Les révolutions tactiques du football Le désordre organisé du Dynamo Moscou (1940)

Lors de l'Euro-2008, le beau jeu déployé par la Russie de Guus Hiddink sonnait comme un rappel d'un passé lointain, une réminiscence du socle bâti dans les années 1940 par un technicien soviétique méconnu, Boris Arkadiev.

Une touche british en URSS

boris arkadiev.
Boris Arkadiev. © DR

Maître d'escrime dans une école militaire de Saint-Pétersbourg, Boris Arkadiev a importé sur le rectangle vert la tactique de la contre-attaque. Le Dynamo Moscou se contentait de défendre de manière traditionnelle, à l'anglaise, avec des joueurs qui campent sur leurs positions respectives. Mais une fois la balle récupérée, les joueurs faisaient exploser le schéma classique. Un des joueurs abandonnait sa course linéaire vers l'avant, prévisible, pour partir dans la diagonale ou changer complètement de côté.

"Notre ailier gauche marquait le plus souvent en position d'avant-centre ; notre ailier droit, depuis le flanc gauche ; notre avant-centre, depuis les ailes."

Si cet effet de surprise paraît évident de nos jours, il constituait une véritable bombe à l'époque. Pour la première fois, un entraîneur fait permuter ses joueurs, ce qui déstabilise complètement ses adversaires : "Notre ailier gauche Sergei Ilyin, explique Arkadiev, marquait essentiellement en position d'avant-centre ; notre ailier droit, Mickail Semichastny, depuis le flanc gauche ; notre avant-centre, Sergei Soloviov, depuis les ailes".

Arkadiev, le théoricien respecté

Après un début de saison 1940 catastrophique, les joueurs du Dynamo digérèrent petit à petit ce "désordre organisé" jusqu'à l'intégrer parfaitement. Ils terminèrent en trombe, réalisant sept victoires en autant de matchs, avec une efficacité redoutable (26 buts marqués, 3 encaissés) qui leur assura l'obtention du titre. Les années suivantes virent les idées de Boris Arkadiev triompher partout dans le bloc soviétique, son livre "Tactiques du Football" (1946) devenant la référence absolue en URSS.