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Septembre 2005

Chloé Lambert, actrice


© F. Dugowson
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[propos recueillis par Louis-Paul Astraud , L'Internaute]
 
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"Jai mis la robe de mariée de ma mère et je me suis présentée aux essais "

A l'occasion de la sortie en salle de "Mariages !" , un film de Valérie Guignabodet dans lequel elle interprète le rôle de Johanna, la mariée, L'Internaute a interviewé Chloé Lambert, jeune actrice que l'on a déjà vue dans Chaos (Coline Serreau) ou "24h de la vie d'une femme" (Bouhnik).

Mariages ! , écrit et réalisé par Valérie Guignabodet, est un film qui se déroule en une seule et même journée, mais pas n'importe quelle journée, celle du mariage de Johanna, interprétée magistralement par Chloé Lambert. C'est donc autour de son personnage que tourne le film sans pour autant que l'on puisse considérer que son personnage en tienne le rôle principal, car il s'agit d'un "film-choral" où Miou-Miou, Jean Dujardin, Mathilde Seigner, Lio ou encore Catherine Allégret se partagent tous la vedette. Les festivités sont l'occasion de grandes joies mais aussi de règlements de compte.
Mariages !
est un film à la fois drôle et profond qui invite à reprendre, non sans dérision ni courage, la chanson que le prêtre entonne durant la cérémonie à l'Eglise : "Qu'il est formidable d'aimer".

Vous avez commencé parallèlement au théâtre et dans des courts-métrages : c'était important pour vous dès le départ de garder un équilibre entre la scène et le cinéma ? Est-ce une double carrière que vous souhaitez conserver longtemps ?
Chloé Lambert Je fais du théâtre et du cinéma, parce que j'aime le théâtre et parce que j'aime le cinéma. C'est aussi simple que cela. En fait, je dirais qu'il s'agit d'un même métier mais que les manières de travailler sont différentes. Au théâtre, on a plus de temps, on a deux mois de répétition, on participe davantage au travail de création dans son ensemble, on a peut-être même plus d'influence sur l'allure du résultat final. Au cinéma, on n'est présent parfois que quelques jours, on n'a pas la maitrise sur l'ensemble mais on y éprouve les plaisirs de l'abandon. Il faut faire confiance. C'est pour cela que je travaille au cinéma et au théâtre, parce que j'aime les plaisirs de l'un comme de l'autre.

Au théâtre, vous avez joué dans des classiques (Anouilh, Oscar Wilde, Sarraute, Marivaux, Musset) mais aussi dans des pièces très contemporaines comme une pièce de Stéphane Druet, Marie Hasparren de Jean-Marie Besset et L'Ouest Solitaire de Martin Mc Donagh. Que recherchez-vous à travers cet ecclectisme ?
Au départ, j'avais très envie de jouer des classiques. J'ai toujours ressenti une attirance très forte pour le théâtre et celle-ci s'est d'abord exprimée pour les grands textes de la littérature. C'est ensuite que j'ai eu envie de travailler sur des textes contemporains et j'en ressenti un plaisir immense. Travailler sur des Créations, c'est l'occasion de rencontrer des auteurs vivants, c'est une expérience formidable, c'est quelque chose d'extraordinairement excitant : pour Marie Hasparren, j'ai pu rencontrer Jean-Marie Besset, pour l'Ouest solitaire, Martin Mc Donagh qui est véritablement devenu un ami.
Quand on n'écrit pas soi-même, c'est formidable de pouvoir suivre une écriture, connaître son évolution, en discuter avec l'auteur. Et puis être guidé par lui aussi. Après tout, c'est lui qui a créé le personnage, donc il sait comment le personnage doit être incarné, comment il doit être "humanisé". Je ne dis pas qu'un metteur en scène ne le sait pas bien sûr mais la rencontre avec un auteur à ce sujet est évidemment quelque chose de très particulier.
Au cinéma, cette rencontre est beaucoup plus fréquente car le réalisateur est très souvent l'auteur du film. Cela a d'ailleurs été le cas pour Mariages ! avec Valérie Guignabodet. C'est très agréable de pouvoir avoir ce double dialogue.

En 2001, vous avez doublé Naomie Watts pour son rôle dans Mullholland Drive. Qu'avez-vous retiré de cette expérience ? Allez-vous continuer à la doubler et devenir sa voix française ?
J'ai été très heureuse de le faire. Cela s'est fait sans que je le demande. En fait, j'ai été repérée par celui qui était chargé du doublage du film pour mon rôle dans Marie Hasparren de Jean-Marie Besset. Il m'a proposé de faire des essais, à moi qui n'ai jamais fait de doublages auparavant. Il était convaincu que je correspondais et que techniquement j'y parviendrais. Honnêtement, cela n'a pas été facile et c'était même beaucoup de travail parce que vous n'avez en face de vous qu'une image et aucun repère pour vous aider (je pense notamment aux répliques d'un partenaire) excepté le texte qui défile dessous. En plus, j'étais terriblement impressionnée par la prestation d'actrice de Noemie Watts dont il a fallu que je me détache pour parvenir à interpréter ses répliques. Cela a vraiment été une expérience très enrichissante, je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ai pas continué. En fait, le milieu du doublage est un milieu assez petit et il faut plutôt demander pour obtenir des rôles. Je n'ai tout simplement pas fait ces démarches parce que j'étais prise ailleurs. Mais j'aurais été très fière d'être "la voix française" d'une aussi grande actrice que Noémie Watts.

