Mars 2008
Education
: suppression de 11 000 postes en 2008
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A Paris et dans les principales villes de France, enseignants et lycéens
ont manifesté contre les suppressions de poste prévues dans
l'Education nationale à la rentrée 2008. Quels sont les chiffres
exacts et les enjeux de cette réduction des effectifs ? L'Internaute
fait le point.
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Evolution des effectifs des personnels de l'Education
nationale (public et privé) depuis 1990. © L'Internaute
Magazine
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11 200 postes seront supprimés du budget 2008.
Un chiffre qui correspond à la volonté gouvernementale de ne
pas remplacer un fonctionnaire sur trois partant à la retraite.
Lourd tribut pour les collèges et les lycées
Avec 1 115 000 fonctionnaires, l'Education nationale
représente à peu près la moitié de la fonction publique. C'est pourquoi elle
participera aussi pour moitié à la suppression des 22 700 postes
de fonctionnaires l'an prochain (soit 11 200 postes). Selon plusieurs
syndicats enseignants (FSU, UNSA Education, SGEN-CFDT), ces suppressions
concerneront pour l'essentiel les enseignants. Sur les 9 800 emplois
qui doivent disparaître dans le l'enseignement public, seuls 400 fonctionnaires
administratifs (sur un total de 285 000) sont concernés. Et
c'est l'enseignement secondaire (collèges et lycées) qui payera le plus lourd
tribut avec 9 430 enseignants en moins à la rentrée 2008.
Un chiffre qui s'explique par la baisse du nombre d'élèves
dans les collèges et les lycées. Si le taux de redoublement
n'évolue pas, le secondaire devrait perdre environ 20 000 élèves
en 2008. A l'inverse, dans le primaire, Xavier Darcos promet la création
de 1000 postes afin de compenser une forte croissance des effectifs
dans les prochaines années : 44 000 petits écoliers
en plus sont attendus à la rentrée scolaire 2008.
Vers une rationalisation de l'Education nationale
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Nombre d'enseignants du secondaire pour 1000 élèves
dans différents pays européens. © L'Internaute
Magazine
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Globalement, la France ne manque pas d'enseignants, au contraire
: avec 83 enseignants pour 1000 élèves, elle devance
largement l'Allemagne et la Grande-Bretagne (Cf. graphique). Son problème
réside dans une mauvaise répartition des professeurs par rapport
à la demande des élèves. 500 professeurs d'allemand
se sont par exemple retrouvés sans classe. Même constat pour
les professeurs de portugais. Pour Xavier Darcos, la solution se trouve dans
l'abandon ou le regroupement de l'enseignement de certaines options jugées
rares ou peu demandées, notamment celles de langues et les options
dites "professionnelles".
Il a également précisé que la création de 6 000 postes,
annoncée en juillet 2007 par François Fillon pour répondre
à des "nouveaux besoins" de l'Education nationale, correspond
en réalité à un "redéploiement interne",
c'est-à-dire à l'affectation à de nouveaux postes du
personnel actuel. Il s'agira notamment de 2 700 postes d'auxiliaires
de vie scolaire en plus pour s'occuper des enfants handicapés : leur intégration
a été définie comme une priorité de l'Education
nationale par le président Nicolas Sarkozy.
D'un point de vue budgétaire, qu'en attend-on ?
Cette suppression de postes s'inscrit dans le plan global de réduction
du déficit et de la dette en France auquel s'est engagé Nicolas
Sarkozy lors de sa prise de fonction. Le ministre du Budget Eric Woerth avait
d'abord prévu qu'1 fonctionnaire sur 2 partant à la retraite
ne serait pas remplacé dès 2008. Un objectif revu à
la baisse : ce sera 1 sur 3. Outre l'Education nationale, trois ministères
sont concernés : la Défense où 17 % des départs
en retraite ne devraient pas être remplacés, l'Intérieur
(8 %) et les Finances (7 %).
Cette réduction des effectifs de la fonction publique devrait permettre
à l'Etat d'économiser sur les salaires environ 500 millions
d'euros en 2008. Une économie qui devrait s'élever à
5 milliards d'euros en 2012 sur un total de 270 milliards d'euros
de salaires. Cependant, ces chiffres restent insuffisants pour financer le
"paquet fiscal", dont le coût est estimé à environ 10 milliards
d'euros en 2008. D'autant que le budget de l'année prochaine devrait
inclure une enveloppe supplémentaire de 8 milliards d'euros pour des
secteurs jugés prioritaires comme l'université et la recherche.
Il faudra donc explorer d'autres pistes comme la franchise médicale,
la réforme des retraites ou la TVA sociale pour que l'équipe
gouvernementale de Nicolas Sarkozy parvienne au rééquilibrage
des finances publiques avant 2012, échéance promise par le Président
aux 27 partenaires européens.
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