Un espion algérien à Bercy ? Une mission très spéciale pour aider le président

Un espion algérien à Bercy ? Une mission très spéciale pour aider le président Un fonctionnaire du ministère de l'Economie, soupçonné d'avoir transmis des informations confidentielles aux renseignements algériens, a été mis en examen. Il aurait été utilisé pour lutter contre les opposants au régime.

C'est une affaire qui ne risque pas d'apaiser les relations, très tendues, entre la France et l'Algérie. Un fonctionnaire travaillant au ministère de l'Economie et des Finances a été mis en examen le 19 décembre dernier pour des faits relevant de l'espionnage, dont "intelligence avec une puissance étrangère" et "livraison à une puissance étrangère d'informations portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation", a révélé Le Parisien, le mercredi 12 mars 2025.

Depuis placé sous contrôle judiciaire, le suspect est un homme âgé de 56 ans et ayant la double nationalité franco-algérienne. Officiant en tant que chef de secteur à la sous-direction du numérique de l'Administration centrale (SDNAC) du ministère de l'Économie, il est soupçonné d'avoir fourni des informations confidentielles, auxquelles il avait accès de par sa fonction, à un membre des services de renseignement extérieur de l'Algérie (DDSE).

Les informations communiquées se résument essentiellement à des précisions sur l'identité, la localisation et la situation de ressortissants algériens présents en France. La plupart des personnes ciblées sont des opposants au régime du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, souligne le journal francilien : des politiques, des journalistes ou encore des "influenceurs" ayant une aura sur la diaspora algérienne. D'autres cibles de ces manœuvres d'espionnage sont deux Algériens sous mandat d'arrêt international pour terrorisme, une autre personne ayant porté plainte comme un haut gradé algérien ou encore des réfugiés complète l'AFP. Ces individus ont, pour certains, été "victimes de violences, de menaces de mort ou de tentative d'enlèvement" selon une source proche de l'enquête au Parisien, mais aucun lien n'a pu être clairement établi entre ces événements et les mesures d'espionnage.

Une aide dans la lutte contre les opposants au régime

Non seulement de fournir des informations internes au ministère de l'Economie, le fonctionnaire de Bercy a également transmis des informations confidentielles venant de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), un organisme affilié au ministère de l'Intérieur. Ces précisions portaient sur "la situation personnelle ou administrative" de ressortissants algériens espionnés, certains étant demandeurs d'asile ou de titres de séjour en France. Des informations susceptibles d'intéresser le régime algérien, notamment les services de renseignement et de sécurité, alors que plusieurs actions ont déjà été menées contre des opposants à Abdelmadjid Tebboune. Certaines relèvent directement des services de l'Etat comme l'incarcération de l'écrivain critique du régime Boualem Sansal. D'autres semblent être à l'initiative de fervents partisans du président algérien, comme les appels à la violence à l'égard des opposants au pouvoir relayés par des influenceurs algériens résidant en France, à l'instar de "Doualemn" ou de "Zazou Yassef" qui ont été condamnés par la justice française.

Les faits d'espionnage sont déjà retenus contre le fonctionnaire de Bercy, mais les investigations n'ont pas encore permis de démontrer que les informations envoyées à l'espion algérien étaient classifiées. Le parquet n'a dont pas retenu, pour l'heure, le chef de "soustraction du secret de la défense nationale" contre le suspect. Reste que les informations transmises sont de nature confidentielle.

Une complice interpellée, un espion algérien protégé

Si le fonctionnaire travaillant à Bercy a été interpellé et mis en examen, il n'est pas le seul. Une femme de 46 ans, employée comme assistante sociale à l'OFFI et entretenant une relation intime avec le suspect, a également été arrêtée et mise en examen pour "violation du secret professionnel" le 7 février dernier. Elle est suspectée d'avoir fourni les informations de l'OFFI à son ami qui les transmettait ensuite à son contact des renseignements algériens.

Ce dernier aussi a pu être identifié : il s'agit d'un membre de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure qui travaille officiellement comme chargé de mission au consulat d'Algérie en France. Une "couverture diplomatique" qui le protège et l'empêche d'être interpellé. Selon les pistes, il aurait réussi à obtenir la coopération du fonctionnaire de Bercy en utilisant différentes techniques, dont l'intimidation, la manipulation et l'affect patriotique.