Dans Mariages ! de Valérie Guignabodet, vous êtes la mariée du film. Comment avez-vous obtenu le rôle ?
Je tournais un téléfilm avec Alexis Loret qui avait déjà été choisi pour interpréter le marié du film. Il m'a dit "la mariée n'a toujours pas été choisie", j'ai mis la robe de mariée de ma mère, je me suis présenté pour passer des essais et le lendemain, Valérie Guignabodet m'a appelée pour me proposer le rôle. Je l'ai accepté tout de suite !

L'ambiance du film est assez particulière : elle balance en permanence entre fête et règlement de compte. Est-ce que l'ambiance du tournage s'en est ressenti ?
Pas du tout ! L'ambiance du film a été très heureuse : vous savez un tournage, c'est comme une fête, ça prend ou ça ne prend pas. Et pour Mariages ! , l'ambiance a été bonne tout de suite. On s'est tous beaucoup amusés au bout de 2-3 jours. Il y a aussi eu des moments d'émotion. Par exemple quand je suis rentrée dans l'Eglise pour le mariage, c'était bizarre parce que pourtant deux minutes avant, Didier Bezace et moi, on riait, et puis l'Eglise était vide, y avait des techniciens un peu partout, eh bien pourtant on a été un peu émus. Il faut dire qu'une mariée, c'est vraiment un symbole très fort. Je n'ai jamais vu une telle différence entre moi en costume et moi sans costume. En fait, j'ai réalisé le fantasme de la petite fille qui se balade toute la journée en robe de mariée et à qui personne ne demande de l'enlever. Et ça change le regard des gens. Il y avait une petite fille de 4 ans sur le tournage, dès lors qu'elle m'a vue avec ma robe, elle ne m'a plus quittée, à un moment, je la portais dans les bras, nous avions vue sur la vallée, de son doigt, elle a montré une montagne au loin et elle m'a demandé : "La montagne aussi, elle est à toi ?". C'est un peu ça l'impression que cela fait, d'être la "reine du monde" le temps d'une journée.

Johanna est un personnage plus complexe qu'il n'y parait de prime abord, elle se révèle au fur et à mesure du film : la jeune fille un peu effacée du début devient une femme de caractère. Comment avez-vous aborder ce rôle ?
C'est exactement cet aspect qui m'a plu dans le personnage. C'est aussi la première indication que m'ait donnée Valérie Guignabodet, dès les essais : cette jeune fille doit apprendre beaucoup en une journée, parfois plus que ceux que d'autres apprennent en une vie : elle avance, elle apprend, elle grandit.
En ce qui concerne mon travail de comédienne, je dirais que les choses sont assez claires : ce sont les situations qui définissent les personnages, mieux le texte est écrit, plus les enchaînements sont logiques, plus la façon d'appréhender le rôle s'éclaire. Après, on peut toujours se donner les raisons psychologiques qui font agir un personnage, dans le cas de Johanna, je pense qu'elle met toute la journée de son mariage à se rendre compte que si elle se marie, ce n'est pas pour retrouver son père mais au contraire pour le quitter. Au début du film, elle est dans une sorte d'innocence qui consiste à refuser de voir les évidences qui sont devant elle. Et ensuite elle va droit dans le mur, elle se prend une gifle, puis deux, puis trois jusqu'à ce qu'il y en ait une suffisamment forte pour la faire réagir. Je crois que l'on a tous déjà vécu cela. En tout cas, moi oui !
C'est ce qui l'incite à faire un choix, à accepter et à être capable de renoncer à ses illusions, mais renoncer à certaines choses, cela signifie aussi pouvoir en vivre beaucoup d'autres. C'est d'ailleurs ce que lui dit sa tante à la fin du film, c'est lorsque l'on se libère de tout que l'on peut aimer.
En fait, si je dois aller jusqu'au bout de ma pensée, je crois que le mariage doit véritablement être considéré comme un rite initiatique, et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi et j'ai aimé tourner dans ce film : parce que je trouve qu'il rend très bien compte de l'aspect initiatique du mariage.


Pour en savoir sur Chloé Lambert, vous pouvez consulter sa fiche artistique : ici

FILMOGRAPHIE
Cinéma
Mariages ! (2003)
24h de la vie d'une femme (2001)
Chaos (2000)
Le Prof (1999)
Confession d'un dragueur (2000)

Théâtre
L'Ouest solitaire (2002-2003)
Marie Hasparren (2001-2002)
Le Roi Cerf (1998-2000)
L'Alouette (1999)

Il est important d'être fidèle (1998)
Elle est là (1997)
L'épreuve (1997)
On ne badine pas avec l'amour (1997)

Dehors devant la porte (1996)
Shakes Peace and love (1996)
Le retour sans retard de Martin Tammard (1995)


Télévision
La Bonté d'Alice (2004)
Maigret et le clochard (2003)
Jugement dernier (2003)
Pierre et Jean (2003)
Trop d'amour (2002)


Fiche artistique
de Chloé Lambert : ici

 
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