Emiliano Sala : 18 mois de prison pour David Henderson

Emiliano Sala : 18 mois de prison pour David Henderson EMILIANO SALA. Considéré comme coupable du crash de l'avion transportant Emiliano Sala, David Henderson a été condamné à 18 mois de prison ce 12 novembre.

[Mis à jour le 12 novembre 2021 à 14h57] 18 mois ! La sentence est tombée ce vendredi 12 novembre dans le procès Emiliano Sala. Reconnu coupable, David Henderson a été condamné à 18 mois de prison par le tribunal de Cardiff. Durant le procès,  le procureur Martin Goudie avait interpellé le jury : "il y a une seule question centrale que vous devrez examiner pour rendre votre décision. M. Henderson a-t-il agi d'une manière susceptible à mettre en danger l'avion immatriculé N264DB et les personnes à son bord dans la façon dont il a opéré ces vols ?" David Henderson avait notamment expliqué qu'il "appartenait toujours au pilote (David Ibbotson, en l'occurrence) de s'assurer de la sécurité d'un vol ". Le procès avait également mis en avant quelques arrangements entre les deux hommes depuis plusieurs années. Henderson a été considéré comme coupable car il "savait pertinemment qu'Ibbotson n'était pas qualifié pour assurer la mission qu'il lui a pourtant confiée, les 19 et 21 janvier 2019, entre la Grande-Bretagne et la France." Ce dernier ne disposait pas de licence commerciale, qui permet le transport de passagers contre rémunération, et n'était pas habilité à voler de nuit et par mauvais temps.

Quelle est la version de David Henderson ?

Reconnu coupable, David Henderson avait pris la parole publiquement le 21 octobre 2021. Voici ses propos relayés par nos confrères de Ouest-France

"J'ai prévenu Willie McKay que je ne pourrais pas assurer le transport entre Nantes et Cardiff les 19 et 21 janvier. Il s'est montré très insistant. Je lui ai dit que j'allais essayer de trouver un pilote. Je savais que le Piper était en état de voler. J'ai appelé David Ibbotson. Il m'a dit oui immédiatement pour assurer le vol. Je lui ai donné les dates, du samedi au lundi. Je n'avais aucun doute sur les capacités de David Ibbotson. Il m'a parlé de problèmes techniques, ce n'est pas inhabituel sur ce genre d'avion.

J'ai fait confiance à David pour qu'il voit avec un mécanicien sur place pour regarder l'avion. J'étais en week-end à Paris, mais je sentais que c'était de mon rôle de m'intéresser à ce problème. J'ai eu des échanges avec lui à ce sujet. Oui je faisais confiance à David Ibbotson pour le vol retour. Je ne lui ai mis aucune pression pour faire ce trajet. C'est de la responsabilité du pilote de s'assurer que le vol peut se faire en toute sécurité.

Le vol retour était prévu pour lundi matin. Je suis rentré au Royaume-Uni le dimanche matin. Une fois que j'ai su avec le mécanicien David Smith et son homologue français que l'avion avait été regardé, je n'ai pas eu d'inquiétudes pour le vol retour.

Le soir du 21 janvier, j'ai cherché l'avion sur Flightradar. J'ai appelé l'aéroport de Cardiff. Le temps passant, j'ai commencé à m'inquiéter. Puis j'ai appris que le Piper Malibu avait disparu.

J'étais forcément bouleversé d'apprendre le crash de l'avion, avec ces personnes à bord, dont David que je connaissais. C'était inévitable qu'il y ait une enquête. J'ai coopéré à celle-ci et fourni toutes les informations nécessaires. Je savais que le CAA allait enquêter.

(...) "Il faut être sûr que l'avion soit en état de voler, j'essaie de joindre David Smith, le mécanicien ", aurait dit Henderson à Ibbotson. Après l'appel entre Ibbotson et Smith, Ibbotson aurait assuré à David Henderson que l'avion est en état de voler et ajoute : " Je pars à l'aéroport de Nantes."

