Concert test d'Indochine : pari réussi à Paris, les résultats publiés

Concert test d'Indochine : pari réussi à Paris, les résultats publiés CONCERT TEST. Plus d'un mois après le concert-test d'Indochine à l'Accor Arena de Paris, le 29 mai 2021, l'AP-HP, qui organisait l'événement, en publie les résultats.

[Mis à jour le 08 juillet 2021 à 14h22] Mission réussie pour l'AP-HP et le Prodiss, qui organisaient le 29 mai 2021 le tout premier concert test à Paris. Etienne de Crécy et Indochine se sont produits devant près de 5 000 spectateurs, masqués et testés négatifs, à l'Accor Arena de Paris. Et les résultats de l'étude sont positifs (ou plutôt, négatifs) :ils "démontrent que la participation à ce concert n'a pas été associée à un sur-risque de transmission du SARS-CoV-2", peut-on lire dans un communiqué de presse communiqué ce jeudi 8 juillet. 

En effet, l'étude, qui comparait un panel de spectateurs à un autre resté à domicile, montre un taux d'infection similaire chez les deux groupes et donc "l'absence de risque de surcontamination d'un public assistant à un spectacle vivant, dans des conditions précises : spectacle, en salle, en configuration debout, sans distanciation physique, avec un public de personnes masquées présentant un test antigénique négatif dans les trois jours précédant le concert."

Dans le détail, l'AP-HP explique que "le nombre de participants ayant une PCR SARS-CoV-2 salivaire positive 7 jours après l'évènement était de 8 parmi les participants dans le groupe expérimental (sur 3 917) comparé à 3 parmi les participants du groupe contrôle (sur 1 947). Parmi les 8 participants du groupe expérimental avec un résultat positif à J+7, 5 étaient déjà positifs le jour du concert, excluant une contamination lors du concert, indique l'AP-HP." Il n'y a donc selon les organisateurs pas plus de chance d'être contaminé lors de ce genre d'événement (quand toutes les conditions sont respectées) que chez soi. Pour l'AP-HP, une conclusion : "C'est le pass sanitaire qui doit être en mode on/off, pas les concerts."

Le concert test en images

"La vie est belle" en concert. Le samedi 29 mai 2021 avait lieu le premier concert test en France, à l'Accor Arena de Paris (anciennement Bercy). C'est devant un public masqué, non distancié, mais préalablement testé deux fois (un PCR et un salivaire), qu'Etienne de Crécy est monté sur la scène de l'arène parisienne, devant 5 000 spectateurs. Ambiance émue et public visiblement ravi de retrouver l'ambiance d'un concert, quatorze (longs) mois après leur interdiction pour cause de pandémie de Covid-19.

A 18h35, au tour d'Indochine, tête d'affiche de ce tout premier concert test de grande ampleur, de monter sur scène, face à un public heureux, malgré le protocole sanitaire en vigueur. Pendant près de 1h45, Nicola Sirkis et sa bande ont joué nombre de leurs morceaux, d'anciens succès comme Trois nuits par semaine ou L'aventurier aux titres plus récents comme La vie est belle ou Nos célébrations. Et si les chants du public auront été étouffés par leur masque, la ferveur d'un concert retrouvé elle, était bien palpable.

Dans les tribunes, plusieurs membres du gouvernement, comme Olivier Véran, ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, mais aussi Brigitte et Emmanuel Macron ou encore Valérie Pécresse, venue rappeler que la région Île-de-France avait participé au financement de l'expérimentation scientifique organisée par le Prodiss (le syndicat des principaux producteurs de spectacles) et l'AP-HP Hôpitaux de Paris. Revivez en images le concert d'Etienne de Crécy et d'Indochine à l'Accor Arena de Paris :

Inscriptions au concert test

Ce premier concert test parisien était donc une expérience scientifique visant à "évaluer les risques de transmission du virus SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19, lors d'un concert à grande échelle en configuration debout, non distancié, dans une salle fermée", pouvait-on lire sur le site de l'expérience Ambition Live Again. 5 000 spectateurs dans la salle, 2 500 chez eux, comme "groupe comparatif". Les personnes pouvant assister au concert d'Indochine avaient en effet dû se plier à un protocole sanitaire strict sur place : le port du masque chirurgical en continu, un renforcement de l'hygiène des mains, le tout dans une salle ventilée de façon optimisée. Mais ce n'est pas tout. 

