Les scandales du Tour de France Armstrong musèle le peloton

Dans le peloton, il y a toujours un, voire plusieurs chefs, qui dictent leur attitude aux autres coureurs. Une sorte de gendarme mais aussi de tricherie.

En 1985, Bernard Hinault rappelle à l'ordre Joël Pelier, un jeune cycliste français, qui attaque précocement dans une étape de montagne, alors que le peloton s'était mis d'accord pour un début de course plus calme : "C'était pour lui rendre service", explique-t-il, "car il disperse ses efforts inutilement et va au suicide".

Armstrong règle ses comptes

lance armstrong s'est montré parfois tyrannique sur le tour.
Lance Armstrong s'est montré parfois tyrannique sur le Tour. © Boris Jacopin

L'exemple le plus flagrant de "tyrannie" est à mettre au crédit de Lance Armstrong. L'Américain s'est illustré à plusieurs reprises en "punissant" des coureurs qu'il n'apprécie pas et qui tentaient leur chance dans une échappée.

 Première victime : Jean-Cyril Robin, coéquipier d'Armstrong à l'US Postal. Le Français avait osé dire que le leader américain était égoïste et dur avec les membres de son équipe. Dès le début du Tour 1998, Lance va le voir, l'humilie, l'insulte. Robin n'aura plus le droit de quitter le cœur du peloton. Dès qu'il tente une échappée, Armstrong "fait rouler" comme on dit pour que le Français soit rattrapé...

 Deuxième victime : Christophe Bassons, lors de l'étape du 14 juillet dans le Tour 1999. Le cycliste français, ancien membre de l'équipe Festina, est connu pour être le "Monsieur Propre" du peloton puisque lui a toujours refusé de se doper et le clame haut et fort. Entre Sestrières et l'Alpe d'Huez, il décide d'attaquer. Armstrong se met alors à sa hauteur et lui demande :
"- Qu'est-ce que tu fais ?
- J'attaque, répond Bassons, je fais la course.
- Tu sais, ce que tu dis aux journalistes [sur le dopage, ndlr], ce n'est pas bon pour le cyclisme.
- Je dis simplement ce que je pense. Je dis qu'il y a du dopage.
- Si tu es là pour faire ça, il vaut mieux que tu rentres chez toi et que tu trouves un autre travail.
- Je ne partirai pas tant que je n'aurai rien changé ; si j'ai des choses à dire, je les dirai.
- Alors, fuck you". 
Deux jours plus tard, Christophe Bassons abandonne le Tour de France sous la pression du peloton. Même certains membres de son équipe ou certains Français le lynchent en coulisses et dans la presse...

 Troisième victime : Filippo Simeoni. Dans ce cas, Lance Armstrong règle un compte purement personnel. En 2002, le coureur italien avait accepté de témoigner devant le tribunal de Bologne contre le docteur Michele Ferrari et de révéler les pratiques dopantes du sulfureux médecin qui l'a suivi durant plusieurs mois.
Or, Ferrari travaille également avec Armstrong, devenu un ami. L'Américain traite Simeoni de "menteur", qui, du coup, porte plainte contre Armstrong pour diffamation.
Résultat des courses : le 23 juillet 2003, lors de la 18e étape, Lance Armstrong s'érige en souverain absolu en interdisant à l'Italien Filippo Simeoni de s'illustrer. Il contre la tentative d'échappée de Simeoni, pourtant nullement menaçant au général. Un épisode rocambolesque et grotesque. "Ce n'est pas normal qu'un grand champion comme Lance Armstrong ne laisse pas d'espace à des petits coureurs comme moi, dans une course aussi importante que le Tour de France, réagira Simeoni. J'ai fait un gros effort pour rentrer sur l'échappée. Quand je suis revenu, les autres ont été surpris par la présence d'Armstrong. Je respecte mes collègues et j'ai préféré me relever [et laisser les autres s'échapper seuls devant]. Il a montré le genre de type qu'il était."
Le maillot jaune répliquera : "J'ai protégé l'intérêt du peloton et beaucoup m'ont remercié".