En savoir plus

L'accident d'avion d'Emiliano Sala

Le lundi 21 janvier, Emiliano Sala monte à bord de l'avion PA 46 Malibu, "The Piper Malibu", en début de soirée, depuis Nantes, pour rejoindre Cardiff, la ville du club où il vient d'être transféré. L'avion, qui a décollé à 20h15 de l'aéroport de Nantes-Atlantique, disparaît des radars aux alentours de 21h23, après un message du pilote, un dénommé David Ibbotson, demandant l'autorisation de baisser son altitude puis l'envoi d'un autre message de détresse. L'engin volait à environ 2 300 pieds (700 mètres) quand il a perdu le contact. Un important dispositif de recherches est été lancé le soir-même de l'accident par la police de Guernesey, puis relancée les jours suivants sans succès. Le jeudi suivant, la police de Guernesey indique qu'elle stoppe définitivement les recherches pour tenter de retrouver le footballeur et son pilote, les deux seuls personnes présentes à bord. Les explorations reprennent le samedi suivant, après la mobilisation de la famille du joueur, qui réussit à réunir des fonds via une cagnotte en ligne. Cette nouvelle opération, privée,  est confiée à David Mearns, spécialiste de ce type d'interventions. Le mercredi 30 janvier, après la découvertes de débris de l'avion, l'Air Accidents Investigation Branch (AAIB) décide elle aussi de reprendre les recherches. Le 3 février 2019, l'épave de l'avion est été repérée par l'équipage de David Mearns.

La mort d'Emiliano Sala

L'hypothèse de la mort d'Emiliano Sala et de celle du pilote de l'avion sont clairement évoquées dès le lendemain du drame par les responsables des recherches. Interrogé sur leurs chances de survie, John Fitzgerald, l'un des responsables des recherches, indique ainsi : "S'ils sont réellement dans l'eau, alors je vous dirais aucune". Malgré la poursuite des recherches, l'espoir de retrouver vivants les deux hommes s'amenuise ensuite de jour en jour. L'officialisation de la mort d'Emiliano Sala survient le 7 février, après le repêchage d'un corps retrouvé dans l'épave et identifié comme celui du footballeur argentin. Le rapport d'autopsie démontre que le footballeur est décédé de blessures à la tête et au torse, et non par noyade, ce qui signifie que le crash de l'avion est la cause du décès. La date de la mort ne fait pas de doute et correspond à celle de l'accident, le 21 janvier 2019.

Emiliano Sala au FC Nantes

Emiliano Sala jouait au FC Nantes depuis 2015. L'attaquant argentin de 28 ans, né le 31 octobre 1990 dans la province de Santa Fé en Argentine, a commencé son parcours en France au centre de formation puis dans l'équipe professionnelle des Girondins de Bordeaux. Après un prêt prometteur à l'US Orléans, Emiliano Sala termine troisième meilleur buteur de National en 2013, avec 19 buts, avant de rejoindre logiquement la Ligue 2, à Niort, la saison suivante, où il inscrira 18 buts en 39 matchs. De retour à Bordeaux en 2014, Sala joue peu et est finalement à nouveau prêté, à Caen (5 buts en 13 matchs). C'est finalement l'été suivant qu'il signe pour 5 ans au FC Nantes et confirme enfin son potentiel dans l'élite avec 15 buts inscrits lors de la saison 2015-2016. Après trois saisons et demi réussies en Loire-Atlantique (48 buts en 133 matchs au total), il avait été transféré à Cardiff City au début du mois de janvier 2019 mais n'a finalement jamais porté les couleurs du club gallois.

L'hommage à Emiliano Sala du FC Nantes

Le 21 janvier 2019, le FC Nantes apprenait avec stupeur la disparition de l'avion transportant son ex-attaquant Emiliano Sala (qui voyageait à destination de Cardiff, la ville de de son nouveau club) et de David Ibbotson, le pilote de l'engin, victime d'un accident au-dessus de la Manche. Après plus de deux semaines d'attente insoutenable, la mort du footballeur argentin sera officialisée le 7 février suivant, après la découverte du corps du joueur, âgé de 28 ans. Un an plus tard, le souvenir de celui qui était surnommé "Emi" était toujours vivace sur les bords de l'Erdre, où est implanté le siège du club nantais. Pour "célébrer" ce triste anniversaire et honorer la mémoire de son ancien buteur, le FCN avait ainsi prévu une série d'hommages à l'occasion du match entre Nantes et Bordeaux (où avait également évolué Sala), dimanche 26 janvier 2020 (17h) au stade de la Beaujoire. "Parce qu'il rêvait de l'Albiceleste, les joueurs délaisseront leur tunique jaune habituelle pour un maillot s'inspirant de son pays d'origine", avait indiqué le FC Nantes. Une bâche à l'effigie d'Emiliano Sala avait également été étendue sur le terrain avant la rencontre, un magazine spécial, contenant de nombreux témoignages, était distribué à l'entrée du stade, des vidéos retraçant le parcours de Sala ont été diffusées, un tifo géant a été déployé dans les tribunes avec le chant en l'honneur de l'Argentin ("C'est un Argentin qui ne lâche rien, Emiliano Sala, Emiliano Sala, Emiliano Sala"), précédant une minute d'applaudissements.