François Klein "Le vélo est le moyen idéal pour voyager"

Les deux jeunes diplômés François Klein et Matthieu Delaunay sont partis autour du monde, depuis la France jusqu'à la Sibérie, avec un appareil photo, une caméra, un carnet, un stylo et deux vélos.


des pistes pas toujours faciles mais souvent superbes comme ici en turquie.
Des pistes pas toujours faciles mais souvent superbes comme ici en Turquie. © François Klein et Matthieu Delaunay

   L'Internaute Magazine : Quelle a été votre principale motivation pour ce voyage : défi écologique, sportif ou journalistique ?

François Klein : Il y avait un peu des trois mais la principale n'est pas là-dedans. Le voyage c'était une vocation que l'on avait tous les deux. Une sorte d'appel : on faisait beaucoup de montagne avec Matthieu, beaucoup d'alpinisme. Certes, nous voulions qu'il y ait dans ce voyage une dimension physique et aussi originale. Le vélo était aussi une manière d'appréhender toutes les populations que l'on peut croiser, parce qu'on arrive lentement chez eux, humblement parce qu'on n'est pas dans un gros 4x4 ou en avion, fatigués après une grosse journée d'effort.

 

   L'Internaute Magazine : Vous êtes-vous entraînés physiquement avant votre départ ?

François Klein : Nous ne sommes pas du tout des cyclistes à l'origine. C'était le mode idéal pour voyager bien qu'on ne soit pas du tout habitués à ce type de transport. Matthieu fait du rugby à haut niveau et moi je fais beaucoup de raids en nature.


 L'Internaute Magazine : Et en plus, vous n'aviez que de simples vélos...

François Klein : On avait acheté des vélos d'occasion qu' on avait équipés comme on pouvait pour un voyage, mais on n'y connaissait pas grand-chose. On a croisé plusieurs personnes qui voyageaient en long cours et qui avaient tous des vélos à 4 000 - 5 000 euros alors que nous on avions mis à peine 300 euros. On a connu à peu près tous les dégâts matériels qu'il peut y avoir sur ce type de vélo bas de gamme.


 L'Internaute Magazine :  2 000 euros en poche chacun pour 25 000 km, ça n'est pas beaucoup. Avez-vous reçu une aide financière ? 

François Klein : Avec les révolutions arabes, on a sauté la Lybie et la Syrie. Donc on n'a pas pu faire la traversée à vélos, il a fallu prendre l'avion. Puis nous avons eu des soucis logistiques pour acheter tous les visas, on a dû dépasser le budget donc au final on est arrivés à 3 500 euros par personne que l'on a emprunté à nos parents. Sans oublier nos sponsors : la Chambre de commerce et d'industrie de Savoie, le Conseil Général des Hautes-Alpes, le Conseil Général de Savoie, la Fédération française de cyclotourisme et le groupe Lafuma qui nous a habillés.


beaucoup de casse au cours de ce voyage. ici en cappadoce, matthieu casse son
Beaucoup de casse au cours de ce voyage. Ici en Cappadoce, Matthieu casse son cadre de vélo pour la deuxième fois. © François Klein et Matthieu Delaunay

 L'Internaute Magazine :   Qu'a pensé votre entourage de ce projet ?

François Klein : Tout le monde était peu confiant dans notre capacité à réaliser ce voyage car nous n'étions pas des cyclistes avertis, parce que le projet était de grande envergure et que c'était vraiment notre première expérience de voyage. On nous a dit "faites le si vous voulez même si on n'y croit pas trop..."


 L'Internaute Magazine :  Et comment avez-vous planifié votre voyage : vous avez consulté des guides, appris des langues ?

François Klein : Matthieu a eu cette idée de voyage en 2009. On a commencé à se préparer fin 2010. Comme nous étions étudiants et que nous n'avions pas beaucoup d'argent pour partir, on a démarché quelques sponsors puis avec l'argent reçu on a commencé à réfléchir à notre destination. Etant donné qu'on ne pouvait pas beaucoup prendre l'avion, nous avons tracé notre itinéraire géographique en fonction. On a choisi des zones qui nous passionnaient puisque nous sommes tous deux fans de littérature de voyage et d'histoire. Le Maghreb et l'Asie centrale sont ainsi des régions assez mythiques qui nous on tentés. Pour tout ce qui est langue, on a pris ça plutôt à la légère. Avant d'aller dans chaque pays on allait sur Internet dans un cybercafé. On apprenait par cœur 20 mots de chaque langue - dont les "bonjour, merci, aurevoir" à la base de toute communication - et quelques phrases bien tournées. On a appris surtout à développer le langage corporel et des signes. Ceci dit, on rencontrait toujours quelqu'un qui connaissait 5 mots en anglais. Mais on n'est pas vraiment sûrs de s'être fait comprendre à chaque fois !


 L'Internaute Magazine : Vous n'avez pas rencontré de grandes incompréhensions ?

François Klein : On a passé un mois et demi en Chine à se dire " j'ai rien compris " mais ça ne nous a pas dérangé outre mesure, au contraire ça nous a amené de bonnes surprises.