Affaire Shaïna : que risque l'ex-petit ami accusé d'assassinat ?

Affaire Shaïna : que risque l'ex-petit ami accusé d'assassinat ? Le verdict du procès pour l'assassinat de Shaïna, une adolescente de 15 ans retrouvée brûlée vive en octobre 2019, doit être rendu ce vendredi 9 juin 2023 par la cour d'assises des mineurs de l'Oise. L'accusé, ex-petit ami de la victime, nie les faits. 30 ans de prison ont été requis contre lui.

[Mis à jour le 9 juin à 18h08] Le verdict du procès de l'assassin présumé de Shaïna doit être rendu dans la soirée, ce vendredi 9 juin, par la cour d'assises des mineurs de l'Oise. Au cours de la dernière journée d'audience de ce procès, qui s'est ouvert lundi dernier, l'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle contre l'accusé, l'ex-petit ami de Shaïna, qui avait 17 ans au moment des faits, rapporte Le Figaro. Une lourde peine requise qui ne pourra être prononcée que si l'excuse de minorité du suspect est levée. L'avocat général a donc requis que cette excuse soit levée, rapporte le quotidien, relayant les déclarations faites à l'AFP par les avocats de la défense et de la famille. Si le jury ne retient pas cette levée d'excuse de minorité, l'accusé pourrait être condamné à une peine maximale de 20 ans de prison.

En octobre 2019, la jeune fille de 15 ans avait été retrouvée poignardée et brûlée vive dans la cité de Plateau Roucher, à Creil (Oise). Principal suspect dans cette affaire et seul accusé au procès, son ex-petit ami a été placé en détention provisoire depuis son interpellation en octobre 2019. Le mis en cause nie tous les faits qui lui sont reprochés. Si la famille de Shaïna ne s'attend pas à ce que l'accusé change de discours, ils attendent "que la justice [leur] donne des réponses" ont-ils déclaré auprès de BFMTV.

Les réponses qu'espèrent trouver les parents de l'adolescente décédée sont encore nombreuses malgré la tenue d'un premier procès en début d'année 2022 sur les agressions sexuelles dont avait été victime leur fille quelques années avant d'être assassinée. Après ce deuxième rendez-vous avec la justice, un troisième procès devrait avoir lieu cette fois pour des faits de violences aggravées commis contre Shaïna.

Mort, agressions sexuelles... Qu'est-il arrivé à Shaïna ?

Retrouvée morte dans un cabanon de jardin incendié et situé à quelques pas de l'immeuble dans lequel elle habitait, à Creil, Shaïna a été assassinée de plusieurs coups de couteau avant d'être brûlée vive alors qu'elle était enceinte. Le petit ami que la jeune fille avait à l'époque est suspecté d'être l'auteur du crime et la grossesse, a priori imprévue, pourrait avoir été la motivation de l'assassinat d'après les éléments recueillis par les enquêteurs de police lors des investigations. Selon le déroulé présumé des faits, le jeune homme aurait donné rendez-vous à Shaïna dans ce cabanon, dans lequel il aurait préalablement caché un couteau, pour l'assassiner. De son côté, l'accusé nie fermement être à l'origine du meurtre de l'adolescente.

Shaïna avait été victime d'autres agressions les deux années précédant sa mort. Le calvaire de l'adolescente avait commencé en 2017, alors qu'elle avait 13 ans. La jeune fille avait été victime d'un chantage de son précédant copain qui détenait une photo intime d'elle. Contrainte d'accorder des faveurs sexuelles au jeune homme pour éviter la diffusion du cliché, Shaïna avait refusé de céder à la menace, mais avait été prise au piège et agressée sexuellement par son petit ami et deux amis de ce dernier, respectivement âgés de 16 et 17 ans. Le viol de l'adolescente avait été filmé et diffusé sur les réseaux sociaux.

Après cette agression, la jeune fille avait porté plainte auprès de la police et changé de collège, mais souffrait d'une réputation de "fille facile" après la diffusion des images et vidéos précitées. En plus d'essuyer les insultes, Shaïna continuait d'être harcelée par ses agresseurs tenus à distance pendant un an par des mesures d'éloignement jusqu'en mai 2019, date à laquelle la jeune fille a été passée à tabac par son ex petit ami et quatre autres personnes. Six mois plus tard, l'adolescente aurait été cette fois victime de son nouveau petit ami.

