Guerre Inde-Pakistan : le cessez-le-feu ne serait pas respecté
- Un cessez-le-feu "immédiat et complet" entre l'Inde et le Pakistan a été annoncé par Donald Trump, sur son réseau Truth Social. Il a félicité les deux pays pour leur "intelligence". Cessez-le-feu accepté par les deux camps. Les deux parties avaient indiqué qu'elles acceptaient le cessez-le-feu, pourtant des frappes ont été signalées de part et d'autre.
- L'Inde et le Pakistan frôlaient la guerre ouverte. Chacun des deux pays ont mené des frappes dans l'autre depuis mercredi 7 mai. Ils se sont engagés dans leur pire confrontation militaire depuis des décennies. "L’Inde et le Pakistan se sont rapprochés d’une guerre ouverte", a estimé le New York Times.
- Samedi 10 au matin, Islamabad a mené une nouvelle série d'attaques, notamment par drone, contre plusieurs cibles militaires dans le nord-ouest de l'Inde, a affirmé New Delhi. Une riposte à une attaque indienne, a confirmé le Pakistan. Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a estimé que son pays avait "vengé les morts innocents" avec une "réponse adéquate".
- Selon les bilans officiels des deux pays, une soixante de personnes civiles sont mortes au Pakistan et en Inde à la suite des combats entre mercredi et samedi.
- L'Autorité pakistanaise de l'aviation avait annoncé qu'à la mi-journée de samedi (heure locale), et "jusqu'à dimanche 7 heures", l'espace aérien du Pakistan serait fermé, mais a fait marche arrière en le rouvrant après l'annonce du cessez-le-feu.
Pour comprendre les tenants et aboutissants de ces tensions, il faut revenir en arrière. En 1947, l'Inde s'est scindée durant ce qu'on appelle la "partition des Indes", formant les deux États actuels, Inde et Pakistan. Le premier a une population majoritairement hindoue, le second est à majorité musulmane. Depuis leur indépendance, les deux pays entretiennent des relations conflictuelles marquées par plusieurs guerres. Ils se partagent (avec la Chine) la région du Cachemire, très prisée et délimitée par une "ligne de contrôle". L'Inde comme le Pakistan revendiquent tous deux l'entièreté du territoire.
Au Cachemire, depuis les années 1980, des insurrections menées par des rebelles appellent à l'indépendance de la région, ou à son rattachement total au Pakistan. La zone disputée est en effet à majorité musulmane, comme son voisin. L'Inde accuse le Pakistan de soutenir ces mouvements séparatistes, "que New Delhi considère comme terroristes", explique au Parisien Olivier Da Lage, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Des pays munis de l'arme nucléaire
La situation au Cachemire est particulièrement tendue depuis quelques années. Depuis août 2019, le plan d’hindouisation du gouvernement indien a créé un climat de conflit extrême, en supprimant l’article 370 de la constitution indienne qui garantissait l’autonomie de l’État. L’Inde multiplie les projets immobiliers au Cachemire, les ONG font état depuis des années d'une répression continue contre les musulmans, avec des arrestations d’avocats, de journalistes et des détentions arbitraires. Les actes de terrorisme islamistes se multiplient par ailleurs, sans que le Pakistan n'agissent pour les arrêter.
Les tensions se sont ravivées le 22 avril lors de l'attentat de Pahalgam une commune de Jammu-et-Cachemire, territoire sous administration indienne. Mardi 29 avril, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a quasiment donné carte blanche à son armée, en lui donnant "liberté de décider des cibles, du moment et du mode de la riposte indienne à l'attaque" au Cachemire indien. Le Pakistan a affirmé quelques heures plus tard disposer "de renseignements crédibles selon lesquels l'Inde a l'intention de lancer une frappe militaire dans les prochaines 24 à 36 heures, en utilisant l'incident de Pahalgam comme prétexte". "Toute agression entraînera une riposte décisive. L'Inde sera pleinement responsable de toute conséquence grave dans la région", a ajouté le ministre pakistanais de l'Information, Attaullah Tarar, dans un post sur X.
Les menaces d'une guerre ouverte entre l'Inde et le Pakistan sont ainsi à leur paroxysme. Il faut cependant noter que les deux pays disposent de l'arme nucléaire, même s'il est encore peu probable qu'ils y aient recours.