Des professeurs plus nombreux malgré la suppression de 4 000 postes : l'explication du ministre du Budget

Des professeurs plus nombreux malgré la suppression de 4 000 postes : l'explication du ministre du Budget 4 000 postes d'enseignants vont être supprimés à la rentrée 2025 pour respecter le budget présenté par le gouvernement. Pourtant, le ministre du Budget assure "augmenter le nombre de professeurs par rapport au nombre d'élèves".

L'Education nationale reste le premier pôle de dépenses de l'Etat, mais c'est aussi le ministère qui va devoir le plus tailler dans ses effectifs. Le projet de loi de finances de 2025 présenté par le gouvernement de Michel Barnier le jeudi 10 octobre n'a pas plu aux acteurs du secteur, en particulier aux syndicats d'enseignants qui ont surtout retenu l'annonce de la coupe des effectifs : 2 000 postes en moins pour l'Education nationale. Le ministère va supporter à lui seul la quasi totalité des 2 201 suppressions d'emplois prévues au sein des services et opérateurs de l'Etat.

Mais les suppressions s'annoncent plus importantes dans les rangs des professeurs, car 4 000 postes d'enseignants vont être supprimés pour la rentrée 2025. Si le ministère est habitué à voir le nombre de postes ouverts se réduire ces dernières années, il s'agit d'une des coupes les plus importantes : 2 500 emplois ont été supprimés en 2024, soit moitié moins, 1 500 en 2023 et 2 000 en 2022. Ces coupes d'effectifs étaient déjà dénoncées par les syndicats, d'où leur colère aux annonces des ministres de l'Economie et du Budget.

L'immense majorité des suppressions de postes pèsera sur les établissements publics du premier degré, à savoir les maternelle et les écoles primaires avec 3 155 enseignants en moins selon le détail donné par le ministère de l'Education. Dans les collèges et lycées publics, 180 postes seront supprimés. En ce qui concerne les établissements privés, ils perdront 660 postes dans le premier degré et 40 pour le second degré.

Moins de postes mais plus des profs promet Laurent Saint-Martin

La suppression des postes d'enseignants, qui intervient dans une logique générale de baisse des dépenses de l'Etat pour limiter le déficit public à 5% en 2025, surprend. Le gouvernement annonce supprimer 4 000 postes alors que le nombre de professeurs recrutés est déjà insuffisant. Selon les données du ministère de l'Education au moins 3 600 enseignants manquent à l'appel pour répondre aux besoins dans les écoles, les collèges et les lycées cette année. D'ailleurs, un établissement scolaire sur deux déclare manquer d'au moins un professeur.

Les précédents gouvernements, menés par Elisabeth Borne et Gabriel Attal, répétaient et assuraient pourtant avant la rentrée de 2024 qu'il y aurait un prof devant chaque classe cette année. L'objectif n'a pas été tenu, et il parait difficile à tenir pour l'année prochaine avec plusieurs milliers de postes en moins. Pourtant le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, assure sur RTL qu'il tend à cet objectif et que les suppressions de postes n'y contreviennent pas.

La fermeture de 4 000 postes d'enseignants seraient, au contraire, justifiée par des une raison démographique :  la "baisse du nombre d'élèves qui devrait s'accélérer avec 97 000 élèves en moins à la rentrée 2025". Le ministre assure d'ailleurs sur RTL que ces suppressions ne sont pas synonymes d'austérité mais permettront tout de même un "meilleur taux d'encadrement" et "le renforcement de la présence des professeurs devant les élèves". Comment l'explique-t-il ? Par "l'augmentation du nombre de professeurs par rapport à la réalité du nombre d'élèves estimé". Laurent Saint-Martin soutient que jusqu'à 4 800 emplois d'enseignants auraient pu être supprimés tout en permettant d'assurer les besoins de la rentrée 2025.

Moins d'enseignants, mais plus d'AESH

Si 4 000 emplois d'enseignants sont supprimés, comment le gouvernement peut-il annoncer la suppression de "seulement" 2 000 postes ? Parce qu'il compense la suppression des postes de professeurs avec l'ouverture de 2 000 postes d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH). Ces personnels sont censés permettre la meilleure inclusion et prise en charge des élèves en situation de handicap, et eux non plus ne sont pas assez nombreux selon les professionnels du secteur. Mais à la différence des professeurs, les postes d'AESH ont tendance à être augmentés ces dernières années, 3 000 postes supplémentaires ont été ouverts pour la rentrée 2024 selon la secrétaire générale de l'Unsa-Education, interrogée sur Franceinfo le vendredi 11 octobre.

Une compensation donc. Reste que les AESH ne peuvent remplacer des professeurs et que cette annonce n'enlève rien à la colère des syndicats d'enseignants. Il s'agit d'un "sabordage de l'école publique" pour Guislaine David, la secrétaire générale du premier syndicat représentant les professeurs de maternelle et de primaire. "Mais où est la priorité donnée à l'école ?", questionne la syndicaliste sur X. La colère est partagée par les enseignants de collèges et de lycées. La secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, dénonce sur le réseau social "une véritable saignée" et une politique "indigne et irresponsable".