Agent des impôts tué à Bullecourt : un acte prémédité ? Ce que l'on sait du suspect
[Mis à jour le 22 novembre à 14h36] Le drame de Bullecourt est encore dans les esprits, deux jours après la mort d'un agent des impôts survenue pendant un contrôle fiscal dans le village du Pas-de-Calais. Ce mercredi 23 novembre, à midi, un hommage a été rendu à la victime qui était inspecteur principal de la Direction départementales des finances publiques par tous les fonctionnaires du secteur. De leur côté, les enquêteurs poursuivent les investigations pour déterminer les circonstances de la mort de l'homme de 43 ans et les raisons qui ont poussé le principal suspect à séquestrer l'agent du fisc et sa collègue avant de se donner la mort à l'aide d'une arme à feu. L'enquête, menée par la section de recherches de Lille et la brigade de recherches d'Arras, a permis de préciser le profil de l'auto-entrepreneur aussi présenté comme un brocanteur suspecté de l'assassinat. Certains points restent flous notamment la présence éventuelle d'un des deux enfants du suspect sur la scène de crime, selon une information relayée par France info, le fils du mis en cause, âgé de 13 ans, était présent sur les lieux mais n'a pas été témoin des faits.
La mort de l'agent des impôts pourrait avoir été préméditée d'après les déclarations du procureur de la République d'Arras lors de la conférence de presse du 22 novembre. Le suspect avait rendez-vous avec les représentants du fisc dont la venue était prévue et est le premier élément qui permet de suivre la piste de la préméditation. Le second indice étant la présence et l'utilisation de colliers de serrage sur les lieux du crime, ces même liens ont servi pour attacher les deux agents à des chaises. La collègue vérificatrice de la victime était d'ailleurs toujours "ligotée" et poings liés à une chaise à l'arrivée des gendarmes sur place.
Que s'est-il passé lors du contrôle fiscal de Bullecourt ?
Le déroulé des faits et les circonstances de la mort de l'agent du fisc ont été précisées par les déclarations du procureur de la République d'Arras, moins de 24 heures après le drame. L'agent des impôts et sa collègue avaient rendez-vous à 14 heures au domicile du mis en cause pour procéder à un examen de la situation fiscale de l'entreprise du suspect, spécialisée dans la brocante. Vers 16 heures, le mis en cause a téléphoné à son ex-compagne pour lui demander de venir, laquelle a, une fois sur place, aperçu à travers le fenêtre l'inspectrice "ligotée". Elle n'est pas entrée dans la maison du suspect et a prévenu les gendarmes qui sont arrivés sur les lieux peu après 18 heures.
À leur arrivée, les enquêteurs ont découvert l'inspectrice "ligotée sur une chaise" à l'aide de colliers de serrage et "profondément choquée", le corps de l'agent des impôts décédé de "plusieurs coups de couteaux au dos et au thorax" et, enfin, le corps du mis en cause dans une dépendance de l'habitation. Le suspect se serait donné la mort à l'aide d'une arme à feu trouvé à côté de sa dépouille. L'inspectrice de 39 ans, seule survivante du contrôle fiscal, a été prise en charge par les services d'urgence et est actuellement auditionnée par les enquêteurs pour préciser les circonstances de la mort de son collègue.
Le meurtre était-il prémédité ?
L'enquête, qui n'en est qu'à ses premières heures, semble s'orienter sur la piste d'un acte prémédité, d'où la retenue de l'assassinat comme chef d'accusation. La présence de colliers de serrage ayant servi à ligoter les victimes appuie la thèse d'une préméditation, mais les investigations doivent confirmer les circonstances et les raisons qui ont poussé l'homme à tuer l'agent des impôts de 43 ans. Outre la préméditation, l'enquête doit aussi déterminer la situation financière du suspect et les relations qu'il entretenait avec les agents du fisc, éventuellement l'existence de désaccords ou d'altercations. Le procureur de la République a précisé que l'intervention du fisc était prévue dans le cadre d'une démarche engagée depuis mai 2022 sur la vérification de la comptabilité du mis en cause. La venue en binôme des inspecteurs peut se justifier par des mesures de sécurité, mais d'autres raisons peuvent aussi expliquer la présence de deux agents au domicile du suspect dans l'après-midi de lundi.
Deux agents des impôts pris pour cible
L'identité des deux agents du fisc agressés dans la soirée du lundi 21 novembre n'ont pas été confirmées lors de la conférence de presse du procureur de la République d'Arras, mais leurs noms ont été dévoilés dans les médias. L'homme décédé de "plusieurs coups de couteaux au dos et au thorax" était un chef de brigade de vérification de la Direction départementale des finances publiques de 43 ans, prénommé Ludovic Montuelle et le journal précise que sa présence était un renfort pour sa collègue vérificatrice, Hélène P. La femme âgée de 39 ans a été retrouvée vivant et ne présente pas de blessures physique mais est "profondément choquée", a détaillé le procureur. Victime et témoin de la mort de son collègue, l'agente a été auditionnée par les enquêteurs dans la soirée du 22 novembre.
Qui était le brocanteur et principal suspect ?
Le profil de l'homme suspecté d'avoir séquestré et assassiné l'agent des impôts se précise. L'homme de 46 ans qui se serait suicidé, à l'aide d'une arme à feu, d'une balle dans la poitrine était divorcé, père de deux enfants et installé dans la commune de Bullecourt, à quelques kilomètres d'Arras selon le maire, Eric Bianchin. "Il avait acheté une ferme rue de Quéant, où il faisait des ventes chez lui. Il vidait les maisons, les vide-greniers et revendait chez lui". Le mis en cause présenté comme un brocanteur était en fait un auto-entrepreneur qui revendait les affaires dont il débarrassait certaines maisons. "Je n'ai jamais eu de problème avec lui, il était serviable, c'était une personne lambda. Il était intégré dans le village", a ajouté le maire, rappelant que le mis en cause ne s'était jamais montré violent. Pourtant d'autres témoignages cités dans Le Parisien décrivent un "homme très sanguin, capable de s'emporter verbalement, même si cela ne débouchait pas sur de la violence physique". D'après les déclarations du procureur de la République, l'homme était connu de la justice pour des faits de droit commun et avait été impliqué dans une affaire de violences sur mineur, pour des "bousculades", en 2010. L'affaire avait conduit le mis en cause à suivre en 2019 un stage de prévention sur les violences.
Le suspect avait des problèmes d'argent
Cela pourrait être une des pistes concernant le mobile du suspect : l'homme semblait souffrir de problèmes de trésorerie et devait répondre à l'administration fiscale à qui il devait des centaines de milliers d'euros selon le témoignage d'une amie proche dans Le Parisien. La témoin précise toutefois n'avoir "jamais perçu d'angoisse chez lui à cause de cela". Autre indice des pressions financières qui pesaient sur le mis en cause : le message "Tu banques" inscrit en grandes lettres blanches sur les murs de la ferme.