Assistant(e) sexuel(le) : qu'est-ce que c'est ?

Assistant(e) sexuel(le) : qu'est-ce que c'est ? Le département de l'Essonne envisage de développer un service public de l'aide sexuelle pour les personnes handicapées. De quoi s'agit-il ?

[Mis à jour le 22 mars 2013 à 10h53] La question fait débat depuis plusieurs années dans l'Hexagone. Un débat relancé par la sortie début mars en France du film "The Sessions", qui relate l'histoire vraie d'une assistante sexuelle américaine qui a aidé un handicapé de 38 ans dans la découverte de son corps (voir un extrait du film ci-dessous). La France va-t-elle à terme former des accompagnateurs pour aider les personnes lourdement handicapées dans leur vie sexuelle ? Cette activité existe déjà ailleurs en Europe, notamment en Allemagne, en Suisse ou aux Pays-Bas. Aujourd'hui, le président du conseil général de l'Esonne, le socialiste Jérôme Guedj, entend réfléchir à un statut d'assistant sexuel pour son département. Un service public de l'assistance sexuelle aux handicapés, qui viserait à les aider à avoir accès à une sexualité.

Si la question n'est qu'en réflexion pour le moment dans l'Essonne, en quoi consisterait à terme un statut d'assistant sexuel s'il était créé ? Pour Jérôme Guedj, interrogé par Le Parisien, ce service n'a "rien à voir avec de la prostitution" et pourrait aller "de la sensibilisation des personnes handicapées dans les établissements spécialisés à de l'information pratique telle la contraception" à "une forme d'assistance qui pourrait aller du contact aux massages, aux caresses, voire plus". En Suisse, par exemple, les assistants sexuels suivent une formation avant de s'occuper pour la première fois des besoins sexuels des personnes souffrant de handicap qui en font la demande. L'aide sexuelle peut aller de la stimulation érotique ou de caresses jusqu'aux rapports sexuels.

Le 12 mars dernier, le Comité national consultatif d'éthique a rendu en France un avis défavorable sur la question des assistants sexuels, pour lesquels plaide notamment le Collectif Handicaps et sexualités OSE. Le projet du président de l'Essonne est aussi vu d'un bon œil par l'Association des paralysés de France, qui parle d'une initiative "encourageante".

L'initiative de Jérôme Guedj ne fait en tout cas pas l'unanimité et est même vivement critiquée, y compris dans son propre camp. Une autre élue PS de l'Essonne, Maud Olivier, s'est élevée contre l'idée de son confrère. Sur son blog, la député socialiste a publié un communiqué dans lequel elle n'hésite pas à comparer l'assistanat sexuel à la prostitution. Selon elle, cette forme d'assistanat serait "une mauvaise solution" car elle "enfermerait les personnes handicapées dans un ghetto sexuel" en mettant de côté l'aspect affectif de la relation. Selon l'élue, il faut à l'inverse travailler sur le "regard de la société, l'accessibilité, le respect de la vie intime et privée" des personnes handicapées. Ces dernières auraient avant tout besoin selon elle d'une vie affective avant d'envisager tout rapport sexuel.

EN VIDEO – Un extrait du film "The Sessions", sorti le mercredi 6 mars en France.

"The Sessions"