant, j'ai l'impression qu'on va vers le mieux et qu'à priori à l'automne la tournée pourra repartir. Et c'est la sève de ce qui me plaît dans ce métier." Tim Dup sera en tournée dans toute la France et passera par La Cigale à Paris le 4 novembre 2021. "Je suis fait pour ça, pour le lien, pour manger, pour boire, pour rencontrer des gens, pour partager…", conclut l'artiste.

Qui est Tim Dup ?

Né le 7 décembre 1994 à Rambouillet, Timothée Duperray, son vrai nom, s'est passionné très tôt de musique. Enfant, il prend des cours de piano et commence à composer. Parallèlement à des études en sciences sociales, il commence à se produire dans de petites salles et enchaîne les premières parties, notamment celles de Benjamin Biolay, Dominique A ou Philippe Katerine. "J'ai fait une première licence en sciences sociales, sociologie et sciences politique et après j'ai fait un master en médias et communication, nous explique Tim Dup. J'ai toujours fait de la musique à côté. Et en rentrant au CELSA (École des hautes études en sciences de l'information et de la communication, à Paris ndlr.) dans ma deuxième licence, la musique me prenait quand même pas mal de temps et j'ai sorti mon EP (Vers les ourses polaires, sorti en 2016), donc je loupais plein de cours."

Tim Dup abandonne les bancs de l'école et se lance donc totalement dans la musique. Sortiront donc ses trois albums, Mélancolie heureuse en 2017, Qu'en restera-t-il ? en janvier 2020 et donc La course folle en juin 2021. Autant de disques qui, malgré l'étiquette de chanteur mélancolique qu'ils lui ont collé sur le front, ont fait de lui l'un des nouveaux visages de la chanson française. "Mon image, je m'en fous un peu. Les étiquettes, elles restent, elles partent… Même si en France, une fois qu'on a une étiquette, on est bien listé. Mais je trouve ça cool de peu s'en préoccuper et de continuer à faire des albums avec le même plaisir. Mais c'est sûr qu'il y a des clichés qui restent : souvent c'est 'air juvénile', en mode collégien, 'mais c'est fou, il est très mature pour son âge'. Mais ça peut être positif", commente Tim Dup, qui n'a définitivement plus rien à prouver à personne.

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