Vendredi 13 : quelles histoires derrière la superstition ?

Vendredi 13 : quelles histoires derrière la superstition ?

Le calendrier 2023 réserve deux vendredi 13, en janvier et en octobre. Pour les superstitieux, il est synonyme de mauvaise fortune ou au contraire de chances décuplées de toucher le jackpot. Mais d'où vient cette curieuse croyance ?

Le vendredi 13 intrigue, fait peur ou ravit les superstitieux. Si certains tentent à chacun de ces hasards du calendrier de contrecarrer la superstition en jouant au Loto ou à l'Euromillions, pour d'autres, il n'en faut pas plus pour annuler tous leurs rendez-vous de la journée et rester chez eux. Il faut dire que par le passé, des événements particulièrement terrifiants sont bel et bien survenus un vendredi 13, des Templiers aux terribles attentats de 2015.

Saviez-vous également que la superstition liée au vendredi 13 est issue de la superstition autour du nombre 13 ? "Triskaïdékaphobe" est par ailleurs le charmant petit nom donné à la phobie du nombre 13. Conséquences : certaines pratiques comme les mariages, les naissances ou la navigation sont évitées en Occident les 13 du mois. Dans de nombreuses villes, il n'y a pas d'habitations portant le n°13. Les grands immeubles, également, évitent de nommer le 13e étage (qui devient un 12 bis ou un 14 a) et certains hôtels n'ont pas de chambre 13 pour éviter d'y loger un client superstitieux. L'écrivain Stephen King a également fait l'aveu de cette phobie qui l'empêche de lire les pages 13 des livres. 

Mais le vendredi 13 n'est pas un jour de malchance pour tout le monde. Ainsi, tous les vendredis 13, la Française des Jeux enregistre 3 fois plus de joueurs. Depuis 1991, elle organise une campagne appelée "opération V13" ; le vendredi devient la "Journée de la Chance" et les joueurs sont susceptibles de remporter des cagnottes extraordinaires. Linternaute.com retrace pour vous dans ce dossier les origines d'une croyance au double visage...

Le vendredi 13 porte-t-il vraiment malheur ? Une superstition bien ancrée !

A l'approche du dernier vendredi 13 en janvier 2023, le site Lastminute.com s'était amusé à sonder les superstitions des Européens. Résultat : ils étaient 15 % à craindre ce jour particulier sur le Vieux continent. Soit presque autant que ceux qui redoutaient de "casser un miroir" (21 %), de "passer sous une échelle" (20 %) ou d'"ouvrir un parapluie à l'intérieur" (17 %). Et davantage que les peureux de la salière, puisque les Européens sont quand même 15 % à être superstitieux quant au fait de renverser du sel. Pour autant, les Français restent un peu moins superstitieux que la moyenne de l'Europe, établie à 55 % : 52 % d'entre nous accordons une importance aux superstitions, contre 60 % pour les Espagnols ou encore 58 % chez les Italiens...

Les origines de cette phobie sont à chercher principalement du côté de la Bible : lors de la Cène, ultime repas pris ensemble avant l'arrestation et la crucifixion du Christ, Jésus et ses apôtres sont 13. Mais pourquoi le vendredi ? C'est aussi la religion catholique qui est venue y accoler le nombre 13, en référence au vendredi saint, jour du chemin de croix et de la pénitence. Parallèlement, certaines légendes laissent entendre qu'Eve a croqué un vendredi la fameuse pomme du jardin d'Eden...

Quelles sont les origines du vendredi 13 ?

Cette superstition parfois tournée en ridicule tire ses origines de la bible : selon l'ensemble de textes considérés comme sacrés par les croyants, le Christ a été crucifié le Vendredi Saint, après un dernier repas, la Cène, pris à 13 autour de la table avec ses apôtres... dont le traître Judas. Dans les mythologies gréco-romaines et nordiques, le chiffre 13 était aussi déjà mal vu, mais c'est bien la tradition catholique qui a associé le nombre 13 au vendredi saint, jour de la pénitence et du chemin de croix. Certaines légendes laissent même entendre en parallèle qu'Eve a croqué la pomme du jardin d'Eden un vendredi...

