Agression homophobe : la photo qui bouleverse le Web
Wilfred de Bruijn a réussi à faire parler de son agression. A ajouter à cette expérience douloureuse une dimension militante. Dans la nuit de samedi à dimanche, vers 3h25 du matin, alors qu'ils rentraient d'une soirée d'anniversaire chez des amis, Wilfred et son compagnon Olivier ont fait une très mauvaise rencontre dans le 19e arrondissement de Paris, près du métro Ourcq. Olivier raconte qu'ils marchaient lorsqu'il a entendu une phrase du type "Tiens, des homosexuels". Avant que les coups ne pleuvent. Wilfred tente de dessiner la chronologie des événements : "Moi, j'ai vite été à terre et j'ai reçu de nombreux coups de pied dans le visage. Ils étaient 3 ou 4, mais c'est flou. Olivier a hurlé et ils sont partis. Un témoin est venu. Ils ont appelé la police, qui est arrivée très vite, mais le témoin était déjà reparti. J'ai repris connaissance dans l'ambulance qui nous menait à l'hôpital Lariboisière", a-t-il expliqué à TF1.
Après l'agression, Wilfred de Bruijn a décidé de poster sur Facebook la photo de son visage tuméfié (voir ci-dessous). Un cliché impressionnant, qu'il a accompagné d'une légende (en anglais) : "Désolé de vous montrer ça. C'est le visage de l'homophobie. La nuit dernière dans le 19e arrondissement de Paris, Olivier et moi avons été roués de coups juste pour avoir marché bras dessus, bras dessous. Je me suis réveillé dans une ambulance couvert de sang, avec une dent manquante et des os cassés autour de l'œil. Je suis rentré maintenant. Très triste. Olivier s'occupe de moi. J'ai un arrêt de travail pour 10 jours au moins."
Depuis, l'image a fait le tour du Web, même si Wilfred a hésité avant de la rendre publique. "On a douté, parce que ce n'est pas de très bon goût, mais c'était un moyen de prévenir nos amis". Mais la diffusion de cette photo choquante est surtout un "acte politique". "Si c'est un fait divers banal, il s'inscrit dans un contexte. Je suis Hollandais. Je vis en France depuis 2003 et je suis très choqué de ce que je vois depuis cet été, avec le débat sur le mariage pour tous. Des responsables religieux, politiques ont tenu des propos extrêmement violents." Même s'il tempère : "Nos agresseurs n'ont peut-être pas été au courant de ces propos et chacun est responsable de ses actes", a expliqué la victime à Rue 89. Les deux hommes ont porté plainte, en espérant que les enregistrements des caméras de surveillance donneront des indices sur l'identité des agresseurs.
EN VIDEO – Le projet de loi sur le mariage pour tous est en ce moment examiné par le Sénat.