Comment les araignées tissent-elles leur toile ?

Savant mélange de fils de soie, les toiles d'araignées ont un objectif clair : piéger un maximum de proies. Retour sur l'édification de ces armes redoutables.

Qui ne s'est jamais extasié devant la précision de l'ouvrage des araignées ? Bien que leurs toiles soient esthétiquement agréables, elles n'en sont pas moins mortelles pour les proies qui s'y aventurent. Mais le fil produit par l'araignée ne sert pas seulement à la prédation. Son usage est divers suivant les espèces : emballage des œufs pour former des cocons, dispersion des jeunes par le vent -via "les fils de la vierge"-, toiles spermatiques pour la reproduction... Pour mieux comprendre comment les araignées tissent leur toile, revenons un peu sur leur anatomie.

Les glandes à l'origine de la soie

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Chefs d'oeuvre de géométrie, les toiles d'araignées sont toujours assi fascinantes. © Hebrard Julien / GNU free documentation licence / Creative Commons

La soie constituant la toile provient de glandes situées dans l'abdomen des araignées, les glandes séricigènes. Actuellement, on en connaît neuf types différents suivant l'usage que l'araignée souhaite en faire : adhésive ou non, épaisseur, rigidité... La soie est majoritairement composée de grandes protéines, les fibroïnes. Parmi celles-ci, nous pouvons citer la kératine, également présente dans nos cheveux et nos ongles. Cela lui confère une grande résistance, plus importante que l'acier et plus élastique que le nylon.

Les glandes débouchent vers des orifices en contact avec l'extérieur : les fusules. Des petites protubérances articulées, les filières, permettent à l'araignée de tisser la soie. Cette dernière est stockée dans l'animal sous forme liquide. Contrairement aux idées reçues, le fil ne se solidifie pas seulement via l'air ambiant. Cette action se fait aussi grâce à la traction exercée par les pattes arrières et au déplacement de son corps après fixation du fil.

La fabrication de la toile

Voyons maintenant comment l'araignée s'y prend pour tisser ses pièges à la géométrie si parfaite. L'araignée commence par définir le cadre de sa toile en se servant des éléments présents dans l'environnement (brins d'herbe, murs, etc). Ensuite, elle réalise une sorte de "Y" en partant du côté supérieur pour ensuite se laisser glisser jusqu'en bas. L'araignée détermine ainsi le centre de sa toile, point de convergence des fils du Y. Elle peut alors tracer les rayons de son ouvrage.

La troisième étape consiste à la formation du moyeu, spirale de fil tissée au centre afin de renforcer la structure. L'araignée crée ensuite les spirales principales de la toile : d'abord en soie non collante, puis en soie adhésive, du centre vers la périphérie. Suivant les espèces, elle achève sa construction par la création d'un fil dit "avertisseur". Lorsque une proie est attrapée, elle émet des vibrations qui, transmises au fil, alerteront l'araignée. La fabrication de cette toile fatigue beaucoup l'animal. Grande recycleuse, l'araignée en mangera une partie afin de récupérer le maximum de l'énergie investie dans la production.

Néanmoins, une question subsiste : comment l'araignée fait-elle pour ne pas se faire prendre à son propre piège et rester engluée comme ses proies ? Les pattes des arachnides sont recouvertes d'une substance huileuse leur permettant de se déplacer sans encombres sur la structure. De plus, elles prennent soin de se mouvoir principalement sur les parties "non-adhésives" de la toile, d'où l'intérêt de l'utilisation de deux types de fils différents.

L'araignée est un animal encore très étudié actuellement. Aucune machine humaine n'a été capable de reproduire une soie si fine et si résistante. Elle constitue donc une voie de recherche pour créer des matériaux synthétiques plus élaborés que le kévlar. L'araignée, un animal fascinant qui n'a pas encore révélé tous ses secrets.