Les dernières années de Shaïna "concentrent toutes les formes de violence qu'une femme peut recevoir, à la fois les violences morales et les violences physiques", estime l'avocate de la famille de la victime, Me Negar Haeri auprès de BFMTV. Selon elle la jeune femme n'a pas été "écoutée, entendue tout de suite" quand elle a signalé les violences dont elle était la cible. Aujourd'hui, le procès ne pourra pas atténuer la colère ou la peine de la famille, mais il peut reconnaître le mal qui a été fait à Shaïna.

Qui est l'accusé dans l'affaire de la mort de Shaïna ?

L'adolescente de 15 ans a eu plusieurs bourreaux, mais l'individu suspecté d'être son assassin est le petit ami qu'elle fréquentait depuis quelques semaines avant sa mort. L'accusé avait alors 17 ans et se serait intéressé à la jeune fille pour sa réputation de "fille facile", écrit Le Canard enchaîné. Aujourd'hui âgé de 21 ans, le jeune homme continue de nier les faits qui lui sont reprochés. Placé en détention provisoire, il aurait pourtant était prolixe auprès de ses codétenus - et de ses amis avant d'être incarcéré - sur le meurtre de Shaïna. "Je préfère prendre trente ans que d'être le père d'un bâtard" aurait déclaré l'accusé en prison ajoutant avoir "tué sa copine qui était une pute qu'il avait mise enceinte", rapporte Le Parisien. Des dénonciations faites à tort dans le cadre de conflits entre détenus selon l'avocate de l'accusé, Me Arfi.

Les témoignages seront cruciaux dans le verdict du procès de l'assassinat de Shaïna, mais les deux parties comptent aussi sur les éléments mis au clair par l'enquête dont certaines incriminent l'accusé : un emploi du temps flou sur lequel l'homme serait revenu, des déclarations incohérentes lors des auditions, des traces de brûlures sur ces jambes lors de son interpellation et des traces de sang sur ces chaussures remarquées par une témoin. "Mais aucune preuve matérielle ne le relie à ce crime", réplique l'avocate de la défense auprès du journal francilien.

Que risque l'accusé au procès sur la mort de Shaïna ?

Le procès sur l'assassinat de Shaïna doit statuer sur la culpabilité de l'accusé. Ce vendredi 9 juin, l'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle contre lui, et a également requis que soit levée son excuse de minorité, indique Le Figaro. Le jeune homme, âgé aujourd'hui de 21 ans, avait 17 ans au moment des faits. Si le jury ne suit pas les réquisitions de l'avocat général concernant son excuse de minorité, le suspect encourt jusqu'à vingt ans d'emprisonnement.

Malgré les éléments et les témoignages à charge obtenus par les enquêteurs contre l'accusé, le mis en cause et son avocate comptent plaider l'acquittement. Leur argument de défense ? L'absence de lien direct et tangible entre le suspect et la scène de crime et le fait que les enquêteurs ont suivi, selon eux, une seule piste : celle pointant vers l'accusé.

Déjà des condamnations dans l'affaire Shaïna 

L'affaire Shaïna est telle que trois instructions ont été ou sont encore menées par la justice. Un premier procès s'est tenu le 31 janvier et 1er février 2022 au tribunal correctionnel de Senlis pour juger les auteurs des agressions sexuelles commises sur Shaïna en 2017. Après l'appel interjeté par le procureur de Senlis, les quatre prévenus ont écopé de peine allant de 6 mois de prison avec sursis à 2 ans d'emprisonnement avec sursis, une décision rendue le 1er juin 2023.

Le procès pour l'assassinat de Shaïna est une nouvelle étape du parcours judiciaire de la famille de l'adolescente qui n'est pas prêt de finir. Selon le verdict du procès en assises, qui doit être rendu ce vendredi 9 juin, le recours à un appel d'une des parties est possible. Surtout, une troisième instruction est en cours en vue d'un nouveau procès portant cette fois sur des faits de "violences aggraves", de "vol" et de "menaces" commis sur Shaïna.