Les révolutions tactiques du football L'école danubienne en Autriche (années 1930)
Sport roi en Grande-Bretagne, sa terre de naissance, le football a longtemps été un jeu pratiqué par de grands gaillards goûtant peu aux joies de la technique. La tactique était rudimentaire : dégager la balle le plus loin possible et courir après pour la récupérer, selon la règle du "Kick and Rush" (littéralement "tirer et courir").
Discussions de bistrot

Le premier bouleversement majeur prend naissance dans l'Autriche des années 1920. A la tête de la sélection se trouve un fils de banquier passionné de foot, Hugo Meisl, qui s'est lié d'amitié avec deux entraîneurs britanniques "intellos" : Jimmy Hogan, d'une part, avec qui il discute tactique pendant de longues heures au Ring-Café de Vienne ; Herbert Chapman, d'autre part, qui coache Arsenal à partir de1925.
Le premier initie Meisl au concept de "Scottish Game", un jeu de passes courtes développé à cette époque en Ecosse. Quant au second, Chapman, il fournit le schéma tactique triangulaire sous lequel évoluera l'Autriche par la suite, la fameuse formation en WM. Synthétisant toutes ces nouvelles configurations, Hugo Meisl met au point une stratégie faite de décalages, débarrassée du marquage individuel, où les joueurs multiplient les passes à terre et les une-deux.
La Wunderteam écrase l'Europe
Avec cette philosophie de jeu inédite, l'Autriche devient la bête noire des formations européennes. Avec un premier succès retentissant face aux Tchécoslovaques en avril 1931 (2-1 à Vienne), la "Wunderteam" réalise une série de 14 matchs sans défaite, infligeant d'humiliantes corrections à l'Allemagne, la Suisse, la Hongrie, et surtout à l'Ecosse qui enregistre sa première défaite (5-0) sur le sol européen ! L'équipe de Hugo Meisl atteindra la Coupe du monde de 1934 avec le statut de favori mais échouera en demi-finale contre l'Italie, pays hôte.