Pour pouvoir être tirés au sort, il fallait répondre à plusieurs critères : 

  • avoir entre 18 et 45 ans ;
  • ne pas avoir de symptômes du Covid ;
  • ne pas avoir été en contact avec des personnes atteintes du Covid depuis deux semaines ;
  • ne pas avoir de facteur de risque de forme grave ;
  • ne pas vivre avec une personne porteuse de ces facteurs ;
  • résider en Île-de-France ;
  • réaliser un test de dépistage antigénique 72 heures avant l'événement, qui devra évidemment être négatif.

Dans un communiqué de presse publié par l'AP-HP, il était expliqué que les spectateurs du concerts étaient filmés par des caméras, vérifiant que chacun portait bien son masque et "mesurant les flux dans l'espace public, tout en respectant la vie privée. Ce dispositif permettra d'obtenir des statistiques anonymes précises, objectives et actualisées sur le taux de personnes portant correctement leur masque (pas de masque, mal porté, bien porté) pendant toute la durée de l'évènement", pouvait-on lire dans le document.

Indochine en concert test

Après une première partie assurée par le DJ Etienne de Crécy, c'est donc le groupe français Indochine qui a ouvert le bal de la réouverture des salles de concert pour cette expérience scientifique. L'occasion pour eux de remonter sur scène pour leurs 40 ans. Invité de Laurent Delahousse dans l'émission 20h30 Le Dimanche ce 9 mai, Nicola Sirkis explique : "ce concert test, c'est compliqué mais ça va venir. Ça s'apparente plus à un essai scientifique. Les organisateurs de cet essai scientifique, de ce concert test vont faire une conférence de presse en début de semaine. Je crois que c'est à peu près 5000 personnes." Et de détailler : "On va jouer totalement bénévolement, on va même investir de l'argent pour pouvoir présenter un concert digne et fort. Aujourd'hui l'agenda est à peu près pour tout sauf les concerts debout et les concerts debout c'est la majorité des concerts. (...) Nous aurons une décision définitive je pense en début de semaine prochaine."

Le concert test à Marseille annulé

A Marseille, malgré l'organisation de deux concerts test, le Dôme de la cité phocéenne restera vide. C'est le groupe IAM qui devait se produire lors de ce concert marseillais, un "projet qui n'a pas été retenu en raison de risques liés aux protocoles sanitaires proposés", a annoncé Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, mercredi 12 mai 2021. "On a été très déçus. C'était surtout le travail des scientifiques et des associations qui œuvraient depuis de nombreux mois pour essayer de faire ce concert-test, bien avant celui qui a été proposé à Paris et qui est autorisé", a lancé Akhenaton, leader du groupe sur franceinfo, se disant "profondément désabusé".

Deux concerts test étaient en cours de préparation au Dôme de la cité phocéenne. Le Parisien évoquait en mars dernier deux événements qui devaient avoir lieu "à une semaine d'intervalle en mars ou en avril, avec à chaque fois 1 000 personnes et les rappeurs d'IAM à l'affiche." L'événement avait déjà été reporté, mais le protocole avait été établi. "Le public sera choisi parmi une population étudiante sans pathologie ni comorbidité", expliquait le docteur Vincent Estornel, médecin urgentiste, au journal. Les 2 000 spectateurs de ces deux concerts seraient testés entre 24 et 48 heures avant l'événement, puis retestés 7 et 14 jours après le concert. Dans la salle, pour chacun des deux concerts, "500 assisteront au concert avec distanciation sociale et 500 sans. Contrairement aux autres tests, celui-ci n'écartera pas les spectateurs positifs au Covid, 'pour évaluer s'il existe vraiment un surrisque d'infection'", précisait le médecin au Parisien.

Un concert test réussi à Barcelone

Mardi 27 mars, à Barcelone en Espagne, 5 000 personnes ont pu assister à un concert, masqués, mais sans distanciations sociale. Ce show de Love of Lesbian, un groupe de rock, n'aurait entrainé "aucun signe" de contagion, affirment ses organisateurs. "Il n'y a aucun signe qui suggère qu'une transmission a eu lieu pendant l'évènement, ce qui était l'objectif de cette étude", a déclaré Josep Maria Llibre, médecin de l'hôpital Germans Trias i Pujol de Badalone, lors d'une conférence de presse. Le public, qui avait été soumis à un test antigénique avant le concert, portait des masques FFP2.

Selon ce même spécialiste, seuls six cas positifs sur les 5 000 spectateurs ont été détectés quinze jours après le concert et les organisateurs sont certains "que pour quatre de ces six cas, la transmission n'a pas eu lieu pendant le concert". Outre les masques FFP2, les organisateurs avaient mis en place "une ventilation optimisée" et des contrôles dans les lieux critiques comme les toilettes étaient strictement contrôlés. En France, plusieurs expériences doivent être menées.