Affaire Tapie : des lettres prouveraient le mensonge d'Estoup et de Lantourne
L'affaire Tapie pourrait bien tourner court et la légitimité de l'arbitrage être définitivement enterrée. Deux lettres, révélées par Le Monde, retrouvées par les juges chargés d'enquêter sur ledit arbitrage, prouveraient en effet que l'avocat de Bernard Tapie avait discuté avec Pierre Estoup de l'affaire du Crédit lyonnais avant l'arbitrage rendu en 2008. Ces lettres ont été rédigées par Me Lantourne et adressées le 5 et le 12 septembre 2006 à Pierre Estoup, l'un des trois juges à avoir accordé la somme de 405 millions d'euros à Bernard Tapie pour régler le litige. Soit bien avant l'arbitrage privé.
Pourquoi est-ce une preuve ?
Selon Le Monde, le contenu des deux lettres prouvent que l'avocat de Bernard Tapie a menti en affirmant aux enquêteurs qu'il n'avait jamais discuté avec Pierre Estoup de l'affaire du Crédit Lyonnais. "Il est exclusivement question du conflit entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais, lié à la vente d'Adidas" écrit même Le Monde. Rappelons que Pierre Estoup avait déclaré en décembre 2013 devant la Cour de justice de la République ne "jamais [avoir] eu l'occasion de connaître de contentieux ayant pu intéresser Bernard Tapie". Lui aussi aurait donc pu mentir à ce sujet.
Rappelons aussi que les deux hommes ont gagné beaucoup d'argent dans cette affaire : l'avocat de Bernard Tapie a perçu 2,5 millions d'euros d'honoraires, Pierre Estoup a touché, lui, près de 300 000 euros pour son rôle d'arbitre. Les deux hommes auraient-ils prémédité un "coup" ? La thèse de l'escroquerie en bande organisée devient en tout cas de plus en plus crédible aux yeux des juges chargés d'établir la vérité sur l'affaire.
Bernard Tapie et son avocat contestent
L'avocat de Bernard Tapie, déjà clairement suspecté d'avoir eu des relations commerciales avec Me Lantourne, devra s'expliquer devant la justice. Pour l'heure, l'homme appelle à "la plus grande prudence sur les documents saisis, qui ne sont parfois que des projets de lettres" rapporte Le Monde. "Par ailleurs, je maintiens n'avoir jamais demandé à M. Estoup de travailler en 2006 sur ce dossier" fait savoir M. Lantourne.
Une explication que reprend à son compte Bernard Tapie. L'homme d'affaires interrogé par BFM TV a estimé que "98,5 % de ce qui est écrit est bidon. [...] Ce ne sont que des projets, qui, d'après Me Lantourne, n'ont jamais été envoyés".
EN VIDEO - Pour Bernard Tapie, qui donne ici sa version du litige avec le Crédit Lyonnais, l'arbitrage n'est pas contestable :