L'employeur n'a plus le droit de lire les mails des
salariés
L'e-mail, comme toute correspondance privée, est inviolable,
même sur le lieu de travail. C'est ce qu'a décidé
la Cour de Cassation (2 octobre 2001), qui se prononçait
pour la première fois sur le sujet. Cette décision
concernait une affaire opposant la société
Nikon France : même si l'utilisation du compte
mail professionnel à des fins personnelles reste
interdite, l'employeur n'a pas le droit de lire les
courriers électroniques de ses salariés.
Le cas Nikon est exemplaire. En 1995, un ingénieur
est licencié pour faute grave lorsque la direction
s'aperçoit qu'il utilise son outil de courrier
électronique du bureau à des fins personnelles.
Le tribunal des Prud'hommes et la Cour d'appel confirment
le bon droit de l'employeur, sur la base des preuves
présentées : des mails reçus et
envoyés ainsi qu'un dossier "personnel"
enregistré sur l'ordinateur professionnel de
l'ingénieur. Saisie de l'affaire, la cour de
Cassation, s'appuyant sur la Convention européenne
des droits de l'homme, en a décidé autrement
: "Le salarié a droit, même au temps
et au lieu de travail, au respect de l'intimité
de sa vie privée ; que celle-ci implique en particulier
le secret des correspondances ; que l'employeur ne peut
dès lors sans violation de cette liberté
fondamentale prendre connaissance des messages personnels
émis par le salarié et reçus par
lui grâce à un outil informatique mis à
sa disposition pour son travail et ceci même au
cas où l'employeur aurait interdit une utilisation
non professionnelle de l'ordinateur".
E-mail et tract syndical : niet !
Alors qu'il a été établi que le
mail relève d'une correspondance privée,
les syndicats ne sont pas encore près d'utiliser
le mail pour diffuser leurs informations. Ainsi, un
délégué syndical CGT d'une entreprise
de services informatiques (Steria) s'est fait rappeler
à l'ordre début avril 2001 pour avoir
envoyé deux mails d'information syndicale avant
l'élection des représentants du personnel.
Un acte interdit par la direction depuis décembre
2000. De nombreuses entreprises (comme France Télécom
ou Renault) ont en effet interdit l'usage de mails,
de forums ou de chats, à des fins d'information
syndicale. Et si son utilisation via l'Intranet est
autorisée dans certaines entreprises (sorte de
tableaux virtuels), elle est très réglementée.
Dans l'e-mail syndical, certains employeurs voient semble-t-il
un moyen incontrôlable de disséminer des
informations et des risques de saturation du réseau...
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A
voir aussi :
Forum
des droits
sur l'Internet
Cette institution
récente défriche pour le législateur
les questions juridiques liées à
l'utilisation de l'Internet. Son site, lieu d'information
et de débat, est un passage obligé,
surtout pour les recommandations
que formule ce forum. |
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