Depuis quelques mois,
les professionnels des télécommunications
n'ont plus que ce mot à la bouche. On parle ouverture
à la concurrence, de la fin du sacro-saint monopole
de France Télécom, libéralisation
et tout plein d'expressions qui sonnent doux
aux oreilles du consommateur. Chute des prix de l'ADSL, multiplication des offres et des FAI. Où en sommes nous actuellement ?
Commençons par le commencement, et la définition
du dégroupage que propose le Journal du Net dans
son Encyclopédie
: "Depuis le 1er janvier 2001, France Télécom
est obligé par la loi de permettre à d'autres
opérateurs d'utiliser ses propres lignes pour
y dispenser leurs services. Le terme dégroupage
voit son origine dans le fait que les fils de l'opérateur
historique étaient "groupés"
sur ses propres équipements dans son central.
Il doit aujourd'hui les dégrouper pour permettre
aux autres opérateurs d'y brancher les leurs.
On parle aussi de dégroupage de la boucle locale,
car il s'agit d'augmenter les offres de connectivité
à plus haut débit sur les derniers kilomètres
du réseau avant les zones résidentielles
et de bureaux.".
Liberté, égalite, dégroupé ?
Moralité, lorsqu'une une ligne est dégroupée,
un fournisseur d'accès peut assumer la prise
en charge de l'abonné d'un bout à l'autre
du réseau. Comme les données, et d'ailleurs
la voix passent alors par ses propres "tuyaux",
le prestataire s'affranchit d'une bonne part des frais
que lui facturait France Télécom. A grande
échelle, l'économie ainsi réalisée
est faramineuse. Bien sûr, les fournisseurs d'accès
la répercutent sur la facture présentée
à leurs abonnés. C'est ce qui explique
qu'en un peu moins d'un an, l'abonnement mensuel proposé
aux nouveaux clients ait été ramené
de 45 euros en moyenne à seulement une trentaine.
Pour la même raison, le niveau de prestation proposé
a fait un énorme bond en avant et ne devrait
cesser de progresser avec le développement par
exemple de la téléphonie via l'ADSL et
de bouquets de programmes audiovisuels. L'exemple le
plus flagrant est à ce jour celui de Free qui
depuis un an fait bénéficier ses abonnés
"dégroupés" d'un débit
contractuel de 2048 Kbit/s et qui peut s'envoler jusqu'à
20 Mbit/s.
Passons sur les modalités pratiques et administratives
du dégroupage. Votre fournisseur d'accès
vous indiquera la marche à suivre en temps et
en heure. Retenez tout de même que dans l'immédiat,
même si vous ne recourez plus du tout aux services
de l'opérateur historique, vous devrez impérativement ouvrir une ligne téléphonique (si vous n'en avez pas) chez France Télécom (evidemment) pour pouvoir vous connecter à Internet (et l'abonnement minimal est de 12 mois). Bizarre,
mais c'est comme ça. Pour en savoir plus, le
mieux est encore de consulter la documentation disponible
sur le site de l'Autorité
de Régulation des Télécommunications.(ART)
Et l'argent dans tout cela ?
Revenons-en aux questions
d'argent. Dans un premier temps, les fournisseurs d'accès
ont développé une offre commerciale assez
surprenante qui faisait le distinguo entre les habitants
de certaines grandes villes et le reste de la population.
Pour les uns, en zone dégroupée, des tarifs
ultra attractifs pour des débits supérieurs.
Pour les autres, un accès 1024 Kbit/s (voire 512) classique,
à un prix tout aussi classique. Une nouvelle
fracture numérique en somme. Heureusement, les
fournisseurs d'accès en sont globalement revenus.
Faute de pouvoir offrir le même débit à
tous, ils ont au moins gommé l'incohérence
tarifaire. Il faut savoir cependant que pour le fournisseur
d'accès, un client dont la ligne est dégroupée
se révèlera à terme une poule aux
oeufs d'or tandis que la fourniture d'accès à
un client "non dégroupé" est
à l'heure actuelle tout juste rentable. Les chiffres
sont tenus secrets, mais on imagine que cela frise la
vente à perte. Tant mieux pour le consommateur.
Quoi qu'il en soit, le nivellement des prix s'est donc
fait par le bas, de sorte qu'aujourd'hui, l'ensemble
des Français couverts par l'ADSL peut bénéficier
d'un accès 1024 Kbit/s à moins de
trente euros même si certains crieront toujours au scandale de voir leurs voisins surfer pour le même prix 20 fois plus vite.
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