Deauville > Le cinéma indépendant américain
 DOSSIER 
Septembre 2005

Les planches de Deauville accueillent depuis désormais 30 ans le festival de cinéma indépendant américain. Explications sur ce genre à part entière.
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Le Festival du cinéma américain de Deauville est principalement vu comme une exposition de grosses machines hollywoodiennes de la saison à venir (tels De l'ombre à la lumière de Ron Howard, Rencontres à Elizabethtown de Cameron Crowe...). Mais Deauville représente aussi une opportunité pour prendre le pouls de tous les cinémas outre-Atlantique, avec des documentaires, des courts-métrages et surtout la compétition officielle, strictement réservée à la production indépendante. Le jury (exclusivement français) y décerne un Grand Prix, un Prix du Jury et un Prix du Scénario.

Cinéma "indépendant" américain ?
Mais au fond, qu'est-ce que le cinéma indépendant au pays du gigantisme ? Avant toute chose, il est important de faire la distinction entre le cinéma avant-gardiste et le cinéma américain de fiction. Ces deux formes sont apparues avec le démantèlement du monopole de production et de distribution des majors au début des années 1950. La première voulait un démarquage total des règles hollywoodiennes de la fiction en faveur de l'abstraction, l'expérimentation ou le documentaire. La seconde souhaitait, à l'instar de la Nouvelle Vague Française, sortir les histoires du carcan des studios. Elle y arrivera avec l'arrivée de la télévision qui fera perdre à Hollywood sa mainmise sur le divertissement de masse. Menacés par cette perte de contrôle et de garantie de l'exploitation de leurs produits, les studios ne tournent plus de films de série "B", la production des films à petit budget est laissée désormais aux indépendants de toutes sortes. La série "B" indépendante deviendra l'école de Roger Corman et le terrain d'exercice de futurs réalisateurs comme Francis Ford Coppola, Jonathan Demme ou encore Dennis Hopper.

Les têtes de files du cinéma indépendant US
Mais c'est à la fin des années 1970 qu'une véritable énergie créatrice commence à souffler sur la fiction indépendante made in U.S.A. avec la création du marché du film indépendant à New York et le lancement du premier festival indépendant de la production cinématographique nationale à Sundance en 1981. Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch devient le film emblématique de ce renouveau et l'on assiste à l'émergence de cinéastes très attachés au concept de liberté artistique comme John Sayles ou Hal Hartley. Les années 1990 seront associées à la troisième voie et son chef de file : Quentin Tarentino. Avec Reservoir Dogs, Tarantino entend fusionner la première voie du divertissement commercial hollywoodien et la deuxième, celle de l'auteur avant-gardiste à la Cassavetes. Hollywood a d'ailleurs rapidement compris qu'il ne fallait pas négliger le succès grandissant de ce genre de productions. Ainsi chaque studio a racheté des entreprises comme Miramax ou a créé ses "filiales indépendantes" (Paramount Classics, Fox Searchlight…) Dans un sens, la fiction indépendante américaine a un mode de fonctionnement économique similaire aux productions européennes. D'ailleurs, ce marché cinématographique est très lié au vieux continent car il ne permet que très rarement la réussite commerciale de ces films aux États-Unis. Les films de Jarmusch, par exemple, trouvent leur rentabilité en Europe et au Japon, mais pas forcément en Amérique. Par conséquent, le plus difficile n'est pas d'arriver à faire un film, mais de réussir à le faire exister auprès du public, expliquant du coup la nécessité de rendez-vous comme Deauville.

Films en compétition Deauville 2005 Le Jury 2005
 
 Julien Foussereau, L'Internaute
 
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