Le site. Les sculptures géantes du mont Rushmore sont quelque chose d'unique au monde, et de très américain. Il s'agit de quatre titanesques portraits de présidents américains gravés directement dans une falaise au cur des Black Hills, dans le Dakota du Sud. C'est une idée qui a germé dans la tête de l'historien Robinson pour développer la région, et qui fut réalisée par le sculpteur Borglum entre 1927 et 1941.
Une allée bordée de colonnes, gravées du nom de chacun des 50 états des Etats-Unis, prépare psychologiquement le visiteur à l'impressionnant spectacle de quatre Présidents dont le visage mesure environ 18 m de haut, au sommet d'une falaise de 1740 m.
Le "Sanctuaire de la démocratie"
Il y a là Washington, l'un des "pères
de la Nation", qui combattit lors de la guerre
d'indépendance et fut le premier président
des Etats-Unis libres, de 1789 à 1799 A sa gauche,
Jefferson, autre "père fondateur",
3ème président, de 1801 à 1809.
Il rédigea la très importante " Déclaration
d'Indépendance" en 1776 : "Nous tenons
pour évidentes ces vérités que
tous les hommes ont été créés
égaux, qu'ils sont pourvus par leur créateur
de certains droits inaliénables (
) : la
vie, la liberté et la poursuite du bonheur."
Puis vient Roosevelt, le moins connu, président
de 1901 à 1909, prix Nobel de la paix. Enfin
Lincoln, président de 1861 à 1865, qui
abolit l'esclavage des Noirs, déclenchant la
guerre de Sécession. C'est lui aussi qui signa
la "Homestead Act", accordant les terre de
l'Ouest à ceux qui s'y installeraient.
Le mont Rushmore est parfois appelé le "Sanctuaire
de la démocratie".
Une terre indienne
Le site s'est installé sur une terre sacrée des Indiens Lakota. Les Lakota vénèrent les Blacks Hills depuis plus de 3000 ans. Pour eux, il s'agit "Paha Sapa", la terre sacrée centre de l'univers, crée par le Grand Mystère "Wakan Tanka", d'où sortit leur premier ancêtre. Toucher à ce sanctuaire, c'est le profaner.
Personne ne voulait de ces mauvaises terres, jusqu'en 1874 où l'on découvrit des mines d'or, puis de l'uranium. On défricha ensuite les collines pour l'exploitation forestière. Et ce jusqu'à maintenant. Les Lakota furent dépossédés de leur terre et déportés dans des réserves. En 1977 et 1980, la cour suprême reconnaît l'injustice et propose une indemnisation de 105 millions de dollars, toujours refusée. Les Lakota très pauvres et décimés par les ravages de l 'alcool, réclament la restitution complète des Black Hills.
D'autant plus que les Lakota ne portent pas les présidents représentés dans leur cur : Washington préconisait à propos des Iroquois : "n'acceptez aucune ouverture de paix tant que leurs villages n'ont pas été rasés". Jefferson voulait "poursuivre l'extermination (des Indiens) ou les envoyer à un endroit hors de (leur) atteinte."
Pour Roosevelt, la mort des indiens et l'expropriation "était une bonne chose puisque (elle) était inévitable". Il déclara aussi : "je n'irai pas jusqu'à dire que le seul bon Indien est un Indien mort, mais je crois que neuf sur dix le sont, et je ne voudrais pas regarder de trop près le cas du dixième"
Même Lincoln dut se résoudre, sous la pression, à pendre 38 Indiens qui s'étaient révoltés suite à une grande famine.
Aujourd'hui, Les Lakota (ou Dakota nom indien des Sioux) vivent toujours un peu plus loin sur des réserves, et continuent de réclamer la restitution du site.
Quant aux touristes, ils peuvent profiter d'un grand spectacle de sons et lumières projeté dans ce bel amphithéâtre naturel, chaque soir en été.
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