Durant des siècles, les marcheurs
de Compostelle étaient des "marcheurs de Dieu", c'est-à-dire
des pélerins qui faisaient route, à pied, pour Santiago
dans le but avouer de plaire à Dieu. Le chemin était
une façon de faire pénitence en rémission
de ses péchés. Aujourd'hui, un grand
nombre des personnes qui se mettent en route pour
la ville sainte le font pour des motifs religieux,
même, s'il ne s'agit plus que rarement de marcher
pour "expier".
Pour certains, une marche
religieuse
Les marcheurs religieux de Saint-Jacques sont davantage
des Catholiques que des Chrétiens au sens large,
on ne rencontre sur les chemins que peu de Protestants.
Le principe de marcher pour se rapprocher de Dieu,
cette façon très "terrienne",
très "physique" de vivre sa Foi a
quelque chose de foncièrement catholique.
C'est ce que montre le témoignage de Bénédicte,
partie avec huit amis durant l'été 2000
:
"Nous avions vraiment envie de nous rapprocher
dans la dureté des étapes, de nous connaître dans
la fatigue et l'effort et bien sur de nous retrouver
ensemble face à Dieu et pour Dieu. (...)
A chaque pas, à chaque souffle, je ne cessais de me
répéter "que c'est dur, que c'est beau ! Merci Mon
Dieu !" Bénédicte
Pour d'autres, il s'agit de tenir une promesse, qu'ils
se sont faite à eux-même ou à
un proche. C'est le cas de Roberte :
"J'avais promis à mon mari, sur son
lit de mort, que j'irai a Santagio, et c'est ce serment
qu'enfin j'ai pu tenir parce que je suis très
croyante." Roberte
Ce voyage, durant lequel elle a senti le "souffle
de Dieu" sur sa vie, lui a permis de se remettre
de cette perte :
"A mon retour, j'ai rencontré un compagnon,
et retrouver la paix du coeur, la joie du partage
et l'espérance: je suis sure que Dieu m'a entendue
!" Roberte
Il est vrai que l'amour se cache souvent dans les
méandres des motifs religieux. Il en est ainsi pour Olivier
qui a fait un pépriple de 1111 km avec sa fiancée
:
"Nous avions une réflexion à mener concernant
une vie future en couple: décidait-on ou non de se
fiancer afin marcher vers le mariage ?" Olivier
Expérience réussie puisque les deux
tourtereaux ont décidé de se marier
après avoir cheminé ensemble, partageant
une expérience inoubliable, et Olivier de conclure
:
"Partir à Saint-Jacques en sportif, c'est
rater une dimension essentielle : Compostelle est
et restera avant tout un Pélerinage. (...) Prenez
le temps de vous abandonner un peu à la Providence
!" Olivier
Mais n'allez pas croire que la majorités des
marcheurs de Compostelle sont animés par des
motivations religieuses qu'ils reconnaissent comme
officiellement rattachées à une religion.
Ceux qui font le chemin de Saint-Jacques le font d'abord
pour eux avant de le faire pour Dieu ! Ce qui ne signifie
pas que le chemin s'est complètement dé-sacralisé,
mais plutôt qu'il s'est laïcisé
et en cela ouvert à tous. Mais peut-être
plus que jamais, le chemin de Compostelle est une
marche spirituelle, au sens large.
Pour
tous, un merveilleux chemin, culturel et humain
Un grand nombre des marcheurs de Saint-Jacques
considèrent le cheminement comme une étape
dans leur vie, un moment qu'il consacre à eux-même
pour se ressourcer par une pause intélligente
et constructive. C'est ainsi que Christophe par exemple
raconte qui il a rencontré tout au long de
son chemin :
"Des personnes
qui marchaient à la suite d'évènements tragiques survenus
dans leur vie. Elles réalisaient ce pélerinage dans
une optique de changement, de reconstruction." Christophe
En d'autres termes, le chemin de Saint-Jacques, c'est
d'abord un moment que l'on consacre à soi pour
essayer d'aller mieux dans un monde dont on ne cesse
de reconnaître qu'il peut être difficile.
Et Christophe de conclure :
"Que l'on marche seul ou en groupe, au final,
on reste seul dans sa tête, ce qui laisse un
temps important de recueillement et de réflexion sur
soi-même tout en traversant des paysages sompteux.
L'arrivée à Saint Jacques après trois mois de marche
pour certains : c'est une résurrection !"
Christophe
Du coup, beaucoup des marcheurs
s'y trouvent si bien qu'ils décident d'y retourner
régulièrement (ou bien faute de temps
de le faire en plusieurs tronçons, sur plusieurs
années). C'est le cas de Damien qui trouve
la force d'aimer la vie dans son cheminement vers
Saint-Jacques :
"Je
trouve dans le chemin de Saint-Jacques une inspiration
qui me permet d'aller plus avant dans ma vie. J'y
prends le temps et le recul nécessaire pour contempler
ma vie et décider ce qui peut s'y améliorer. C'est
aussi un temps de rencontre spirituelle pour se découvrir
et découvrir l'Autre."
Damien
Et force est de constater qu'il a eu raison de
se lancer dans cette aventure puisqu'il y a rencontré
sa femme.Du coup il explique :
"Comme disent les pélerins : "ULTREYA"
: va plus loin, va plus haut. Je le conseille à tous
ceux qui veulent du changement..."
Damien
En fait beaucoup se retrouvent dans cette constatation
que le chemin de Saint-Jacques dépasse de beaucoup
la simple marche de randonnée et le pélerinage
un peu obtu. C'est la raison pour laquelle le mot
de la fin revient peut-être à Cyril qui,
après précisé que l'aspect religieux
était "étranger à sa motivation",
qu'il n'est parti que faire un "break",
cite un vieux proverbe espagnol à propos de
Compostelle :
"La meta no es Santiago, la meta es el Camino"
, ce qui signifie en français que "Le
but, ce n'est pas Santiago, le but, c'est le chemin
!" Cyril
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