Luis Tagle : qui est "le François asiatique", catholique "libéral" ?
Qui prendra la place du pape François à la tête de l'Eglise catholique ? Parmi les favoris figure le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, 67 ans. Il fait partie des quelques noms les plus cités ces derniers temps, que ce soit dans la presse ou par les bookmakers. Le "François asiatique", pourrait bien devenir le premier pape issu du continent asiatique de l'histoire.
Sur Polymarket, une plateforme de paris en ligne qui compile les prédictions sur l'issue du conclave, Luis Tagle figure parmi les cinq personnalités les plus fréquemment mentionnées comme successeur potentiel du pape. Toutefois, comme pour les autres "papabili", il convient de nuancer ces "chances" : les cotes reflètent les mises des parieurs, et non une véritable probabilité d’élection.
Luis Tagle, un catholique "libéral"
Né à Manille d'une mère chinoise et issu d'un milieu modeste, Luis Tagle est ordonné prêtre en 1982. Archevêque de Manille à partir de 2011, il est fait cardinal l'année suivante par Benoît XVI. En 2019, le pape François le nomme préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples. En 2022, le cardinal de 67 ans devient pro-préfet du dicastère pour l'évangélisation, un poste stratégique dans l'administration du Vatican. Surnommé le "François asiatique", le cardinal Tagle - qui parle couramment l'italien et l'anglais - est reconnu pour sa proximité idéologique avec le pape François : défense des pauvres, accueil des migrants, ouverture envers les personnes LGBTQ+ et les divorcés-remariés. Selon The Independent, il est perçu comme un "grand libéral". Son style chaleureux et ses émotions assumées – il a fondu en larmes lors du sommet de 2019 sur les abus sexuels dans l'Eglise – renforcent son image d'homme accessible.
Louis Tagle est aussi réputé pour "sa capacité à combler les divisions, que ce soit entre progressistes et conservateurs ou entre les centres traditionnels de l'Eglise en Europe et ses communautés en croissance rapide en Asie et en Afrique", selon le journal philippin Daily Tribune. Son engagement dans Caritas Internationalis (organisation caritative du Vatican) entre 2015 et 2022 lui a permis de renforcer son image de défenseur des plus démunis. Mais il a été aussi vivement critiqué. En novembre 2022, le Vatican a placé Caritas Internationalis sous tutelle, dénonçant une mauvaise gestion et un climat de travail délétère. Si le prélat n'a pas été directement mis en cause, son leadership a été remis en question.
La mission d'un pape ? Réunir les catholiques
Cette affaire, couplée à l'opposition des conservateurs, avait un peu terni l'image du Philippin, comme le détaille Tribune Chrétienne. Les traditionnalistes, minoritaires mais très audibles, redoutent avec Luis Tagle la continuité d'un pontificat jugé trop progressiste, notamment sur des sujets sensibles comme la synodalité ou l'ouverture à certaines évolutions doctrinales. Certains théologiens jugent son discours trop social, au détriment de la doctrine. Le Philippin ne peut d'ailleurs pas compter sur des affinités solides dans les puissants diocèses européens et latino-américains, qui pourrait également pénaliser son travail de pape. Sera-t-il capable de réconcilier les différentes sensibilités du catholicisme ? Il s'agit sans doute la première mission d'un pape. Représentant le plus connu du catholicisme asiatique, il avait déjà été pressenti lors du conclave de 2013.
19:03 - Des voix ecclésiastiques philippins appellent à la retenue autour du cardinal Tagle
Le père Jérôme Secillano, directeur exécutif de la Commission épiscopale des communications sociales de la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP), a appelé à la prudence concernant les spéculations sur une possible élection du cardinal Luis Antonio Tagle au pontificat, quelques jours seulement après la mort du pape François. Interrogé par Radio Veritas et cité par The Manila Times, il a déclaré : "il n’est pas prudent pour le public de promouvoir le cardinal Tagle comme prochain pape, car cela pourrait donner l’impression que le conclave est influencé par des pressions extérieures." Le père Secillano a rappelé l’importance de respecter l’indépendance des cardinaux électeurs, et invité à simplement "prier pour le cardinal Tagle et les autres électeurs". De son côté, le cardinal Pablo Virgilio David, président de la CBCP, a rappellé aux fidèles philippins désireux d’un pape "kababayan" (compatriote), le proverbe italien selon lequel les cardinaux les plus susceptibles d'être élus ne le sont généralement pas.
18:59 - Les pas de danse du cardinal Tagle cartonne sur les réseaux sociaux
Les vidéos de danse du cardinal philippin Luis Antonio Tagle cumulent des milliers de vues sur les réseaux sociaux. Le 17 février, une séquence partagée sur X et puis rapidement reprise par de nombreux comptes, le montre en habits liturgiques, dansant devant l’autel sur un chant religieux, sous les encouragements d’une foule visiblement enthousiaste, rapporte La Dépêche. À l’aise face aux caméras, ce n’est pas une première pour le cardinal philippin : en janvier 2018, une autre vidéo le montrait exécutant la "danse du Sinulog" à la fin d’une messe dans la chapelle Greenbelt aux Philippines. Ce rituel traditionnel consiste à faire deux pas en avant, un pas en arrière, au rythme des percussions.
18:56 - Luis Tagle, un cardinal 2.0
Parmi les cardinaux cités comme successeurs possibles du pape François, le Philippin Luis Antonio Tagle se démarque par sa présence active sur les réseaux sociaux. Il possède une page Facebook certifiée qui rassemble plus de 639 000 abonnés. Il y partage des vidéos issues de sa chaîne YouTube où il dispense notamment des cours de catéchisme. Sur la plateforme X (anciennement Twitter), la plus fréquentée par les cardinaux électeurs selon la société d’analyse Arcadia, le cardinal Tagle a été mentionné environ 149 000 fois entre le 21 et le 23 avril, rapporte Il Mattino.
11:48 - Luis Tagle, une figure clé de l’engagement catholique pour le climat
Lors d'une réunion privée à l'occasion de la visite du pape François aux Philippines en janvier 2015, le cardinal Luis Antonio Tagle a remis au souverain pontife une déclaration de foi et de mission au nom d’un réseau catholique en pleine émergence : le Global Catholic Climate Movement. Soutenu par plusieurs organisations, ce mouvement — dont Tagle est le parrain — a officiellement vu le jour à cette occasion. Devenu en 2021 le Mouvement Laudato Si’, il vise à “inspirer et mobiliser la communauté catholique pour prendre soin de notre maison commune et parvenir à une justice climatique et écologique”.
Ce moment fort s’inscrivait dans un contexte douloureux pour les Philippines, encore marquées par le passage du typhon Haiyan, l’une des catastrophes naturelles les plus meurtrières du pays, ayant fait plus de 6 000 morts. Le 18 janvier, près de sept millions de fidèles se sont rassemblés à Manille pour une messe en plein air célébrée par le pape François — un événement qualifié par le Vatican de “plus grand rassemblement de l’histoire de la papauté”.