Mehdi Nemmouche : témoignages, peine attendue... Comprendre le procès du jihadiste français

Mehdi Nemmouche : témoignages, peine attendue... Comprendre le procès du jihadiste français Le procès de Mehdi Nemmouche, déjà condamné à la perpétuité pour l'attentat du musée juif de Bruxelles, et de quatre autres jihadistes s'ouvre ce lundi à Paris. Ils sont accusés d'avoir détenu des journalistes français en Syrie.

Ce lundi 17 février 2025, s'ouvre devant la cour d'assises spéciale de Paris le procès de cinq jihadistes pour "séquestration, actes de torture et de barbarie en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste" perpétrés sur sept Occidentaux, dont quatre journalistes français entre 2013 et 2014. Sur les cinq accusés, deux sont présumés morts en Syrie et seront jugés par contumace.

Les trois autres seront présents en encourent la perpétuité, dont Mehdi Nemmouche, déjà condamné à la peine maximale en 2019 pour l'attentat du musée juif de Bruxelles commis en 2014 qui avait fait quatre morts. Les auditions des parties civiles sont prévues mercredi et jeudi, les interrogatoires débuteront la semaine d'après avec celui de Mehdi Nemmouche. Le procès est prévu jusqu'au 21 mars

"Quatre jours et quatre nuits sans boire ni manger"

Les cinq hommes jugés à partir de ce lundi sont accusés d'avoir détenu des journalistes français sous l'Etat islamique (EI) en Syrie en 2013. Pour rappel, les journalistes Didier François et Edouard Elias, puis Nicolas Hénin et Pierre Torres, avaient été enlevés à dix jours d'intervalle en juin 2013, dans la région d'Alep pour les deux premiers cités et de Raqqa pour les suivants.

Libérés le 18 avril 2014, ils avaient témoigné des violences physiques insoutenables subies, ainsi que de sévisses psychologiques, privations de nourriture et simulacres d'exécutions. "Ils nous enlèvent nos lunettes, nos ceintures et nos chaussures et nous emmènent menottés dans une camionnette vers le premier lieu de détention", confie Didier François auprès de BFMTV. Après avoir passé "quatre jours et quatre nuits sans boire ni manger", il indique avoir été obligé de boire "l'eau des toilettes". Il avait perdu 30 kilos pendant sa captivité.

"Il sait qu'il ne sortira jamais de prison"

Le 24 mai 2014, Mehdi Nemmouche avait lui tué quatre personnes au musée juif de Bruxelles. Une fois sa photo publiée dans la presse, plusieurs ex-otages en Syrie l'ont tout de suite reconnu, il est soupçonné d'avoir été "Abou Omar", un de leurs geôliers en Syrie. En entendant sa voix, ils en sont même sûrs "à 100 %". Aujourd'hui âgé de 39 ans, "il sait qu'il ne sortira jamais de prison", a déjà annoncé son avocat Me Francis Vuilemin.

Il s'exprimera en revanche pour contester avoir tenu "le rôle de geôlier qu'on lui prête", poursuit-il au micro de TF1/LCI. Pendant l'enquête, Mehdi Nemmouche était décrit comme un "pervers", délinquant converti dans le "nettoyage ethnique religieux", et admiratif de Mohamed Merah - tueur d'enfants juifs dans une école à Toulouse en 2012 - comme il l'avait indiqué. "Il me disait qu'il rentrait dans les familles irakiennes ou syriennes, violait la femme, abattait les enfants, égorgeait l'homme, puis se servait dans leur frigidaire", raconte Didier François à son sujet.

Mehdi Nemmouche n'est pas le seul djihadiste jugé à partir de ce lundi 17 février. Les dossiers de deux autres cadres de l'Etat islamique (présumés morts) seront également étudiés, au même titre qu'Abdelmalek Tanem (35 ans), soupçonné d'avoir été un des geôliers, et le Syrien Kais Al Abdallah (41 ans), qui fut selon l'enquête le facilitateur de l'enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres.

De son côté, l'ancien journaliste et otage en Syrie Nicolas Hénin dit sur France Inter vouloir "faire comprendre" aux jihadistes "qu'ils ont perdu".  "Ce que veulent les terroristes, c'est que nous ayons collectivement peur, ce qu'adoreraient les terroristes, c'est que je débarque à l'antenne de France Inter et que je vienne raconter par le détail leur sadisme, de façon à ce que chacun de vos auditeurs soit glacé d'effroi (...) Je me bagarrerai, y compris au tribunal, pour leur faire comprendre qu'ils ont perdu", a-t-il assuré avant le procès.