Alain Lecanu, secrétaire national chargé
du travail de la Confédération française
de l'encadrement, CFE-CGC.
L'APEC prévoit une reprise du recrutement des cadres
en 2005. Ces prévisions vous paraissent-elles crédibles
?
Oui, on la ressent déjà au niveau du nombre
d'offres d'embauche de cadres publiées par l'Apec.
Sur un marché en expansion, on apprécie beaucoup
leur qualification pour les rôles d'encadrement et de
gestion, on recherche beaucoup leur capacité d'adaptation.
Mais cela concerne surtout les jeunes. Le but de beaucoup
d'entreprises est d'embaucher des jeunes diplômés
qui sont moins chers.
Mais alors pourquoi le moral des cadres est-il si bas
?
On le constate au niveau de nos adhérents cadres :
il y a une réelle inquiétude par rapport au
futur. Il y a un problème de rémunération
qui ne va pas aller en s'améliorant : dans certaines
entreprises, il y a des cas de rémunérations
à trois étages avec un partie fixe, une partie
variable en fonction d'objectifs et une partie au mérite.
Quand on voit que le Medef remet en cause la prime à
l'ancienneté, on comprend le sentiment d'inquiétude
des cadres. De plus, les mesures prises par le gouvernement
ne sont pas très rassurantes pour eux : les réformes
fiscales sont très favorables aux revenus inférieurs
à 3000 euros et aux gros salaires mais les catégories
moyennes sont oubliées ce qui explique en partie cette
morosité.
Ils ont peur aussi pour la pérennité de
leur emploi ?
On le vit en ce moment même avec l'exemple flagrant
de Hewlett-Packard : du jour au lendemain, d'un seul coup,
on peut licencier les gens. Mais ce n'est pas un phénomène
nouveau : on constate depuis longtemps que les cadres sont
aussi beaucoup touchés par le chômage.
L'Apec souligne un écart entre le moral des moins
de 30 ans et celui des plus de 40 ans.
C'est un écart générationnel qui existe
depuis longtemps déjà. On le ressent dans le
sens où les plus de 40 ans sont plus attachés
à leur entreprise tandis que les jeunes travaillent
plus en mercenaire : ils travaillent sur un job, pour une
mission précise, ils vendent leur savoir faire pendant
une période donnée mais ils n'ont pas d'inquiétude
pour le futur.
|