Qui était Suzanne Lenglen ? La folle histoire de la joueuse française

Qui était Suzanne Lenglen ? La folle histoire de la joueuse française Qui était Suzanne Lenglen ? Zoom sur le parcours cette grande dame du tennis français qui laissé son nom à l'un des principaux court de Roland Garros.

[Mis à jour le 23 mai 2017 à 18h03] Suzanne Lenglen est connue de tous les amateurs de tennis. Son nom est sans cesse répété chaque année lors du tournoi de Roland Garros. Car l'ancienne joueuse de tennis a donné son patronyme au deuxième plus grand court du tournoi. Mais beaucoup ne savent pas qui elle était réellement. Suzanne Lenglen, de son nom complet Suzanne Rachel Flore Lenglen fut la première grande championne du tennis français, la première star internationale du tennis féminin. Née le 24 mai 1899, il y a 117 ans, dans le 16e arrondissement de Paris, la Française a commencé à se servir d'une raquette en 1910, dès l'âge de 11 ans. Ses premières prouesses sur le court de la maison familiale, dans l'Oise, attirent l'œil de son père qui décide d'entraîner sa fille. Les méthodes de son géniteur sont d'ailleurs commentées jusqu'à aujourd'hui. On raconte par exemple qu'il lui conseillait de boire du cognac pendant les matchs...

Mais Suzanne Lenglen n'en affichera pas moins des performances incroyables. Plus d'un siècle plus tard, quelques chiffres parlent d'eux mêmes : en sept ans, de 1919 à 1926, elle ne perdra par exemple qu'un seul match, aux Etats-Unis, par abandon pour cause de maladie face à l'Américaine Molla Mallory. Pendant cet âge d'or, elle va remporter six fois Wimbledon et six autres les Internationaux de France. A la fin de sa carrière, le palmarès de Suzanne Lenglen a de quoi faire pâlir les Nadal, Djokovic et autres Federer des années 2000. La tenniswoman a gagné au total 241 tournois, remporté deux médailles d'or aux Jeux olympiques et aligné 171 victoires consécutives.

Le court Suzanne Lenglen © Linternaute.com

Elle remporte Roland Garros à 15 ans

L'aventure de Suzanne Lenglen débute au Tennis Club de Nice. La jeune femme y dispute son premier tournoi avec les adultes, en 1913. C'est aussi à cette époque que le Néo-Zelandais Anthony Wilding lui demande d'être sa partenaire pour jouer en double mixte. Elle n'a alors que 13 ans et va jouer avec l'un des grands tennismen de son époque, déjà champion du monde. Dès 1914, Suzanne Lenglen est sacrée vice-championne de France sur la terre battue de Roland Garros et, en 1914, elle devient championne du monde sur terre battue (le futur Roland Garros). Un titre qu'elle gagnera à nouveau en 1919, 1920, 1921, 1922 et 1923. Elle n'a alors que 15 ans !

La Première Guerre mondiale aurait pu briser son élan et son destin mais, dès 1919, la jeune femme montre à Wimbledon qu'elle n'a rien perdu de son talent. Dans les années 1910-1920, elle gagne même le tournoi anglais à six reprises en simple (de 1919 à 1923, puis en 1925) et accomplit la même performance à Roland Garros, avec six victoires également en simple (de 1920 à 1923, puis en 1925 et 1926). A Paris, elle réalise l'exploit de ne perdre qu'un seul match en sept ans.

EN VIDEO - Le court Suzanne Lenglen a été le théâtre de la victoire de Serena Willimas, en 2015, à Roland Garros.

"Roland-Garros : Serena Williams couronnée pour la troisième fois"

Suzanne Lenglen : première femme en jupe courte

Aux Jeux olympiques d'Anvers en 1920, Suzanne Lenglen remporte également deux médailles d'or (le simple dames et le double mixte) et une médaille de bronze (dans le double dames). Mais, au delà de l'aspect sportif, la Française fut une précurseur de l’habillement. Elle a ainsi été la première femme à porter des jupes courtes (au niveau du genou), dessinées par le célèbre couturier Jean Patou. Sa mère l'accompagnait d'ailleurs beaucoup dans la manière dont elle s'habillait. De part sa renommé elle fut invité dans de nombreux banquets et posaient à côtés de grandes personnalités. Son aura permettra au tennis féminin de se développer et d'attirer le public.

En 1927, elle met un terme à sa carrière (amateur à l'époque, faut-il le rappeler) à la suite d'un incident étonnant, lors du tournoi de Wimbledon 1926 : après avoir refusé de jouer deux matchs d'affilées, elle se fâche après les menaces de disqualification des organisateurs. Elle jouera finalement quelques rencontres mais celle que l'on surnommait "la Divine" tirera sa révérence à la fin de la compétition. Après une courte carrière professionnelle aux Etats-Unis, elle revient en France et ouvre une école de tennis à Paris en 1927. En 1938, la presse révèle que Suzanne Lenglen est atteinte de leucémie. Elle devient aveugle et meurt le 4 juillet 1938.

Membre féminin de l'International Tennis Hall of Fame

L'International Tennis Hall of Fame regroupe les personnalités masculines et féminines qui ont marqué le tennis mondial et son histoire. Depuis 1978, Suzanne Lenglen est rentrée dans ce musée basé aux Etats-Unis. Elle figure parmi les grand noms du tennis féminin comme Steffi Graf, Chris Evert ou Martina Navrátilová. Plus récemment, Amélie Mauresmo fait parti de ce temple du tennis depuis l'an dernier. Chaque année, en juillet, une ou plusieurs personnalités du tennis y entrent. En 2016, chez les femmes c'est la Belge Justine Henin qui a eu ce privilège. Pour les hommes ce fut Marat Safin.

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Suzanne Lenglen © L'Internaute Magazine

Suzanne Lenglen, un court à son nom

Suzanne Lenglen sera longtemps masculinisée dans la presse de l'époque. Une habitude des médias pendant les années folles avec les sportives, mais aussi le résultat de son look particulier parfois qualifié "d'androgyne". Le style de jeu de l'athlète aurait aussi un lien avec cette confusion des genres. A l'époque, le jeu de Suzanne Lenglen rompt avec la norme chez les femmes : il est plus physique, plus puissant, mais aussi plus technique voire plus stratégique. Alors qu'elle fait entrer le tennis féminin dans une nouvelle ère, régulièrement, les journaux masculiniseront Suzanne Lenglen, parlant de "champion" ou n'écrivant le mot "championne" qu'avec des guillemets.

Le Suzanne Lenglen est le deuxième court le plus important derrière le court Philippe Chatrier (ou "Central"). Il peut accueillir environ 10 000 spectateurs. Autrefois appelé court A, il a été rebaptisé en 1997 en l'honneur de la joueuse française. Dans l'allée qui mène à ce court, a été apposée une plaque en bronze représentant Suzanne Lenglen (photo). La coupe remise à la joueuse qui remporte Roland Garros se nomme aussi "coupe Suzanne Lenglen". Hors tennis, Suzanne Lenglen a notamment laissé son nom à un parc sportif situé entre Issy-les-Moulineaux et Paris, à une station de tramway francilienne mais aussi à des rues ou avenues à Nice (Alpes-Maritimes) et à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).