Dans les coulisses du défilé aérien du 14-Juillet... Nos images des répétitions
C'était la dernière répétition, peut être la plus importante. Celle pendant laquelle les pilotes et le commandement opérationnel ont une poignée de minutes pour tout calibrer à la perfection avant le jour-J. Le mardi 11 juillet, à 15 heures tapantes, des dizaines d'aéronefs ont survolé l'avenue des Champs-Elysées, à Paris, pour simuler le défilé aérien du 14-Juillet. La pression était palpable sur les épaules des militaires de l'Armée de l'Air et de l'Espace, mais la fierté et l'honneur d'être appelés à défiler plus évidents encore.
"Survoler les Champs-Elysées, cela n'arrive qu'une fois dans l'année et tout le monde n'est pas l'heureux élu, il y en a pour qui c'est la première fois. C'est très important de trouver nos marques et de voir l'environnement en vol", a souligné le général de division aérienne Thierry Gouaichault, qui supervise le défilé. Nous avons assisté à cette répétition générale, deuxième et dernier essai avant le grand show, et contemplé en avant-première les appareils qui survoleront le ciel de Paris. Reportage.
Pour ce test en conditions réelles, l'armada d'avions et d'hélicoptères n'était pas au complet. Seuls les leaders et les adjoints des différentes formations - les pilotes responsables de l'allure et de la trajectoire de chaque groupe d'appareils - accompagnés de quelques équipiers étaient au rendez-vous. Ces derniers ont dû jouer la partition complète du défilé du 14-Juillet, à quelques avions près.
"Etre au bon endroit au bon moment"
Le signal de départ a été donné pour dix minutes de défilé. Quinze groupes d'avions, qui seront composés de trois à dix appareils le 14-Juillet, ont survolé la capitale depuis la Défense jusqu'à la place de la Concorde, où se trouvera la tribune présidentielle lors du défilé. Durant les cinq minutes suivantes, le ballet d'hélicoptères a suivi. Un quart d'heure millimétré à la seconde près depuis le poste de commandement.
Car la plus grande difficulté est "d'arriver à l'heure exacte sur la tribune de la Concorde". Le tout "dans un dispositif particulièrement dense", nous a précisé le général de division aérienne, en référence aux plus de 90 aéronefs qui fendront le ciel de Paris, ce vendredi.
"L'ordre de précision recherché est de trois secondes"
Il ne s'est passé que quelques secondes entre le passage de chaque groupe d'avions ou d'hélicoptères et la marge d'erreur est très faible. "L'ordre de précision recherché est de trois secondes", a insisté le lieutenant-colonel Jonathan. Le pilote qui sera à bord du rafale français, aux côtés des trois avions de chasse indiens et derrière la patrouille de France, nous a précisé toutefois que cette rigueur n'est pas une surprise puisqu'elle est demandée "quotidiennement pendant les entraînements".
Cette mécanique de précision repose aussi sur les contrôleurs aériens présents sur le toit de l'Arc de Triomphe le jour du défilé. Ce sont eux qui veillent au respect de l'heure de passage, qui correspond au moment où le président de la République s'assoit sur la tribune, et à la coordination des pilotes ainsi que de leur temps de vol. Le tout en s'assurant que la circulation aérienne très dense de Paris ne contrevienne pas au déroulé du défilé.
La météo peut tout changer le 14-Juillet
Les derniers hélicoptères semblaient avoir clôturé le défilé, quand quatre rafales ont fait la surprise de survoler à toute allure l'Arc de Triomphe en direction de la Concorde. Annoncés par le bruit de leurs moteurs avant d'être visibles, les appareils n'étaient pas un supplément au programme. Ils s'entraînaient pour pouvoir prendre la relève du défilé au pied levé en cas de mauvais temps le jour-J.
Rien n'est laissé au hasard pour le jour de la Fête nationale et si la rigueur des pilotes est déjà assurée, ce n'est pas le cas des conditions météorologiques. Pour être prête à toutes les éventualités, l'Armée de l'Air et de l'Espace a défini quatre cas de figure : du défilé complet, si le beau temps s'impose le jour du défilé, au passage en suivi de terrain des avions et hélicoptères, voire uniquement de quatre avions de chasse, si le plafond nuageux s'avère trop bas.
L'Armée de l'Air et de l'Espace a défini quatre cas de figure en fonction de la météo.
Ce passage à plus grande vitesse, qui est une technique de pénétration en opération extérieure, garantira "une présence de l'Armée de l'Air et de l'Espace si jamais il n'est pas possible de voir les avions" le 14-Juillet, explique le lieutenant-colonel Renaud, membre de l'état-major opérationnel.
Bonne nouvelle : la météo et les conditions de vol devraient être "très bonnes" ce vendredi à en croire le général de division aérienne Thierry Gouaichault, qui décidera de l'ajustement du programme vendredi matin. Reste à voir si les spécialistes météo seront de cet avis. C'est à eux que revient la charge de coordonner le défilé selon les conditions aérologiques : la visibilité, le vent et les plafonds nuageux, des détails qui font la différence lors du défilé.
Un passage à 550 km/h au-dessus des Champs-Elysées
Si les pilotes désignés pour participer au défilé aérien de cette journée connaissent leurs appareils avec précision, la formation aérienne prévue lors de la Fête nationale est un exercice de haut vol "qui se prépare comme une mission massive", d'après l'expérience du lieutenant-colonel Jonathan, pilote d'un rafale de la base de Mont-de-Marsan. Anticipation, précision, communication et sécurité… Le militaire, leader de son groupe lors du défilé, énumère les qualités requises pour le bon déroulé de l'événement : "C'est une orchestration très précise avec 90 appareils dans un tout petit volume et un temps restreint".
Après un vol de reconnaissance en hélicoptère au-dessus des Champs-Elysées, organisé début juin, les pilotes n'ont eu que deux répétitions : la première à Orléans dans les derniers jours de juin et la seconde le 11 juillet à Paris, donc, à l'altitude et la vitesse du vrai défilé, soit "environ 550 km/h" précise le lieutenant-colonel Jonathan. Aucun autre entraînement n'est prévu pour les pilotes, mis à part les vols quotidiens nécessitant autant de rigueur que le vol du 14 juillet.
"C'est au leader du groupe de faire évoluer la formation pour que tous les équipiers puissent arriver à la seconde près au-dessus de la tribune présidentielle."
Tous relèvent pourtant des particularités et des difficultés propres au défilé, à commencer par le respect strict et indispensable des trajectoires, compte-tenu du nombre d'appareils dans un tout petit espace aérien. Tout est une question de repères à prendre et d'adaptation avec les appareils de sa formation, indique le capitaine Adrien, pilote d'hélicoptère sur la base de Villacoublay, qui volera à bord d'un Fennec de l'Armée de l'Air et de l'Espace, ce vendredi 14 juillet.
Tous les pilotes n'ont pas l'habitude de voler ensemble avec leurs différents appareils et si le militaire rapporte son expérience à bord d'hélicoptère, la difficulté est la même pour tous : "Les hélicoptères ont des performances et vitesses différentes, c'est au leader du groupe de faire évoluer la formation de manière souple pour que tous les équipiers puissent rester en position stable et arriver à la seconde près au-dessus de la tribune présidentielle".
Une précision qui semblait au rendez-vous lors de la répétition générale au regard des visages satisfaits qu'affichaient les membres de l'état-major opérationnel. Des étoiles qui pourraient se retrouver dans les yeux des Français à la vue du fleuron de la flotte aérienne française dans le ciel de Paris, ce vendredi 14 juillet.