Le Mixed Martial Arts, entre clichés et réalité

Riche d'un engouement international, sport parmi les plus complets au monde, et pourtant encore controversé en France, le Mixed Martial Arts (MMA) mérite qu'on lui accorde toute son attention ...avant d'en faire son procès.

Le Mixed Martial Arts (MMA), discipline sportive mélangeant les techniques de plusieurs arts martiaux, connaît une réelle montée en puissance en France alors qu’elle est encore souvent victime de sa méconnaissance et de sa mauvaise réputation. Alors pourquoi ce sport commence-t-il à exploser dans notre pays et pourquoi certains continuent-ils à le décrier ?

Pratiquement inconnu en France jusqu’en 2007, le MMA est une discipline véritablement reconnue à l’étranger et qui, dans sa pratique, dépasse internationalement la boxe ou encore le catch. Alors qu’ils n’étaient qu’une minorité à s’intéresser à ce sport dans l’Hexagone il y a de cela quelques années, ils sont plusieurs milliers aujourd’hui à le pratiquer. Les clubs, de plus en plus nombreux à le proposer, fédèrent des sportifs venant de tous horizons et de toutes classes sociales.

Si ce sport connait une véritable croissance, il reste en proie à sa mauvaise réputation imméritée puisque les compétitions et leurs retransmissions en direct sont interdites sur le territoire français et que, pour beaucoup encore, MMA rime avec violence et bestialité : « des combats voyants s’affronter des animaux dans une cage ». À l’origine, les premiers tournois de MMA avaient pour but de voir s’affronter deux combattants pratiquants deux arts martiaux différents afin de voir quel sport était le plus efficace. Malheureusement, le MMA reste victime de ses débuts : à cette époque – au début des années 90 —, il est vrai que la discipline n’était régie par aucune règle et une campagne marketing mettant en avant la violence a conféré une image animale et primale à ce sport. Mais aujourd’hui, le MMA n’a plus rien à voir avec ce qu’il était à ses balbutiements. Encadré par de vraies règles et par des professionnels — arbitres et médecins —, il est dorénavant régi, sécurisé, tout en portant des valeurs sportives fortes. N’en déplaise à ses détracteurs, les pratiquants ne sont pas des brutes épaisses qui cherchent à massacrer leur adversaire, il s’agit de passionnés d’arts martiaux et sports de combats qui se retrouvent pour « transpirer » et apprendre une discipline complète, un mixte de différents sports reconnus, dans lesquels ils se doivent d’exceller.

Pierre Berillon, 20 ans, ancien pratiquant de pentathlon, aujourd’hui combattant professionnel de MMA, explique ce qui anime sa passion : « L’intérêt de ce sport, c’est qu’il est très technique et stratégique. J’entends par là que pour être bon, ce n’est pas la force qui prime, mais l’intelligence tactique. Excellent pour le mental, il permet un réel dépassement de soi, assurant la forme physique puisqu’il sollicite tous les muscles du corps. Le MMA est une discipline très complète, un mixte de plusieurs autres sports de combat. Le seul problème, c’est le manque de reconnaissance de cette discipline dans notre pays. Moi qui ai participé aux championnats d’Europe de MMA et Pankration, je regrette de n’avoir pu compter sur un soutien : c’est toujours frustrant de défendre les couleurs d’un pays encore sur la réserve concernant le MMA. Aujourd’hui combattant professionnel, j’ai dû abandonner mes études et trouver un sponsor, sans pouvoir par exemple, à l’image d’autres sports, m’appuyer sur l’Insep pour vivre ma passion. »

 Malgré les réticences des pouvoirs publics français et de certaines fédérations à accepter ce sport, il est difficile d’imaginer que le MMA reste interdit encore longtemps aux vues de son succès à l’international, de son respect des valeurs sportives et du nombre de personnes qu’il fédère. En 2001, seulement deux pays accueillaient la fédération organisatrice de compétition MMA, dix ans plus tard ils sont 147 ! Il est coutume d’entendre que la France a vingt ans de retard sur le monde qui l’entoure… Malheureusement la situation actuelle ne semble pas vouloir démentir cet adage !