Fusillades à Sevran : trois meurtres causés par les opérations anti-drogue ?
Nouvelle fusillade à Sevran. Deux hommes âgés de 31 et 35 ans ont été tués par balles ce dimanche 5 mai, vers 18h30, dans la cité Basse située dans la ville de Seine-Saint-Denis. Un homme aurait ouvert le feu avec une arme de poing depuis une voiture avant de prendre la fuite selon les informations d'Actu17. Une vingtaine de douilles de calibre 9 mm ainsi qu'un chargeur auraient été retrouvés sur la scène de crime. Les deux victimes sont décédées sur place malgré l'intervention des secours. Elles étaient toutes les deux connues pour trafic de stupéfiants a précisé le préfet de police, Laurent Nunez, qui s'est rendu au commissariat de Sevran dimanche soir. "On a des bonnes raisons de penser que les faits de ce soir ne sont pas totalement étrangers au trafic de stupéfiants", a-t-il ajouté par ailleurs.
Ces meurtres sont intervenus seulement deux jours après une précédente fusillade ayant fait un mort et six blessés vendredi soir, toujours à Sevran, dans le quartier des Beaudottes. Là encore, des individus auraient ouvert le feu depuis une voiture et auraient tiré en rafale avec une arme de type Kalachnikov. Pour l'heure, aucun lien n'a été établi entre les deux fusillades selon Laurent Nunez. Une enquête a été ouverte et confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris.
Des fusillades liées aux opérations Place nette XXL
Si les deux fusillades survenues à Sevran dans le courant du week-end ne sont pas encore officiellement liées selon les enquêteurs, un fonctionnaire a estimé auprès du Parisien que les meurtres de dimanche sont "très probablement le match retour de ce qui est arrivé vendredi. D'après ce que je sais, ce serait une exécution, une balle tirée dans la tête". L'hypothèse reste à confirmer.
Mais ce qui est certain pour la préfecture de police, c'est que ces fusillades sont des réponses des trafiquants aux opérations Place nette XXL qui perturbent le trafic de drogue. "Le point de deal de la cité Rougemont à Sevran a été éradiqué. Les investigations judiciaires menées ont permis d'interpeller de nombreux trafiquants, de démanteler des réseaux et de saisir plusieurs dizaines de kilogrammes de cannabis. Il est évident que ces opérations déstabilisent le trafic et suscitent des guerres de territoire pour se réapproprier les points de deal démantelés", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
Le maire divers gauche de Sevran, Stéphane Blanchet, pointe également du doigt le trafic de drogue comme principale cause de ce "déchainement inouï de violence" qui "ne se produit pas par hasard". "C'est le trafic, l'argent sale de l'économie de la drogue qui est responsable. Cette économie parallèle s'est organisée avec ses petits patrons, ses petites mains, ses salariés et ses structures de blanchiment de l'argent sale, entachées de sang et de mort" a-t-il regretté dans un communiqué.
"Il faut faire encore davantage" contre le trafic
Un constat qui appelle une réponse de l'Etat selon le maire. "Il faut faire encore davantage. Il faut taper, taper très fort" a insisté Stéphane Blanchet sur franceinfo ce lundi 6 mai :"Il faut des actes. Il faut aussi que les hautes autorités de l'État s'expriment avec des actes. Ce n'est pas le Far West, c'est une ville qui a besoin que l'État mette les moyens". Dimanche soir, le préfet de police a assuré la poursuite des efforts de la police "à la fois en termes d'investigations judiciaires sous l'autorité des magistrats et en matière de sécurisation" alors que le maire de Sevran craint que cela recommence.