Que s'est-il passé le vendredi 13 ?

Il ne s'est rien passé de particulier le Vendredi 13 par le passé. L'association qui relie le jour du vendredi, le chiffre 13 et le malheur puiserait sa source dans la bible. Selon le Nouveau Testament, au cours de la Cène (dernier repas du Christ), 13 participants siégeaient autour de la table : Jésus-Christ et ses 12 apôtres. L'Evangile de Matthieu cite toutes les personnes présentes : "Simon, appelé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ; Philippe, et Barthélemy ; Thomas, et Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote (ou le Cananite), et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus". Judas est souvent présenté comme le 13e convive, celui qui a tout fait basculer. Judas le traître et le vendredi 13 sont donc indissociables. La peur du vendredi 13 repose également sur le fait que le Christ a été crucifié un vendredi, qui deviendra le "Vendredi saint" lors de la semaine de Pâques.

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La Cène. © Renáta Sedmáková - stock.adob
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La punition de Loki. © Gravure du XIXe siècle

Y a-t-il une autre histoire du vendredi 13 ?

La crainte du vendredi 13 puiserait également son origine dans les mythes nordiques antiques. Comme avec l'épisode de la mort du Dieu Balder. Odin, dieu des guerriers, avait un jour, selon la légende, réuni onze de ses amis dieux pour un dîner, dans sa demeure de Valhalla. Loki, dieu de la guerre et du mal, vexé de ne pas être de la fête, décida de s'inviter malgré tout. Seulement, ce treizième invité surprise n'était pas le bienvenu. Le fils d'Odin, le beau Balder, dieu de l'amour et de la lumière, tenta de chasser l'intrus. Une bataille éclata entre les deux dieux qui se vouaient une haine depuis toujours. Loki, dieu jaloux et malveillant, lui décocha une flèche empoisonnée en plein coeur, abattant Balder le "bien aimé". Depuis cette légende, dans les pays scandinaves, le chiffre 13 est considéré comme maudit et être 13 à table porterait malheur. 

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Freyja dans son char. ©  Tableau de Nils Blommér

Frigga ou la diabolisation des croyances païennes, est un autre élément précurseur de la crainte du vendredi 13. Dans la mythologie nordique, Frigga (ou Freya) était la reine des dieux, déesse de l'amour et de la fertilité. Elle était célébrée par ses adorateurs le vendredi. Le mot "friday", vendredi en anglais, viendrait d'ailleurs de cette célébration et signifierait "Freya's day". Mais aux Xe et XIe siècles, les pays du nord sont progressivement convertis au christianisme. On se met alors à raconter que Frigga est en réalité une sorcière et qu'elle a été bannie au sommet d'une montagne. Pour se venger, elle inviterait, tous les vendredis, le diable et 11 sorcières pour maudire les hommes et leur jeter de mauvais sorts.

Le 13 est-il un destructeur d'harmonie ? Les Grecs et les Romains donnent eux-aussi à ce nombre une connotation négative dans les mythologies gréco-romaines du vendredi 13. Ces deux mythologies, qui comportent de grandes similitudes, associent toutes deux le chiffre 12 à la régularité et la perfection. Ainsi, il y a 12 dieux olympiens, 12 constellations, 12 signes du zodiaque, 12 heures du jour et de la nuit. Le nombre 13, qui implique d'ajouter une unité au 12 parfait, vient rompre ce cycle régulier et introduit le désordre. Détruisant l'harmonie, il est synonyme de malheur. Pour ce qui est du vendredi, il est associé aux événements malheureux puisque c'est ce jour-là, dans la Rome antique, que se déroulent généralement les exécutions des condamnés à mort.