"C'est un signal d'alerte" selon un neurologue : ces personnes ont plus de risques d'avoir la maladie de Charcot
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"C'est un signal d'alerte" selon un neurologue : ces personnes ont plus de risques d'avoir la maladie de Charcot

Des études ont démontré un lien entre la maladie de Charcot et ce facteur de risque, qui ne doit pas être pris à la légère.

C'est une des maladies les plus redoutables. La maladie de Charcot, ou sclérose latérale amyotrophique (SLA), a en effet un pronostic particulièrement sombre. Les neurones qui contrôlent les muscles volontaires meurent petit à petit, paralysant progressivement les patients, qui décèdent une fois les poumons atteints. L'espérance de vie est seulement de 3 à 5 ans en moyenne après le diagnostic.

Même si la maladie touche environ 1 600 nouvelles personnes chaque année en France, ses causes sont encore mal connues. Plusieurs facteurs de risque ont malgré tout été identifiés : l'âge (les patients ont entre 50 et 70 ans en moyenne), le sexe (les hommes sont plus touchés), mais aussi des facteurs génétiques et environnementaux. Une autre cause est soupçonnée : les commotions cérébrales.

"Certaines études tendent à en faire un facteur de risque", nous confirme le Professeur Philippe Corcia, neurologue, administrateur de l'ARSLA et responsable du Centre de coordination des centres SLA et des autres maladies du motoneurone de Tours. Il semble donc que les commotions cérébrales et traumatismes crâniens soient plus fréquents chez les patients atteints de SLA que les personnes en bonne santé. D'après un rapport de l'Académie de médecine publié cette année, une étude "a permis de montrer que comparativement à une population de référence, un antécédent de traumatisme augmentait de 51 % le risque d'être atteint de SLA". 

© 123RF

Le Pr Corcia confirme que "certaines études ont conclu à un risque augmenté chez les rugbymen professionnels" notamment. Ceci serait lié aux chocs et traumatismes dont ils sont victimes lors de leur activité sportive. Le rapport de l'académie de médecine écrivait également que des études ont montré que "chez des sportifs de haut niveau avec une carrière longue, les cas de SLA apparaissaient plus tôt que dans la population générale".

Mais même si "des études montrent une relation, pas systématique," entre les commotions cérébrales et la maladie de Charcot, ces recherches sont seulement rétrospectives et ne sont donc pas ce qu'il y a de plus fiable. Pour le Pr Corcia, "jusqu'à preuve du contraire je ne dirai pas que tous les patients qui ont un traumatisme crânien doivent être surveillés comme l'huile sur le feu pour un risque de SLA. Beaucoup de paramètres doivent être pris en compte : le type de traumatisme crânien, la fréquence, la gravité, les antécédents... Il faut plusieurs microtraumatismes" ou commotions cérébrales pour qu'il y ait un réel risque. 

Plusieurs théories sont avancées pour expliquer ce lien. Pour le neurologue, il s'agit "d'hypothèses fondées sur les connaissances de la littérature et de la science, qui tiennent la route" mais qui ne sont pas encore confirmées, comme une inflammation des neurones. Les commotions cérébrales ont d'ailleurs aussi été associées avec une augmentation du risque de plusieurs maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson ou la maladie d'Alzheimer.

Pour l'Académie de médecine, il est "essentiel" de mettre en place des stratégies de prévention des commotions cérébrales pour "réduire le risque de développement de ces pathologies neurodégénératives". Il s'agit notamment, dans la pratique sportive, d'améliorer les équipements de protection et la "préparation physique des sportifs". En dehors du sport, l'institution appelle à améliorer la sensibilisation des professionnels de santé, le diagnostic, et la récupération après une commotion cérébrale.