Un aéroport menace un paradis inhabité

Un aéroport menace un paradis inhabité L'île britannique de Sainte Hélène est l'un des endroits les moins habités au monde. Pourtant, un projet de construction d'aéroport menace sa sérénité.

Au large des côtes africaines se situe l'île volcanique de Sainte-Hélène, sur laquelle on ne trouve même pas 5 000 habitants, mais une faune et une flore extraordinaires. Après la découverte de l'île, de nombreuses espèces endémiques ont été décimées par les colons pour être remplacées par une végétation typique de Grande-Bretagne. Lors d'une escale à bord du Beagle, Charles Darwin avait été épaté par les capacités d'adaptation de ces plantes anglaises, qui semblaient mieux se développer dans cet îlot perdu. Plusieurs espèces d'animaux, notamment les oiseaux, ont subi une extinction rapide.

Sainte-Hélène est devenue un symbole des effets néfastes de l'installation de l'homme sur un territoire vierge, un exemple souvent pris par les défenseurs de l'environnement. A l'heure actuelle, seul un bateau permet de se rendre sur les lieux, où les hôtels et le tourisme sont rares. Il s'agit essentiellement de voyageurs venus admirer la dernière demeure de Napoléon, et le voyage dure en moyenne deux semaines depuis le Royaume-Uni. Près de 1 000 navires y accostent tous les ans, ce qui ne rapporte pas assez au secteur du tourisme.

Des touristes pour sauver l'île...

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On trouve le pluvier de Sainte-Hélène sur le blason car c'est l'emblème de l'île. Il est en danger critique d'extinction. © Atlantis / Fotolia

Cette confidentialité pourrait bien changer avec la construction d'un aéroport et d'un complexe touristique de luxe décidés par le gouverneur de l'île pour faire face à la très mauvaise situation financière. Ce projet a été proposé en juillet 2010 et devait être financé par la Grande-Bretagne, mais la crise l'a suspendu jusqu'à maintenant. Néanmoins, il reste très contesté, notamment par les Britanniques qui refusent de payer de 115 à 350 millions d'euros pour l'aéroport. Mais au début du mois de juin, ce sont les habitants de l'île qui ont protesté contre l'idée de voir débarquer en masse les touristes.

... Ou pour la détruire ?

De leur côté, les experts en environnement sont accablés par la localisation de ce complexe de loisirs de 120 hectares qui devrait prendre place dans un lieu très fragile. C'est en effet à cet endroit que niche le pluvier de Sainte-Hélène, la seule espèce d'oiseau qui ait survécu à l'arrivée des colons. Les protecteurs de la nature se sont rapidement insurgés contre l'augmentation du nombre de touristes, car ceux-ci risquent de mettre en danger une nature qui a déjà subi beaucoup de dégâts. Il reste tout de même encore plus de 400 espèces, surtout des insectes, qui n'existent nulle part ailleurs dans le monde !

Le combat entre les défenseurs de l'île et les promoteurs n'est pas prêt de s'achever, à cause des intérêts très complexes en jeu. Il ne reste plus qu'à espérer que le projet se tourne vers une forme d'écotourisme responsable, sinon, il se pourrait bien que l'île ne soit plus uniquement le tombeau de Napoléon 1er.